L’innovation est-elle suffisante pour l’attractivité du métier d’éleveur ?
Comment mettre les innovations au service des conditions de travail ? C’était l’enjeu de la table ronde qui s’est tenue sur l’Espace pour demain au Space à Rennes.
Après avoir abordé de nombreuses thématiques sur l’Espace pour demain, les élus des chambres d’Agriculture de Bretagne avec l’appui du Space ont souhaité mettre à l’honneur cette année sur la plateforme de recherche et développement l’innovation au service des conditions de travail.
« Cette problématique est de plus en plus prise en compte par la profession. Elle est en prise directe avec les attentes des éleveurs, tant sur le confort de travail que sur l’attractivité du métier. Nos enfants, nos salariés sont-ils prêts à travailler dans les mêmes conditions que nous ? J’en doute. Le monde bouge et les agriculteurs avancent », remarque André Sergent, agriculteur dans le Finistère et président de l’Espace pour demain, avant de poursuivre « Une étude Ifop de 2013 révèle que l’agriculture se trouve en bas de l’échelle concernant l’attractivité des métiers. Ce constat n’est pas normal ! Il faut trouver des solutions ! Le temps, la pénibilité et la sécurité au travail sont au cœur des réflexions à conduire sur nos métiers de la production agricole. »
Se dégager du temps
Les structures d’exploitation se sont considérablement agrandies en vingt ans, mais souvent, leur organisation n’a pas suivi la production. Ainsi, les conditions de travail se sont dégradées. Une prise de conscience difficile mais nécessaire pour se réformer et proposer aux jeunes générations des exploitations compatibles avec une vie sociétale variée. Les fermes nouvelles générations devront d’abord convenir aux agriculteurs de demain. Si des connaissances techniques et des capacités de gestion de plus en plus pointues sont demandées, le confort et le temps de travail sont devenus aujourd’hui de réelles préoccupations pour les jeunes installés.
« J’ai bien conscience des difficultés économiques auxquelles ont été confrontées nos filières d’élevage. Les solutions d’intenses tensions au travail ne peuvent qu’être temporaires. Bien souvent débordé, l’éleveur recherche un salarié, il est alors confronté au problème de recrutement et à l’attractivité du métier. Une boucle infernale qui plonge les chefs d’exploitation dans des situations professionnelles et personnelles difficiles. Des solutions concrètent existent, si certaines ont un coût, d’autres ne représentent pas toujours des investissements massifs. »
Pas de solution unique
Les intervenants s’accordent à dire que si l’innovation ne fait pas tout, elle est un facteur d’attractivité des métiers. « Il n’y a pas un modèle ou une innovation qui va faire l’attractivité, c’est à l’éleveur de se nourrir d’après sa propre expérience. » Que ce soit en porc, en volaille ou en bovin, l’innovation passe parfois par de l’investissement. En repensant leur organisation, en déléguant certains travaux, en s’équipant, les éleveurs innovent. C’est bien en partant de ses propres besoins que chaque éleveur peut améliorer son quotidien. Pour faire les bons choix car il n’est pas toujours nécessaire ou possible d’investir, il faut surtout prendre du recul (échange, visite, formation, etc.) pour savoir ce qui peut être changé efficacement. « L’innovation doit être accessible et simple d’utilisation. »
S’inscrire dans une démarche de prévention
Il est important de s’inscrire dans une démarche de prévention. « Il ne faut pas oublier l’impact des choix des éleveurs sur le travail futur. Il faut s’inscrire dans la longévité. Le travail collectif peut être une réponse. Il ne faut pas oublier de faire le lien entre bien-être au travail et la santé au travail qui est essentielle », insiste Hervé Guillotel, responsable santé sécurité au travail à la MSA des Portes de Bretagne.