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Récoltes
Moisson 2024 : pire que 2016

Les présidents des chambres d'Agriculture de Loir-et-Cher et de région Centre-Val de Loire ont fait le point, mardi 20 août, sur les moissons qui se sont achevées. Les rendements sont au plus bas, marqués par une pluviométrie record, un manque d'ensoleillement et des intempéries.

Mardi 20 août, à Blois. Philippe Noyau (à g.), président de la chambre d'Agriculture régionale et Arnaud Bessé, président de la chambre d'Agriculture de Loir-et-Cher dressent le bilan des moissons 2024.
Mardi 20 août, à Blois. Philippe Noyau (à g.), président de la chambre d'Agriculture régionale et Arnaud Bessé, président de la chambre d'Agriculture de Loir-et-Cher dressent le bilan des moissons 2024.
© C. Grosseuvres

Mardi 20 août, Arnaud Bessé, président de la chambre d'Agriculture de Loir-et-Cher et Philippe Noyau, président de la chambre d'Agriculture de région Centre-Val de Loire, ont dressé le bilan de la moisson 2024 en Loir-et-Cher. Sans suprise, la météo capricieuse a eu des conséquences significatives sur la moisson de l'année, impactant la quasi-totalité des productions. Cette moisson difficile s'ajoute à une moisson 2023 déjà âpre, qui avait fragilisé plus d'un tiers des exploitations du département.

La pluie en excès, du semis à la moisson

Il faut dire que les problèmes ont commencé dès l'emblavement à l'automne 2023 : les pluies incessantes n'ont pas permis l'implantation des cultures dans de bonnes conditions. S'en est suivi un printemps très humide assorti d'un manque d'ensoleillement, éloignant un peu plus des chances d'avoir une bonne récolte.

« Le contexte agricole n'est pas facile. Pour la plupart des agriculteurs, la moisson 2024 est pire que celle de 2016 qui était déjà très mauvaise. Et elle suit 2023 qui était déjà compliquée économiquement », souligne Arnaud Bessé.

La météo excécrable du 20 octobre à début juillet a un impact direct sur les rendements, en recul (voir détails dans l'encadré, NDLR). Les récoltes se sont étalées dans le temps, du fait des dates des semis différentes d'un secteur à l'autre. Du côté de la qualité, la situation est très aléatoire en fonction du salissement des parcelles, des types de sols, des variétés, des rendements. « La protéine est pratiquement bonne partout. Le grain pèse moins lourd. Les collecteurs vont trier, alloter et répondre à différents marchés », précisent les présidents.

L'ensemble des productions impacté

Peu de productions ont été épargnées par la météo. C'est le cas des fourrages, qui pâtissent des conditions de récolte, avec une diminution de la qualité au fur et à mesure des retards de fauche. La moisson de maïs ensilage s’annonce tardive. En sud Loire, les élevages caprins rencontrent de grandes difficultés du fait de sols plus fragiles, n’ayant pas permis de réaliser des fourrages en temps et en heure.

Les vignes quant à elles ont connu des problèmes de floraison et de maladies. Les vendanges s’annoncent très décevantes avec des récoltes proches de zéro pour certaines parcelles. Les apiculteurs ont collecté 10 % de leur volume habituel de miel. Les fruits et légumes accusent une baisse de récolte de 30 %. Seules les fraises ont une récolte correcte.

Les prix ne suivent pas

Outre de mauvais rendements, les prix des céréales et oléoprotéagineux sont bas. « Économiquement, ça ne passe pas, pointe Arnaud Bessé. C'est très préoccupant pour la ferme loir-et-chérienne. Un nombre d'agriculteurs est dans une situation inédite. Le cumul des mauvaises années diminue les réserves de trésorerie. Une partie des agriculteurs ne peut pas financer la nouvelle campagne avec les revenus de la précédente. »

Alors que les semis de colza ont déjà commencé, les achats d'approvisionnement démarrent aussi. « Dans certains cas, la moisson ne couvre pas toutes les charges de l'année en cours. Encore moins pour l'année suivante. C'est du cas par cas. Il faut accompagner les agriculteurs en difficulté, pour financer cette nouvelle campagne, et voir quelles sont les marges de manoeuvre », complète Philippe Noyau. Les agriculteurs qui rencontrent des difficultés peuvent faire appel aux dispositifs Aide agri et Passer le cap - réagir.

Demandes et mesures

Face à cette situation, la chambre d’Agriculture a demandé le déclenchement de l’ISN (indemnité de solidarité nationale) dès le mois de juin, bien avant les récoltes. Une réunion s’est tenue début août avec les services de la DDT pour fait remonter la situation aux services de l’État. « En juin, nous étions l’un des premiers départements à demander le déclenchement de l’ISN. D’autres mesures de soutien pourraient être mises en application dans les mois à venir. Le dégrèvement de la TFNB ainsi que l’avance d’une partie des aides Pac à la mi-octobre font partie des actions envisagées pour permettre à nos exploitants de démarrer une nouvelle année culturale », détaille Arnaud Bessé.

En l'attente d'un nouveau Gou­ver­ne­ment et d'un nouveau ministre de l'Agriculture, des réunions se tiennent à l'échelon régional et national. La Région a été alertée de l'ampleur de la situation par Philippe Noyau. « Nous avons un métier passionnant fait par des femmes et des hommes passionnés. Il faut aller chercher toutes les solutions pour passer le cap », concluent les présidents. 


Les rendements des moissons 2024

Moyennes du département sur les principales cultures :

  • Orge d’hiver : 55 q/ha au nord Loire, 45 q/ha au sud Loire. Le sud Loire a été plus fortement impacté par les variations climatiques que le nord Loire.
  • Orge de printemps semée d’automne : 60 q/ha. Les résultats sont meilleurs que ceux de l’orge d’hiver, entre 60 et 80 quintaux, avec une qualité correcte.
  • Colza : 22 q/ha. Développement de la plante impacté, les racines asphyxiées par excès d’eau. Des disparités de rendement selon le secteur géographique (de 5 à 35 quintaux).
  • Blétendre : 60 q/ha. Les rendements sont hétérogènes. Au nord Loire on note un bilan entre 45 et 75 quintaux tandis qu’au sud Loire les rendements sont compris entre 30 et 65 quintaux.
  • Blé dur : 35 q/ha. Les sols ont peu résisté à l’hydrométrie et ont grandement manqué de soleil. Cela entraine un rendement très décevant, compris entre 20 et 50 quintaux.
  • Pois d’hiver : 5 q/ha. Une année très décevante également, certaines parcelles n’ont donné aucune récolte.
  • Pois de printemps : 30 q/ha. Cette culture se porte mieux que celle d’hiver.
  • Cultures bio : de grosses difficultés de désherbage ont été rencontrées, les sols étant trop humides. Cette situation a entrainé des rendements faibles et hétérogènes selon les types de sols et les territoires.
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