Interview d'Éric Lelong
« Miel : la situation actuelle est moyenne »
Apiculteur dans l'Hérault, Éric Lelong est président d'InterApi (interprofession des produits de la ruche), et président de la commission apicole de la FNSEA.
Apiculteur dans l'Hérault, Éric Lelong est président d'InterApi (interprofession des produits de la ruche), et président de la commission apicole de la FNSEA.
Horizons : L'Api'week, qui a pour objectif de faire la promotion des métiers et produits de la ruche, s'est déroulée du 4 au 13 octobre dans toute la France. Quel bilan en tirez-vous ?
Éric Lelong : L'Api'week, lancée il y a quatre ans, a été un véritable succès. Nous sommes passés d'une trentaine d'événements en 2023 à près de 200 en 2024. Des démonstrations dans des fermes apicoles, des ouvertures de boutiques spécialisées ont eu lieu sur tout le territoire. Des conditionneurs aux grandes surfaces en passant bien sûr par les apiculteurs, tout le monde a joué le jeu. Ce succès a aussi été rendu possible grâce à l'aide touchée l'année dernière, alors que le secteur était en pleine crise, pour nous aider à faire de la communication autour de nos métiers et produits.
Quelle est la situation des apiculteurs aujourd'hui ?
La situation actuelle est moyenne. Nous n'avons pas encore les chiffres définitifs de la campagne 2023-2024 mais nous savons que les apiculteurs ont rencontré des difficultés de production, dues au printemps pluvieux. Nous sommes attentifs à l'évolution du prix du miel, sachant que le prix de ces deux dernières années a évolué à la baisse, raison pour laquelle nous avons mené des actions pour relancer la consommation de miel.
La bonne nouvelle de l'année est la validation au printemps de la directive Miel au niveau européen. Celle-ci va permettre de mieux réglementer l'étiquetage des contenants et donc de ramener la confiance du consommateur, notamment pour l'achat de miel en grandes et moyennes surfaces.
Autre bonne nouvelle : l'engagement de certaines enseignes telles qu'Intermarché pour retirer des rayons les miels asiatiques. Nous attendons d'autres engagements de ce type. Nous serons vigilants sur ce point et n'hésiterons pas à mener des actions sur ce sujet.
Quels sont les projets de l'interprofession pour les mois et années à venir ?
Il y a encore beaucoup à faire sur le sujet de la commercialisation. Il nous manque des indicateurs précis sur les coûts de production, les marchés, les stocks. Nous devons faire de la pédagogie auprès des jeunes ménages pour qu'ils achètent davantage de miel. Aujourd'hui, ce sont plutôt les seniors qui tirent la consommation.
Nous avons de gros sujets de recherche et développement. Nous n'avons toujours pas de solution efficace contre la prolifération du varroa par exemple. Nous sommes inquiets de l'apparition du petit coléoptère des ruches (Aethina tumida) en Italie. Sans parler du frelon asiatique, où outre les solutions de piégeage à améliorer, nous devons aussi déterminer des indemnisations adéquates pour les producteurs touchés.