Objectif : Permettre à (presque) tous d’avoir internet d’ici 2024
Le conseil général du Loiret investit ; 139 sous-répartiteurs vont être remplacés dans le Loiret pour booster les connexions internet. Cela suffira-t-il ? C’est bien la question.
En 2015, l’accès à internet est toujours très précaire dans les campagnes. A l’heure où le gouvernement souhaite garantir le très haut débit pour tous et où les opérateurs se lancent dans la 4G, certains ne bénéficient même pas d’un accès internet bas débit…
Toutefois, il semblerait que le conseil général du Loiret soit conscient de la pauvreté du réseau internet dans les campagnes. Désormais, comme nous le précise Xavier Gambillon, chargé de mission autour de l’aménagement du territoire au conseil général du Loiret, «Nous sommes motivés pour prendre le taureau par les cornes !» Le conseil général du Loiret mène depuis plusieurs années une politique en faveur des nouvelles technologies et Xavier Gambillon nous confirme que le département est un des plus « actifs » en la matière… alors pourquoi reste-t-il encore beaucoup de zones blanches ?
2004 : Loi pour la confiance dans l’économie numérique
Œuvrer sur le réseau est un travail de longue haleine. En 2003, une étude a été menée sur les besoins en télécommunication dans le département. Elle a montré une réelle carence d’infrastructures sur le territoire et l’absence d’offres alternatives en matière de télécommunication. Suite à la promulgation de la loi du 21 juin 2004 «loi pour la confiance dans l’économie numérique » le conseil général a mis en place «une infrastructure de télécommunications à haut débit, en vue de corriger les disparités d’aménagement et d’assurer la cohésion et le développement harmonieux du territoire départemental»
Ce nouveau cadre législatif offrait au département la possibilité d’atteindre plusieurs objectifs :
- Mettre en place les conditions d’une distribution départementale.
- Desservir les zones artisanales d’intérêt départemental avec une offre de services à très haut débit.
- Veiller à un aménagement équilibré du territoire.
- Permettre aux entreprises existantes et à la population de disposer de services innovants aux meilleurs prix.
- Rendre le territoire attractif à l’implantation de nouvelles entreprises.
C’est ainsi que le projet Medialys est né. Un accord entre le conseil général et SFR collectivités. Le département du Loiret s’est ainsi engagé dans le combat contre la fracture numérique en confiant à l’opérateur SFR collectivités, dans le cadre d’une délégation de service public prévue par le gouvernement, la responsabilité de construire et d’exploiter un réseau de télécommunications haut débit départemental.
Cette délégation de service public d’une durée de 20 ans doit permettre à tous, particuliers et professionnels d’accéder au réseau haut débit avec des conditions identiques, même débit, même prix pour tous… Plus de différences … enfin sur le papier !
Après avoir construit le réseau, Medialys le loue aux Fournisseurs d’Accès Internet (FAI) et aux opérateurs de télécommunications, à des tarifs attractifs, qui proposent ensuite leurs offres aux particuliers et aux professionnels du département. Grâce à ce premier pas, sur les 325 000 foyers du Loiret, près de 70 000 utilisent le réseau Medialys pour accéder aux meilleures offres haut débit soit 22 % de la population concernée.
10 ans de déploiement, 2000 Km de fibre optique
Mais Medialys n’était pas suffisant. Des travaux sont encore nécessaires. C’est pourquoi, cette année, depuis le 6 février, le conseil général s’est lancé dans un travail de restauration avec pour objectif : obtenir une zone en très haut débit pour être très attractif économiquement.
« Ce sont 10 ans de déploiement et 2000 km de fibre optique tirée d’ici 2024 » affirme Xavier Gambillon. Ceci doit contribuer au maintien de l’activité du territoire. Toutefois, le conseil général ne veut pas laisser de côté les zones peu couvertes et a décliné un programme de travail en 48 zones.
Comment ? Une montée en débit en remplaçant les 139 sous-répartiteurs par des répartiteurs téléphoniques, en installant la fibre optique du répartiteur au sous-répartiteur. Le Conseil Général a fait une étude et a répertorié 139 répartiteurs en « difficultés » dans les zones fortement rurales.
Déploiement du très haut débit, explications
Dans le cadre de son schéma directeur d’aménagement numérique adopté en 2009, le département du Loiret a lancé son projet de déploiement du Très Haut Débit (THD) sur l’ensemble de son territoire. Les objectifs sont de desservir les zones d’activités économiques mais aussi de desservir l’ensemble des communes du Loiret par un point de présence optique. La fibre optique permet d’améliorer la qualité de l’accès internet sur des zones où celle-ci est insuffisante.
A termes, le conseil général espère couvrir 99,2 % des lignes éligibles à un débit de 2 Mbit au moins. Pour les 0,8 % restants ? On n’en parle pas… Et pour les lignes éligibles à un débit inférieur à 2 Mbits non plus. Pourtant ce chiffre est courant en milieu rural !
«Nous sommes conscients que la fibre optique n’est pas envisageable pour tout le monde. Toutefois, on va s’en servir quand même. On veut desservir des zones plus rurales pour qu’elles puissent obtenir un débit suffisant et pérenne» explique Xavier Gambillon.
Double peine pour les zones rurales !
Pas de haut débit, qualité d’internet médiocre et une couverture mobile insuffisante aussi… «Vivre en campagne, c’est donc se couper totalement du monde… ?»
Les opérateurs mènent des expériences en utilisant les réseaux mobiles existants et en utilisant la 4G pour amener le haut voire le très haut débit. «Ce sont des évolutions technologiques qui vont apporter des solutions à mon sens. L’expérimentation a été réalisée dans des zones très rurales. Les opérateurs y trouvent un intérêt c’est pour ça qu’ils s’y intéressent » «Il faut savoir qu’un seul répartiteur peut desservir une ou plusieurs communes. Forcément, plus votre point d’accès est loin du répartiteur ou du sous répartiteur, plus votre connexion a de chemin à faire. C’est pourquoi la qualité s’en ressent. En changeant les sous répartiteurs pour qu’ils deviennent des répartiteurs on gagnera quelques kilomètres. Les sous répartiteurs qui sont raccrochés seront donc supprimés pour être remplacé par des répartiteurs. Grâce à l’opération du conseil Général, la liaison entre le répartiteur et le nouveau répartiteur (remplacement du sous répartiteur) sera faite par la fibre optique. Ainsi la qualité et l’accès internet sera meilleur» tente de nous expliquer Xavier Gambillon.
48 communes du Loiret traitées en priorité
«Tout ça, ça prend du temps. Toutes les opérations seront étalées sur 10 ans. Des communes sur des zones blanches seront traitées en priorité dans les 24 mois à venir. A l’échelle 2016, on traitera les semi prioritaires, en 2020 on s’attaquera au moins prioritaires. C’est difficile de définir un planning précis. Depuis le 6 février on travaille avec SFR et les collectivités pour finaliser l’état du réseau dans 10 ans. Dans le Loiret il y a 48 communes que l’on a jugé prioritaires. Les travaux vont courir jusqu’en 2016 pour ces communes là» poursuit Xavier Gambillon.
Isabelle Simon, déléguée régionale SFR précise «SFR est engagé dans un plan de très haut débit en fixe (fibre) et en 4G mobile. Le Loiret est assez compétent en la matière et surtout actif. Le département a pris une initiative publique. SFR a été choisit pour compléter la couverture en très haut débit. Le but est d’obtenir une couverture plus harmonieuse.»
«Nous nous assurerons que les objectifs du contrat soient respectés. C’est la priorité au déploiement pas à la communication. Notre objectif est de mieux raccorder les zones faibles. Le conseil général se mobilise concrètement sur ce sujet pour avoir une autre option que le satellite, qui est parfois onéreux. Mais il faut aussi apporter du très haut débit pour les entreprises qui en ont besoin. On recherche une certaine homogénéité» conclut le chargé de mission autour de l’aménagement du territoire au conseil général du Loiret.
168 000 000 € investit sur 10 ans
Le conseil général semble être conscient que de nombreuses zones sont mal desservies. C’est pourquoi, 168 Millions d’euros sur 10 ans ont été investit pour «irriguer» les zones économiques. C’est un coût important. Malgré cela, il y aura toujours des zones blanches. Et seul le satellite pourra être l’alternative et ce malgré ses faiblesses.
En ce qui concerne le satellite, «le conseil général apporte aussi son soutien. Une subvention de 250 € est attribuée pour l’installation d’une parabole peu importe le fournisseur. Il faut néanmoins que l’antenne soit installée par un spécialiste»
Le satellite peut être une alternative pour pallier aux problèmes d’accès à internet, mais cela implique un investissement important pour l’agriculteur ou le résident en zone blanche. Cela signifie donc que l’égalité ne sera toujours pas respectée entre les zones urbaines et les zones très rurales…