Mission éradication de la grenouille taureau
Le Comité départemental de protection de la nature et de l’environnement (CDPNE) a présenté le programme Life Croaa, qui a pour mission de lutter contre la grenouille taureau, une espèce exotique qui envahit les étangs de Loir-et-Cher.
Dans le cadre du « Joli mois de l’Europe », les vice-présidents de la région Centre-Val de Loire, Marc Gricourt et Charles Fournier, ont visité la Maison de la nature et de la réserve de Marolles le 22 mai dernier et se sont penchés sur le cas de la grenouille taureau, espèce exotique qui envahit les étangs de Loir-et-Cher.
La grenouille taureau, espèce originaire d’Amérique du Nord, a été introduite dans de nombreux pays.
Découverte en Sologne en 2002 par le CDPNE, cette espèce exotique envahissante perturbe les écosystèmes colonisés et nuit à la diversité biologique de la faune autochtone.
Angélique Vallée, directrice du CDPNE, est intervenue pour présenter le programme Life Croaa (control strategies of alien invasise amphibians), qui vise à améliorer l’état de conservation des populations locales d’amphibiens affaiblies par la présence d’espèces envahissantes, mené par huit partenaires en France dont le CDPNE et co-financé par le programme européen Life à hauteur de 2,058 M€ pour un coût total de 3,430 M€.
Selon elle, ce projet comporte deux enjeux primordiaux : la sauvegarde de la biodiversité de la Sologne (à terme, treize espèces protégées de batraciens sont condamnées par la grenouille taureau) et une innovation en terme d’éradication d’une espèce invasive en milieu continental.
Elle note : « À ce jour, aucune espèce invasive n’a pu être éradiquée sur un continent. L’éradication de la grenouille taureau en France serait une première pour un vertébré introduit et déjà bien implanté en milieu continental ».
Gabriel Michelin, chargé d’étude faune, a ensuite listé les résultats des actions de lutte engagées depuis une dizaine d’années et présenté le programme d’éradication en cours pour optimiser les opérations d’élimination et de détection de l’espèce. « La grenouille taureau est invasive à trois titres : elle pond trois à quatre fois plus que les autochtones, pèse dix fois plus lourd et véhicule un champignon qui tue ces dernières. Pour espérer réussir à l’éradiquer, il nous faut continuer tous les ans à faire disparaître les mâles reproducteurs, essentiellement par tirs nocturnes, prélever les pontes et surveiller le front de présence ».
Gabriel Michelin a conclu sur la nécessité « d’ouvrir les portes des étangs de Sologne concernés, pour faire des pêches complètes qui sont les plus efficaces : de neuf individus reproducteurs par étang on est passé à 0,6 et l’on ne compte plus que quatorze sites colonisés. Mais il reste des réfractaires parmi les propriétaires ».