Manu, un fondu de l’agriculture
Agriculteur depuis 1995 à Souvigny-en-Sologne, Emmanuel Calers est un agriculteur tourné vers l’avenir, qui a fait le choix de passer en bio il y a maintenant cinq ans.
À 53 ans, Emmanuel Calers, alias Manu, est un agriculteur solognot investit dans l’avenir du métier, qui mise sur la différenciation et l’agriculture biologique.
Anciennement un lycée agricole, l’exploitation agricole basée à Souvigny-en-Sologne a vu le jour en 1968 avec trois productions : vaches laitières, moutons et céréales.
Jeune, après avoir mis de côté son rêve d’être vétérinaire, pour devenir comme son père, agriculteur, Manu se lance dans un CAP, suivi d’une formation en polyculture et élevage complétée par une expérience de sept ans comme chef de cultures et berger sur la ferme de Saint Maurice.
A sa trentaine, il décide de reprendre l’exploitation familiale. « Mes parents avaient une belle exploitation qui comptait 150 ha, des vaches et une centaine de moutons, mon père m’a appris le métier en technique, en qualité, en courage ».
Travailleur acharné, il apporte de nombreux changements comme l’augmentation du troupeau de moutons, l’irrigation, puis le drainage de 40 ha en 1998, ou encore l’accueil de groupes pendant les championnats de France d’équitation à Lamotte-Beuvron.
« Je crois que je suis aussi fou de travail que mon père… J’aime être agriculteur, on apprend beaucoup… Mais c’est un métier difficile qui prend beaucoup sur la vie de famille et pour de moins en moins de revenu. Malgré un cheptel de 600 moutons, l’état de mon dos et l’envie de faire de la pension de chevaux m’ont fait arrêter. Il n’y a pas de règles en agriculture, il faut juste essayer de toujours anticiper », explique-t-il.
Courageux et généreux, Manu s’investit dans l’avenir de l’agriculture en cumulant des fonctions « utiles » au développement des filières, comme celle de chef de poste produit à la protection des végétaux à Orléans, durant près de quinze ans. Une fonction qui lui a permis de « travailler dans le bons sens » et de comprendre mieux la végétation, les insectes, les maladies, au travers de relevés, tout en donnant des références pour le canton de Sologne.
« J’avais déjà dans l’idée de faire aussi bien, voire mieux, avec le moins de produits possible ». Cette envie, et une certaine lassitude l’ont poussé, il y a cinq ans, à se lancer dans l’agriculture biologique : « J’avais fait le tour de beaucoup de productions en conventionnel, j’avais envie de découvrir une nouvelle agriculture, un défi sur ces terres difficiles de la Sologne ».
Bien que la conversion n’ait pas été facile, Manu explique qu’il ne regrette rien : « Aujourd’hui, même sans les aides attendues je ne reviendrai pas en arrière. En Sologne on doit être une poignée à ne plus utiliser de produits chimiques. C’est un vrai défi… Il faut être très technique, plus vigilant car on n’a pas de joker, mais ça permet de faire plus facilement de la qualité, de s’ouvrir à un nouveau marché où la production est mieux valorisée et rémunérée ».
En plus du bio, Manu qui ne compte déjà pas ses heures et part rarement en vacances accueille depuis de nombreuses années « un mini Lamotte » lors des championnats d’équitation, pas moins de 600 poneys, cavaliers et familles : « Un vrai revenu complémentaire, mais beaucoup de travail et d’investissement (sanitaires, box démontables, électricité, camping…), mais j’ai une compagne en or qui gère cette partie « chevaux » au travers d’une entité à part : La Ferme Equestre de Maisonnette. »
Toute l’année, cette entreprise, gérée en grande partie par Stéphanie, propose de l’élevage de chevaux et poneys de sport, de la valorisation d’équidés et des pensions. Suivant l’idée que « pour y arriver il faut se différentier », Manu a acheté un petit troupeau de vaches écossaises.
« Je ne voulais pas faire une race locale, pour ne pas faire de concurrence. Le fait de se diversifier permet à tout le monde d’avoir de la place », note-t-il.
« Malgré un avenir compliqué en Sologne - avec des terres de qualité ordinaire et la forte pression de la chasse - j’espère que le futur réserve de bonnes surprises. Moi j’ai bientôt fini ma course… Et pour l’avenir de l’exploitation je pense à ma belle-fille Jade, qui pourrait se faire accompagner par un autre jeune », conclut l’agriculteur.
Toujours prêt à se diversifier et défendre l’agriculture solognote, Manu, en plus d’une exploitation à plein régime, a pris la présidence du Village solognot sur le Parc équestre fédéral.