L’UNPT apprend le maniement des aides à l'investissement
Les producteurs de pommes de terre cherchent à mettre en place des accompagnements ciblés à l'investissement. Des opportunités s'ouvrent parce que les fonds structurels européens passent désormais par les régions. C'était un des points forts du congrès de l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), qui s'est tenu le 26 janvier à Arras, avec la venue de Xavier Bertrand, nouveau président de la région Nord-Pas de Calais-Picardie.
La profession de la pomme de terre, ne bénéficiant pas de subvention (sauf la fécule, mais faiblement), est en train d'apprendre à manier les nouveaux mécanismes de soutien, qui s'éloignent de plus en plus des mécanismes de subventions. «Afin de continuer à être dans la course, il nous faut un plan d'adaptation qui permette une modernisation de nos outils spécifiques de production», a déclaré Arnaud Delacour, président de l'UNPT.
Investissements : tendre vers le bâtiment à énergie positive
Arnaud Delacour faisait allusion aux bâtiments de stockage des pommes de terre, dont les capacités doivent s'adapter à la demande, en hausse pour les plants et pour certains débouchés industriels pour l'alimentation humaine. «Il va falloir augmenter la capacité globale et améliorer la performance énergétique» de ces bâtiments, par exemple avec l'isolation thermique, la régulation de l'hygrométrie, et des toits photovoltaïques pour tendre vers le bâtiment à énergie positive. «Beaucoup d'investissements restent à faire dans le recyclage de l'énergie perdue. Soyons imaginatifs. La région Nord-Pas de Calais-Picardie est réceptive aux initiatives touchant à la troisième révolution industrielle», a ajouté Alain Dequeker, secrétaire général de l'UNPT. La troisième révolution industrielle cherche à relever le défi de l'épuisement de l'énergie fossile et des terres rares qui ont fait le succès économique de la civilisation industrielle.
«Investissements d'avenir» possibles en associant producteurs, industriels et chercheurs
L'UNPT croit jouables également des financements ciblés par le Programme des investissements d'avenir (PIA). Il faut pour cela une taille critique, et donc l'agrégation de groupements d'agriculteurs, d'industriels et d'instituts techniques, associés dans des programmes collaboratifs, sur des dossiers d'innovation, comme la robotisation, la conception de machines qui évitent d'emporter de la terre à l'arrachage des pommes de terre. «L'État reste mobilisé dans le cadre du programme d'investissements d'avenir, dont 120 MEUR ont été attribués au ministère de l'Agriculture sur la période 2015-2017. Je peux vous assurer que le ministère de l'Agriculture fait preuve du pragmatisme que vous appelez de vos voeux, et soutient non seulement les innovations technologiques et environnementales, mais aussi les innovations organisationnelles, qui sont aussi le fer de lance de la compétitivité», a confirmé Sébastien Couderc, le conseiller du ministre de l'Agriculture pour les filières végétales. Les innovations organisationnelles sont justement ces programmes collaboratifs qui associent de préférence plusieurs familles professionnelles (producteurs, industriels, chercheurs).
Xavier Bertrand estime que sa région peut accompagner la compétitivité agricole
À propos des accompagnements ciblés, Xavier Bertrand, président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, a déclaré au congrès que sa région «peut faire quelque chose» pour la compétitivité agricole. Il a mentionné la modernisation des bâtiments de stockage de pommes de terre sur fonds du Feader, le stockage de l'eau pour l'irrigation. De même, la région qui peut aussi « faire pression pour qu'on arrête de faire n'importe quoi» dans le bétonnage des terres agricoles, et pour activer la construction du canal Seine-Nord, « autoroute pour exporter via Dunkerque ». La révision du schéma régional de cohérence environnemental (SRCE) dans un sens moins pénalisant pour l'activité agricole commencera «dès jeudi», avait-il annoncé. Xavier Bertrand a par ailleurs indiqué que bien que n'ayant pas de prérogatives actuellement au niveau national, il a un pouvoir d'influence» pour faire avancer le projet de TVA sociale, «qui finira un jour par aboutir, et moyen efficace pour relancer l'emploi». En dehors des accompagnements ciblés, qui d'ailleurs consistent en grande partie en des avances remboursables, ou en tout cas des subventions partielles, le président de l'UNPT a demandé à la puissance publique «de ne pas alourdir davantage les contraintes, surtout si celles-ci créent des distorsions de concurrence dans un marché ouvert et concurrentiel». Xavier Beulin, président de la FNSEA, est venu à ce treizième congrès de l'UNPT, encourager les producteurs de pommes de terre dans leurs initiatives et leurs demandes de réduction des sur-transpositions franco-françaises de règlements communautaires.
Les producteurs de pommes de terre cherchent à développer l'exportation lointaine
L'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), qui a tenu son treizième congrès le 26 janvier à Arras, cherche à développer l'exportation vers les pays lointains, parce que les principaux marchés, comme ceux de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie et de la Grèce, maintenant "matures", n'ont plus de perspectives de développement. Les produits transformés (frites, flocons, purées, chips) s'exportent déjà depuis moins de trois ans d'Europe vers l'Amérique du Sud. Le marché du frais réserve des opportunités inconnues jusqu'alors. Des exportateurs français ont expédié de la pomme de terre à Dubaï en 2015, et pourraient développer les affaires en Afrique. "Nos collègues néerlandais y vont, avec une offre structurée. Mais pour le faire aussi, il faut mettre en place des systèmes d'assurance-crédit pour ces destinations risquées", a commenté Arnaud Delacour, président de l'UNPT. Dans son discours de clôture, Sébastien Couderc, le conseiller du ministre de l'Agriculture pour les filières végétales, a indiqué que l'UE a conclu un accord de libre-échange avec le Liban, avec réduction de droits de douane pour certains produits, dont la pomme de terre et la farine, et s'apprête à faire de même avec le Vietnam.