"Nous assurons la continuité de l’activité durant cette période difficile"
Le directeur de la Coopérative agricole des producteurs du Gâtinais (Caproga), à Montargis, répond à nos questions sur la situation actuelle de sa société.
Comment fonctionne la Caproga en période de confinement ?
Sébastien Marty : Dès le début de la crise, nous avons mis en place les mesures barrières préconisées par le gouvernement : distanciation sociale, distribution de gel hydroalcoolique sur tous les sites, mise en place de parois en plexiglas sur les zones de passage, télétravail pour toutes les personnes qui le peuvent. Des gants et des masques en tissu anti-projection ont également été distribués aux salariés dès que nous avons été en mesure d’en commander. Nous gardons le contact et le suivi terrain via le téléphone et les visioconférences. Toutes nos équipes sont mobilisées pour continuer de fournir à nos adhérents les produits et conseils dont ils ont besoin.
L’activité de la coopérative suit-elle son cours ?
L’opérationnel continue. À ce jour, les salariés sont très impliqués, l'absentéisme est faible au regard de la situation, je pense notamment aux contraintes liées à la garde des enfants. Tous nos sites sont ouverts et ont une activité quasi-normale. Le moulin n’est, pour le moment, que peu impacté pas la baisse des volumes. Enfin, nous avons connu en début de crise des difficultés logistiques qui semblent être en voie d’amélioration, mais la situation du fret reste très fragile.
Des inquiétudes ?
Oui bien sûr, cette situation engendre des baisses de consommation de certains produits. Je pense notamment aux secteurs de la malterie et de la boulangerie qui sont fortement impactés. Les besoins en matières premières de certains de nos clients sont révisés à la baisse, l’orge est particulièrement touchée. L’avenir étant plus qu’incertain, nous sommes dans l’obligation de réagir au jour le jour en fonction de l’évolution de la pandémie et de ses conséquences. L’inquiétude est d’autant plus forte que la prochaine moisson approche et que nous devons impérativement vider nos silos pour préparer cette prochaine étape clé pour la coopérative.
Quel est l’état d’esprit de vos adhérents ?
Les adhérents ont été très inquiets car le début du confinement coïncidait avec le redémarrage des travaux dans les champs. La coopérative a œuvré pour que tout se passe au mieux, dans des conditions acceptables, tout en veillant au respect des gestes barrières. Les agriculteurs ont conscience des risques et sont prudents. Néanmoins, la question est posée quant à la gestion de la prochaine moisson si la période de confinement était prolongée jusqu’en juillet.
Voyez-vous un point positif à cette crise ?
Difficile de positiver dans une telle situation mais cette crise a au moins permis de remettre l’église au milieu du village ! Les citoyens ont pris conscience de l’importance de l’agriculture et de tout ce qui gravite autour. Toute la chaîne agroalimentaire est stratégique pour notre pays. Et malheureusement, bon nombre de personnes avait un peu tendance à l’oublier avec l'agribashing ambiant.
Comment s’annonce la récolte ?
Au vu des conditions climatiques, la récolte 2020 s’annonce décevante. La qualité des semis a été très affectée par l’excès de pluie à l’automne, puis un temps trop sec pour les semis de printemps.
Propos recueillis par Doriane Mantez