Édito
Amandine Muret-Béguin : « Les semis d'aujourd'hui sont l'alimentation de demain, il serait temps que notre société en ait conscience »
Agricultrice à Sailly (Yvelines), Amandine Muret-Béguin est membre du bureau de la FDSEA Île-de-France. Elle prend la parole.
Agricultrice à Sailly (Yvelines), Amandine Muret-Béguin est membre du bureau de la FDSEA Île-de-France. Elle prend la parole.
« La grève dans les raffineries et la pénurie de carburants en France touchent de plein fouet l'agriculture francilienne dans une période intense de travail. À ma connaissance, très peu d'agriculteurs se sont retrouvés à l'arrêt pour le moment mais nous le devons tantôt à la solidarité entre collègues, tantôt à la débrouillardise de chacun. Si la panne sèche nous épargne encore, il n'en reste pas moins que nous manquons de sérenité et de visibilité quant à nos livraisons de carburants. Nous marchons à flux tendu. Les approvisionnements sont incertains, les délais sont allongés et surtout, le prix nous est imposé de manière brutale, empêchant toutes tentatives d'optimiser nos coûts.
Cet épisode aura sans nul doute un impact significatif sur nos trésoreries, d'autant que cette période de travail du sol et de semis est spécifiquement celle où la consommation de carburant est importante, et cela s'ajoute à une inflation déjà massive de nos coûts de production sur les intrants. Pour exemple, j'ai fait le calcul sur mon exploitation, sur la période du 1er mars au 31 août, l'augmentation des coûts de production était de l'ordre de 80 à 120 % selon les postes de dépense.
S'il est évident que les professionnels de santé par exemple puissent être considérés comme prioritaires, il devrait en être de même pour les agriculteurs. Car les semis d'aujourd'hui sont l'alimentation de demain. Il serait temps que notre société prenne conscience de l'enjeu alimentaire qu'est le nôtre en France.