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Moisson : une année correcte mais marquée par de fortes hétérogénéités

La moisson bat son plein en Île-de-France et devrait s'achever d'ici le début de semaine prochaine sur l'ensemble du territoire. Cette campagne 2023 se révèle correcte mais marquée par de fortes hétérogénéités.

«Hétérogène ». S'il fallait un qualificatif pour résumer cette récolte 2023, c'est sans nul doute celui qu'il faudrait retenir. Une nouvelle fois plutôt précoce, la moisson 2023 s'est enclenchée dès la fin juin dans la plupart des secteurs franciliens — avec d'ailleurs une récolte éclair pour les orges d'hiver.

Si les bons résultats observés dans cette culture ont fait espérer une moisson exceptionnelle, le blé, le colza, les orges de printemps et, pire encore, les pois font l'objet de quelques déceptions et surtout d'une importante hétérogénéité d'une exploitation à l'autre, d'une parcelle à l'autre et même au sein d'une même parcelle. En cause sans doute, le manque de précipitations depuis la mi-mai et les gros coups de chaud du mois de juin.

L'orge d'hiver satisfaisant partout

La récolte des orges d'hiver est achevée sur l'ensemble du territoire et globalement, les collecteurs s'accordent sur une récolte « satisfaisante » avec des rendements qui s'échelonnent de 60 à 100 quintaux/hectare selon les territoires. À noter les très bons résultats du territoire couvert par Valfrance en Seine-et-Marne qui fait état d'un volume de collecte « supérieur de 30 % à l'attendu », précise le directeur, Laurent Vittoz. Chez Agora, présent dans le Val-d'Oise, le constat est similaire avec une moyenne qui s'établit à environ 10 q/ha de plus que la moyenne de la coopérative. Pour cette culture, les critères de qualité donnent satisfaction chez l'ensemble des collecteurs malgré un calibrage hétérogène. « Cela va de 30 à 98 % », a notamment observé le directeur de la coopérative Île-de-France sud, Sébastien Ciezki.

Le colza recule par rapport à l'an dernier

Le colza avait été la belle surprise de la campagne 2022, il apporte globalement des déceptions cette année. L'ensemble des volumes n'a pas encore été collecté mais les moyennes de rendements s'établissent pour le moment aux alentours de 30 q/ha sur l'ensemble du territoire. La faute à « un manque de lumière à la floraison qui s'est achevée trop vite et au coup de chaud au moment du remplissage », note Sébastien Piaud de la Coopérative de Beton-Bazoches. Les taux d'humidité et teneur en huile sont en revanche conformes aux attendus sur tout le territoire.

Le blé décroche malgré le potentiel prometteur

Le potentiel prometteur des blés observés tout au long du cycle laisse place là aussi à quelques déceptions malgré une collecte largement dans la moyenne. Les rendements sont une fois de plus particulièrement hétérogènes allant de 50 q à plus de 100 q/ha selon les territoires. « On observe même des disparités de 15 à 20 q/ha dans une même parcelle », note le directeur de Sevépi, Aurélien Caurier. Les critères de qualité sont, eux, au rendez-vous « avec des PS aux alentours de 78 et des protéines à 11,4 de moyenne », détaille Baptiste Blanche, conseiller achat céréales chez Cérèsia. Les collecteurs soulignent l'efficience du troisième apport d'azote.

Déconvenues dans l'orge de printemps et les pois

L'hétérogénéité est aussi au rendez-vous dans les orges de printemps avec des rendements allant de 50 à 80 q/ha et des qualités médiocres, notamment des calibrages bas, qui ont contraint certains collecteurs à déclasser d'importants volumes. « Semés d'hiver, les calibrages oscillent entre 65 et 70 %, et semés de printemps, ils peinent à atteindre 65 % et pour certains sont en dessous de 40 », confirme Jérôme Boisgard, animateur filières chez Terres Bocage Gâtinais.

Enfin, les pois resteront comme la véritable catastrophe de cette campagne 2023 avec des rendements qui oscillent entre 20 et 35 q/ha sur l'ensemble du territoire, faisant craindre pour l'avenir de la filière. « La culture est encouragée par la Pac pour gagner des points d'éco-régime mais elle n'apporte cette année aucune rentabilité », soufflent les collecteurs.

Si les conditions météo se maintiennent, la récolte 2023 devrait s'achever sur l'ensemble du territoire d'ici la fin du week-end ou le début de semaine prochaine.

De multiples départs de feu à déplorer

Orge, blé et colza sont principalement exposés aux risques d'incendie.
Si la récolte 2022 n'avait pas été épargnée par les incendies, la campagne 2023 ne le sera pas non plus. Depuis les premiers jours de récolte fin juin, de très nombreux départs de feu sont à déplorer sur l'ensemble du territoire francilien avec, dans bon nombre de cas, des origines extérieurs aux travaux de moisson (mégots de cigarettes, feux d'artifice non autorisés, et même déclenchement d'origine criminelle…). À chaque fois, les services de secours et d'incendie ont pu venir à bout des flammes en seulement quelques heures, grâce notamment aux dispositifs « Feux de chaume » qui les lient aux agriculteurs dans chacun des départements, et qui permettent une collaboration structurée et rapide en cas de sinistre avec l'intervention notamment de déchaumeurs dans les parcelles. La solidarité agricole fonctionne à plein en cette période d'intense activité : à certains endroits, il a été observé jusqu'à dix déchaumeurs dans une même parcelle.
Parmi les incendies les plus marquants, 22 hectares ont été emportés le 3 juillet à Guernes (Yvelines), 40 hectares sont partis en fumée à Blandy (Essonne) le 8 juillet, sans compter le sinistre qui a touché Montgeroult et Cormeilles-en-Vexin (Val-d'Oise) le 11 juillet avec plus de 70 hectares concernés. Aussi, le 10 juillet, c'est à Béhoust (Yvelines) que 7 hectares de blé et de chaume ont brûlé (nos photos) sous les yeux d'Alexandre Lahaye, fils de l'agriculteur Nicolas Lahaye installé sur la commune. En Seine-et-Marne, plusieurs départs ont également eu lieu dans les secteurs de Château-Landon, La Chapelle-la-Reine, Nangis, Crécy-la-Chapelle et Lizy-sur-Ourcq. Tous ont rapidement été circonscrits.
 
Une convention « Feux de chaume » existe entre la profession agricole et les Sdis de Seine-et-Marne, des Yvelines, de l'Essonne et du Val-d'Oise.
Sur l'ensemble des incendies déclarés ces dernières semaines, des moyens agricoles sont venus en renfort.
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