Les producteurs de fruits estiment en avoir fait assez pour l'environnement
"L'environnement, stop ou encore ?" se demandaient les agriculteurs de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), à l'occasion de leur 70e congrès, les 27 et 28 janvier à Agen. Si la FNPF ne contredit pas la nécessité de produire "sain" pour répondre aux attentes des consommateurs, elle estime cependant que les pouvoirs publics n'aident pas les producteurs. Pire, ils leur mettent des bâtons dans les roues.
"Nous n'attendons plus grand-chose de la puissance publique, c'est sur nous seuls que nous devons compter", a déclaré Luc Barbier, désabusé, en conclusion du congrès national de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF). C'est que le président de la FNPF constate que les désillusions sont nombreuses : soit l'État se désengage, soit il prend des mesures contraires aux préconisations des agriculteurs.
Un ministre désengagé...
Alors que la filière avait établi un "plan stratégique", à la demande de Stéphane Le Foll, identifiant deux priorités d'investissement, la R & D et la promotion de la consommation, le ministre a fermé les financements dans ces deux domaines, déplore Luc Barbier. Par ailleurs, le gouvernement s'engageait le 3 septembre dernier, selon les annonces de Manuel Valls, a arrêté les surtranspositions du droit européen. Sortait alors quelque temps plus tard le plan Ecophyto 2, bien plus contraignant que les recommandations communautaires.
...et silencieux
"Je n'attends pas de mon ministre des déclarations d'amour, mais des preuves d'amour", a déclaré Luc Barbier. Car, dit-il, alors que "la gestion du risque sanitaire en France est la plus stricte au monde", pesant sur les coûts de production et handicapant les producteurs français dans une Europe aux frontières ouvertes, Stéphane Le Foll ne vient même pas défendre les arboriculteurs face aux attaques de certaines ONG. À tel point qu'au-delà de la crise économique qui affaiblit les agriculteurs, c'est une "crise d'identité" qui touche désormais la profession.
Rémunérer les agriculteurs stockeurs de carbone
"Assez d'être vus comme des pollueurs", estime Luc Barbier. Il se place dans le cadre du plan "4 pour 1000" de Stéphane Le Foll et suggère que les arboriculteurs fruitiers se mettent « en mode stockage de CO2 » et soient "rémunérés pour cela", puisque le CO2 est marchand. Il y aurait là, "y compris en termes de communication, une inversion de la charge. L'agriculteur ne serait plus le pollueur, mais le dépollueur" argumente le syndicaliste.Pour l'heure, la FNPF estime qu'en matière d'environnement, il y en a assez. Elle continuera à demander le maintien de l'utilisation de molécules pour lutter contre les ravageurs, tant que d'autres solutions "économiquement viables" n'auront pas été trouvées. Car si la France songe à interdire l'utilisation du diméthoane, qui protège de la mouche Drosophilia Suzukii, les autres pays d'Europe, qui ne semblent pas être dans la même optique, continueront à exporter leurs fruits pour les consommateurs français. Dépourvus d'outils de lutte et soumis à la concurrence déloyale des producteurs des pays voisins, la FNPF prédit la fin des producteurs de cerises notamment.