Récoltes
Moissons, fourrages, viticulture… Philippe Noyau fait le point
Quel portrait peut-on dresser de la campagne 2023/2024 en région Centre-Val de Loire ? Le point avec Philippe Noyau, président de la chambre régionale d'Agriculture.
Quel portrait peut-on dresser de la campagne 2023/2024 en région Centre-Val de Loire ? Le point avec Philippe Noyau, président de la chambre régionale d'Agriculture.
Quel bilan peut-on tirer de la campagne 2023/2024 des céréales d'hiver en Centre-Val de Loire ? Philippe Noyau, président de la chambre d'Agriculture de région Centre-Val de Loire, dresse un premier bilan.
D'une façon générale, cette campagne restera médiocre. « La région perd 25 % de son volume de céréales d'hiver (blé tendre, blé dur, orge d'hiver) récolté. Cette perte est liée à la baisse de rendement causée par les conditions climatiques et aux surfaces non emblavées », explique Philippe Noyau.
Écarts notables entre localités et cultures
L'un des premiers enseignements de cette récolte sont les écarts notables d'un secteur à l'autre. En blé tendre, la moyenne est de 62 q/ha, allant de 30 à 75 q/ha. Les écarts sont très importants entre les petites régions.
En colza, à surface égale, les rendements chutent de 20 %, la moyenne est de 24 q/ha (moyenne habituelle : 30 q/ha). « L'humidité a causé le pourrissement des racines en parcelles hydromorphes et des petits grains. Ainsi, l'écart est important selon les petites régions et le type de sol », souligne-t-il.
Pour les filières spécifiques, les blés améliorants connaissent des rendements très faibles, à 30 q/ha. Le blé dur est en moyenne à 35 q/ha. Les orges de printemps semées d'hiver sont passées au travers des aléas, les rendements sont corrects.
Les pois d'hiver ont souffert des attaques de mildiou au printemps, avec une récolte de 0 à 15 q/ha au lieu des 40 à 45 q/ha habituellement. Les pois de printemps ont de meilleurs rendements, avec 30 à 60 q/ha.
Report sur les cultures de printemps
« Beaucoup d'agriculteurs ont fait un report sur les cultures de printemps à défaut de pouvoir semer l'hiver. Ces dernières ne sont pas encore récoltées, les dates de récolte seront variables selon les dates de semis. Il y a de beaux millets en place, reste à récolter. On s’interroge sur tout ce qui a été semé tard : maïs, millet, tournesol. Il risque d'y avoir des frais de séchage pour ces cultures », s'inquiète le président de la Chambre.
Les pommes de terre sont correctes mais « reste à voir les volumes, estimés en retrait de 5 à 7 % à cause du mildiou. C'était compliqué à gérer au niveau maladies, détaille Philippe Noyau. Les betteraves s'annoncent plutôt bonnes, malgré un retard au niveau des semis. La conjoncture est plutôt favorable sur cette culture ».
Les pertes pour les cultures récoltées de 300 à 400 e/ha
Côté économie, les cours des céréales ne montent pas alors que les charges sont élevées. « Ils sont tirés vers le bas par la concurrence de l'Ukraine et de la Russie. Globalement, il va manquer 300 à 400 euros par hectare sur ces cultures », s'inquiète-t-il.
Viticulture : une année difficile
En viticulture, les vignes ont souffert du gel, de la grêle et de la pluviométrie qui ont rendu les maladies incontrôlables. Les vendanges s'annoncent un peu plus tardives que ces dernières années. Cependant, « les quelques dernières pluies engendrent une pourriture sur le raisin juste avant la récolte. Cela s'ajoute à un marché qui n'est pas porteur en ce moment… », pointe le président.
Des fourrages en quantité, une qualité médiocre
Du côté des éleveurs, entre pluie et problème de portance des sols, la saison n'a pas été de tout repos. « Les fourrages sont en quantité mais la qualité pose problème. Les maïs fourrages sont sur pied, tant qu'ils n'auront pas été récoltés, il restera une incertitude sur la date de récolte et la qualité », détaille Philippe Noyau.
L'inquiétude est grande au niveau sanitaire pour la Fièvre catarrhale ovine (FCO) et la Maladie hémorragique épizootique (MHE). « Pour le moment la région Centre est au milieu des deux foyers, le risque est fort. Nous souhaitons que les cheptels soient vaccinés au maximum », souligne-t-il.
Philippe Noyau espère un « automne sain » au niveau météorologique pour permettre de récolter les cultures de printemps et d'emblaver les cultures d'hiver dans de bonnes conditions.