Moisson en Île-de-France : démarrage difficile, rendements à la baisse
En Île-de-France, les épisodes pluvieux à répétition ont freiné le travail de moissonnage. Les orges d'hiver montrent des rendements décevants.
En Île-de-France, les épisodes pluvieux à répétition ont freiné le travail de moissonnage. Les orges d'hiver montrent des rendements décevants.
« Long », « poussif », « chaotique » : les agriculteurs et les responsables de collecte dans les coopératives ne mâchent pas leurs mots pour qualifier ce début de moisson. La faute aux pluies incessantes, qui ont en plus contribué au fort salissement des parcelles. Les orges ont néanmoins pu être récoltées, ainsi qu'une partie du colza. C'est désormais au tour des blés, dans des fenêtres météo qui commencent enfin à s'élargir.
Orge d'hiver, chute des rendements
De manière générale, si la qualité des orges d'hiver peut être au rendez-vous, les rendements, eux, sont très inférieurs à ceux de 2023. « Il manque 20 à 30 % de rendement, même sur les petites terres qui s'en sortent habituellement mieux dans de telles conditions météorologiques », résume Claire Pelletier, directrice opérationnelle chez Sevépi, dont le territoire couvre notamment le Mantois et le Vexin.
« Nous sommes à 12,9 de taux d'humidité, une teneur en protéines à 10,8 et un calibrage à 85, ce qui est plutôt bien, mais avec des rendements en baisse de 20 % », explique Jérôme Condamy, directeur de la coopérative Terres bocage gâtinais, basée à Château-Landon (Seine-et-Marne). Même constat du côté de Cérèsia. « Il y a une forte hétérogénéité selon les parcelles, qui demande un travail important d'allotement », souligne Baptiste Blanche, responsable de collecte. Chez Axéréal, on note également de forts écarts de rendement, pouvant varier de 4 à 8 tonnes par hectare.
Chez Agora, les rendements sont estimés entre 60 et 75 q/ha, même si toutes les parcelles n'ont pas encore été moissonnées. « C'est une baisse significative, comparée à 2023, qui avait été une année record pour l'orge », analyse Thomas Taldir, responsable céréales et logistique pour la coopérative présente notamment en Pays de France et dans le Vexin.
Chez Valfrance, 95 % des orges ont été récoltées, « les premiers lots avec des résultats assez faibles, les suivants, un peu meilleurs », explique Simon Verger, directeur du pôle aval de la coopérative, qui constate un gradient sud/nord sur son territoire, avec des rendements et une qualité plus satisfaisants des orges brassicoles au fur et à mesure que l'on remonte au nord.
Colza, des résultats hétérogènes
Les colzas ont pris la suite des orges, en particulier en deuxième partie de la semaine. « Nous nous acheminons vers un rendement supérieur à 30 q/ha. Plutôt correct », estime Jérôme Condamy. Si l'on table sur le même chiffre chez Valfrance, la déception est quand même présente, en comparaison d'une année 2023 où les rendements frôlaient les 38 q/ha.
Une forte hétérogénéité est constatée sur tous les territoires. Chez Axéréal, 60 % des colzas avaient été collectés en début de semaine avec des écarts de rendement pouvant varier de 2 à 3,5 tonnes par hectare. Certains lots nécessitaient d’être séchés. « Les premiers colzas étaient catastrophiques. Aujourd'hui, cela va un peu mieux. Nous avons des rendements qui varient entre 15 et 40 q/ha », note Pierre Lethuillier, responsable filière à la Coopérative Île-de-France sud. Des chiffres similaires sont avancés par la coopérative de Beton-Bazoches, au nord-est de la Seine-et-Marne, avec une inquiétude : « Les grains sont très petits, et nous nous interrogeons sur la future richesse en huile », souligne Sébastien Piaud, le responsable approvisionnement.
Pois d'hiver, le décrochage
La saison des pois d'hiver est, de l'avis de tous, « catastrophique », avec de nombreuses parcelles qui vont rester au sol. « D'habitude, nous avons des pois à cette période. Cette année, nous n'avons quasiment rien », déplore Simon Verger. « Nous avons perdu 50 % de surface », confirme Baptiste Blanche.
Blé, des débuts qui interrogent
Terres bocage gâtinais livre ses premiers chiffres en blé : un taux d'humidité de 14, une teneur en protéines de 11,8, un poids spécifique (PS) à 75. C'est d'ailleurs ce dernier critère qui semble retenir l'attention des experts. Chez Valfrance, « 2 à 3 % seulement du blé a été récolté, avec une très forte hétérogénéité, souligne Simon Verger. Si le taux d'humidité et la qualité sont corrects, le PS semble être un peu faible ». La coopérative seine-et-marnaise a projeté un taux de rendement à 73 q/ha, contre 88 q/ha l'année dernière. À la coopérative de Beton-Bazoches, les toutes premières parcelles récoltées avec des variétés touchées par la septoriose montrent des rendements inquiétants.
La fenêtre météo de ces derniers jours aura au moins permis aux agriculteurs de pouvoir avancer dans cette moisson décidément complexe. Nous ferons le point sur les résultats définitifs dans nos prochaines éditions.