Essonne
Méthanisation : les agriculteurs dénoncent le manque de soutien des élus
Le syndicat local de Corbeil (Essonne) a mené une action, mardi 5 avril, dénonçant l'absence de soutien des élus locaux dans le projet de méthaniseur de Fontenay-le-Vicomte.
Le syndicat local de Corbeil (Essonne) a mené une action, mardi 5 avril, dénonçant l'absence de soutien des élus locaux dans le projet de méthaniseur de Fontenay-le-Vicomte.
Des palettes dans les champs pour dénoncer l'absence de soutien des élus locaux dans le projet de méthaniseur de Fontenay-le-Vicomte (Essonne). C'est l'action qui a été menée par quelques agriculteurs du syndicat de Corbeil, mardi 5 avril. Porté depuis de longs mois par Thierry Vandenhende et Nicolas Galpin, ce projet de méthaniseur a été définitivement abandonné fin 2021 alors même qu'il avait été validé par le préfet de l'Essonne.
En cause, la flambée des prix des matières premières qui engendraient d'importants surcoûts pour la construction de l'usine, mais pas seulement. Les deux agriculteurs dénoncent en effet « l'absence de soutien de plusieurs élus locaux (maire, députés et sénateurs) qui n'a laissé aucun espoir au projet ». « Au départ, lorsque nous avons présenté l'idée du méthaniseur aux élus, l'accueil a été plutôt favorable, se souviennent les deux exploitants. C'est quand les riverains et les associations environnementales s'y sont opposés à travers des pétitions et des manifestations que plusieurs d'entre eux ont changé de discours et se sont dressés contre nous ». Les agriculteurs pointent de ce fait « une vision électoraliste, une incohérence des propos politiques de la part d'élus qui n'ont pas le courage de leurs opinions ».
Et l'incompréhension des agriculteurs est d'autant plus grande que le Département de l'Essonne a émis le souhait de voir se construire un grand nombre de méthaniseurs sur son territoire d'ici à 2050. « D'un côté les collectivités poussent dans un sens et de l'autre, les élus locaux sont vent debout contre les projets dès lors qu'ils les concernent sur leur territoire et que cela leur demande du courage face à leurs administrés », ont dénoncé les agriculteurs lors d'une conférence de presse.
Un enjeu d'intérêt général
À travers cette action symbolique, les agriculteurs du syndicat de Corbeil ont rappelé tout l'enjeu qui gravite autour de la méthanisation agricole à l'heure où les questions de transition et de souveraineté énergétique, mais aussi d'indépendance alimentaire, sont plus que jamais prégnantes. « La méthanisation agricole est vertueuse à bien des égards, ont réaffirmé les exploitants. Ce type de projet, compte tenu du contexte géopolitique, relève aujourd'hui de l'intérêt général, il permet aujourd'hui notamment de produire du gaz à un coût inférieur à celui du gaz russe par exemple. Le digestat, qui peut être épandu directement dans nos champs, nous apporte un engrais naturel, évite ainsi les importations et, de fait, nous rend plus autonomes et plus résilients ».
Aux détracteurs qui dénoncent des odeurs ou l'augmentation de la circulation de camions, les agriculteurs appellent à bien différencier la méthanisation agricole de la méthanisation industrielle. « Ce sont deux modèles totalement opposés. La méthanisation industrielle est rémunérée selon la quantité de déchets traités par l'usine. Cela signifie d'importants volumes de déchets qui restent relativement peu de temps dans le digesteur et cela produit donc inévitablement des odeurs. En méthanisation agricole, nous nous rémunérons uniquement sur le gaz produit. Notre intérêt est donc de tirer parti au maximum des déchets qui restent dans le digesteur plus longtemps et les odeurs sont alors neutralisées ». Quant à la circulation de camions que le méthaniseur de Fontenay-le-Vicomte aurait pu générer, ceux-ci auraient été au nombre de trois par jour sur un axe routier qui compte plus de 10 000 véhicules/jour.
L'exemple du méthaniseur de Fontenay-le-Vicomte n'est malheureusement pas isolé. En Île-de-France, plusieurs projets de méthanisation agricole ont actuellement toutes les peines du monde à voir le jour faute, notamment, de soutien de la part des élus locaux. Incompréhension et amertume s'emparent du monde agricole francilien qui œuvre au quotidien pour le bien vivre ensemble et cherche constamment à répondre aux besoins sociétaux, l'énergie en faisant plus que jamais partie.