Manuel Valls chez Coop de France au Sial « La loi sur la consommation sera appliquée »
A la veille du rendez-vous sur la filière agroalimentaire, le 23 octobre, le Premier ministre a mis en garde la grande distribution et ses pratiques commerciales abusives, lors du lancement du pôle Coop de France Agroalimentaire au Sial.
« Le gouvernement est décidé à appliquer toutes les dispositions de la nouvelle loi sur la consommation. Les décrets d’application viennent d’être publiés. Nous ferons sanctionner les pratiques commerciales abusives » a déclaré, le Premier ministre, Manuel Valls, lors du lancement officiel de Coop de France Agroalimentaire, au Salon international de l’alimentation, le 20 octobre, à Paris Nord Villepinte. « Il faut que la grande distribution joue le jeu du patriotisme économique en mettant davantage en avant nos produits dans les magasins » a-t-il précisé. A quelques jours de la rencontre entre les représentants des filières agroalimentaires (producteurs, transformateurs, distributeurs) sous l’égide du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, le 23 octobre, le gouvernement entend afficher sa fermeté vis-à-vis des grandes surfaces et à mettre un terme la guerre des prix à laquelle elles se livrent. « Il y a actuellement un risque de spirale perdant-perdant-perdant. Perdant pour les producteurs agricoles et les industries alimentaires ; perdant pour les enseignes de la grande distribution ; et perdant à long terme pour les consommateurs, si le tissu économique se déchire. Ce risque, c’est celui de nourrir le mouvement de déflation qui menace l’activité économique. Il menace aussi l’emploi » a-t-il ajouté. La guerre des prix, « c’est l’enfer » a déclaré pour sa part, Jean-Philippe Girard, le président de l’Association nationale des industries alimentaires en insistant sur le fait qu’il n’appartient pas aux fournisseurs « de payer la guerre des prix ».
Pôle agroalimentaire
C’est pour répondre à cette problématique de création de valeur que Coop de France a pris l’initiative de créer un nouveau pole agroalimentaire en son sein. Il a vocation à regrouper toutes les coopératives qui ont une activité dans l’agro-alimentaire pour faire le poids vis-à-vis de la distribution. Aujourd’hui l’agroalimentaire à capitaux coopératifs regroupe 2800 coopératives plus 600 filiales et représente 40 % de l’agroalimentaire français et une marque sur trois. « Ce nouveau pôle d’expertise, de conseils et d’expression, de lobbying disons le, nous l’avons aussi jugé nécessaire et utile pour prendre nos responsabilités dans la crise que nous traversons. Notre ambition est de partir à la reconquête de valeur, pour toute la chaîne agroalimentaire, de la production jusqu’aux produits proposés aux consommateurs » a déclaré Philippe Mangin, le président de Coop de France.Le débat qui a précédé a permis de montrer comment sur des exemples concrets l’innovation, la montée en gamme, l’amélioration de la qualité, ont permis de relancer des produits voués au déclin. « L’innovation a permis de sauver le jambon cuit et de relancer la consommation et non la guerre des prix » observe Thierry Blandinières, aujourd’hui directeur général d’InVivo. Idem sur le jambon de Bayonne qui s’est appuyé sur l’origine et les territoires. « Les coopératives, (qui associent producteurs et transformateurs et maîtrisent tous les maillons de la chaîne) sont bien placés » pour assurer cette traçabilité et relever ce défi, a-t-il poursuivi. Message apparemment bien reçu par Jacques Creyssel, le président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui s’est montré prêt à travailler dans ce sens et qui a convenu aussi « que la guerre des prix, ça maintient les volumes à court terme, mais c’est suicidaire à long terme ».