Aller au contenu principal

Lison de Caunes, l'art de la paille

Petite-fille du décorateur André Groult, Lison de Caunes travaille la paille pour la transformer en objets de luxe.

Lorsque l'on pénètre dans l'un des ateliers Lison de Caunes, rue Mayet, dans le sixième arrondissement parisien, on a l'impression qu'une lumière particulière éclaire la pièce : le jaune chatoyant des meubles en paille et des tableaux au mur, les brins de paille qui parsèment le sol produisent une impression chaleureuse et claire. La paille, Lison de Caunes est « tombée dedans  », toute petite. Son grand-père André Groult, maître de l'Art déco, a contribué à redonner toutes ses lettres de noblesse à la marqueterie de paille. Cette matière travaillée par les ébénistes à petits budgets, les paysans modestes, les forçats des bagnes, était alors considérée comme le parent pauvre de la décoration.

Dans l'atelier de son grand-père, la petite Lison passe des heures à ouvrir et lisser les longs brins de paille de seigle, qui étaient alors essentiellement utilisés pour couvrir les toits de chaumières ou rempailler des chaises. La jeune fille poursuit des études de reliure et de dorure, se passionne pour l'Art déco, travaille trois matières : le parchemin, le galuchat et la paille. Elle se lance dans la restauration de meubles. Un jour, un antiquaire lui présente un coffret du XIXe siècle en marqueterie de paille. Lison de Caunes commence à faire des recherches, à décrypter les techniques utilisées, à se former sur le tas. Il n'existe aucun cours sur le sujet, et son grand-père n'a pas eu le temps de lui transmettre son savoir-faire. La jeune femme expérimente, apprend, teste, et crée de plus en plus de meubles uniques, tout en devenant la spécialiste de restauration en marqueterie de paille.

Une paille de seigle spécialement produite en Bourgogne

La difficulté, c'est justement de retrouver cette paille de seigle aux longs brins qui a peu à peu disparu, en même temps que le métier de rempailleur de chaises. Un jour, elle tombe en arrêt devant une chaise dont la matière lui paraît magnifique. L'artisan lui indique la provenance du produit. Ni une, ni deux, Lison de Caunes va voir l'agriculteur dont le champ a fourni la paille en question. Celui-ci pense arrêter la production. Elle le convainc de lui faire confiance. Il deviendra son fournisseur pendant quatre décennies, passant de 3 hectares à 35. Aujourd'hui, son fils poursuit cette activité.

Les brins de deux mètres de haut passent par les mains magiques de Lison de Caunes et de son équipe, se transforment en panneaux, en meubles, en miroirs, pour être ensuite expédiés à New York ou Shanghaï dans des magasins de luxe ou des grands hôtels.

Car la marqueterie est redevenue à la mode. Cultivée et fauchée à l'ancienne, sans vernis, elle s'allie avec le nacre, la dentelle, le métal pour des créations aux couleurs chaudes, des pièces uniques travaillées à la main. Il faut quatre jours pour faire un panneau d'un mètre carré. Aujourd'hui, quinze personnes s'activent dans cinq ateliers. « J'aime transmettre », explique l'artiste. Sa fille Pauline a pris en charge tout le marketing et la gestion des ateliers. « Cela m'a permis de retrouver du temps pour faire des recherches, innover et, surtout, continuer à créer des pièces uniques », se réjouit Lison de Caunes.


 

Biographie

  • 22 mai 1948 : naissance.
  • 1978 : création du premier atelier.
  • 1996 : devient maître d’art.
  • Septembre 2023 : sortie de La paille en héritage, autobiographie co-écrite avec Nadine Coleno (Éditions du Regard).
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

S'abonner
Pour profiter de l'intégralité du contenu de notre site Internet, recevoir votre journal papier dans votre boîte aux lettres…
La nouvelle CR11 de New Holland lors du Performance Tour cet été dans une parcelle de l'Eure-et-Loir.
[VIDÉO] New Holland : nouvelle CR11, la plus grosse et plus performante au monde
En démonstration l'été dernier lors de son « Performance tour », la nouvelle moissonneuse-batteuse CR11 de New Holland s'est…
Yohann Serreau est tête de liste de la FNSEA et JA aux prochaines élections de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir.
Yohann Serreau : « Il faut arriver à représenter l’ensemble des productions et des producteurs»
Exploitant installé depuis 2014 à La Gaudaine (Eure-et-Loir) en polyculture-élevage, Yohann Serreau est à la tête de la liste…
Publiez votre annonce judiciaire et légale
Le journal Horizons lance sa plateforme en ligne dédiée à la saisie des annonces judiciaires et légales, accessible à tous depuis…
Lundi 25 novembre, à Chartres. La quasi-totalité des membres de la chambre d'Agriculture sont présents salle Louis-Perrin pour la dernière session de la mandature.
Une dernière session Chambre avec un peu d'espoir au cœur de la crise
Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis lundi 25 novembre à Chartres sous la houlette de leur…
Frédéric Bouché, président de la Fédération des entrepreneurs des territoires Île-de-France, a envoyé un courrier d'alerte aux préfets de départements et de région à propos de la situation économique des ETA.
Alerte sur des ETA en souffrance
Les entreprises de travaux agricoles subissent elles aussi les aléas de la météo. Certaines connaissent également des problèmes…
Publicité