Syndicalisme
Les énergies au centre de l'AG de la FNSEA 28
La 77e assemblée générale de la FNSEA d'Eure-et-Loir se déroule le 10 février salle Mathurin-Régnier de la chambre d'Agriculture. Économie mondiale et énergies nourrissent ces travaux.
La 77e assemblée générale de la FNSEA d'Eure-et-Loir se déroule le 10 février salle Mathurin-Régnier de la chambre d'Agriculture. Économie mondiale et énergies nourrissent ces travaux.
La FNSEA d'Eure-et-Loir invite ses adhérents salle Mathurin-Régnier de la chambre d'Agriculture à Chartres vendredi 10 février, pour sa 77e assemblée générale. La partie statutaire se déroule le matin et donne lieu à la constitution de son conseil d'administration, à la nomination de ses membres qualifiés et des responsables des sections. Le conseil se réunira début mars pour désigner les membres du bureau. À priori, Bertrand Petit devrait en conserver la présidence.
« Quelle réussite ! »
L'après-midi, l'assistance s'élargit aux invités du syndicat : élus du territoire, responsables d'organisations professionnelles agricoles… En ouvrant ces travaux, Bertrand Petit se réjouit de la réussite de la manifestation parisienne du 8 février : « Quelle réussite, quelle super journée ! Ça fait plaisir des fois de se lever de bonne heure ».
Après avoir présenté ce nouveau conseil d'administration, le rapport d'activité du syndicat, élargi à la région, est décliné en vidéo. Celui-ci revient sur la défense des intérêts des exploitants via les rencontres avec les responsables de l'agriculture régionale, les élus, ou les candidats aux élections, voire les ministres. Il est question aussi des acquis obtenus en période de crise, de la pression mise sur les acteurs de la grande distribution ou sur les autorités pour assurer un approvisionnement en carburant quand il le fallait…
Les recours contre les Sdage (Schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux) des bassins Loire-Bretagne et Seine-Normandie sont rappelés, tout comme les avancées obtenues sur le sujet des retraites. Un point est fait également sur les apports du syndicat en ce qui concerne les services, les formations, les différentes opérations de commandes groupées ou encore les projets montés en commun. « Je suis heureux de pouvoir compter sur mes élus pour développer des projets », se félicite Bertrand Petit.
Dépendance à l'énergie
Le président du syndicat eurélien accueille ensuite sa première invitée, la directrice adjointe de l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), Sylvie Matelly, qui intervient sur la thématique des interactions entre économie mondiale et énergies. « Toute notre civilisation s'est construite autour de l'énergie et de notre dépendance. Notre consommation est dominée par les énergies fossiles, abondantes et bon marché, mais qui produisent du CO2 et sont épuisables », rappelle-t-elle.
« Plus un pays est riche, développé, plus il a besoin d'énergie, souligne Sylvie Matelly. Globalement nous consommons de plus en plus mais de façon un peu plus efficace. Particulièrement en Europe où nous sommes plus habitués à la sobriété énergétique. Et nous arrivons dans une période où les prix de l'énergie seront plus élevés et plus instables ».
L'intervenante explique ensuite que les réserves d'énergies fossiles sont en hausse et qu'il y a un lien direct entre leur prix et la croissance. Selon elle, la crise actuelle a été déclenchée par la Covid : « Il y a eu un triple choc. Un choc d'offre, un choc de demande et un choc d'incertitude. En conséquence, il y a d'abord une baisse du prix, puis une forte hausse au moment des déconfinements. Ça n'a rien à voir avec la crise en Ukraine », affirme-t-elle.
Réinventer une géopolitique
Sylvie Matelly poursuit en disant : « On pourrait penser que les choses vont revenir à la normale… Je pense que c'est ce qui va se passer. Nous avons bien géré cette crise en Europe. Mais nous sommes en transition énergétique, il faut apprendre à passer à autre chose. Et avec le développement des énergies renouvelables, c'est toute une géopolitique qu'il faut réinventer », conclut-elle.
Le second intervenant invité par Bertrand Petit est l'administrateur de la FNSEA en charge de l'énergie, Olivier Dauger. « La décision de renforcer la réflexion sur le sujet de l'énergie date de l'époque de Xavier Beulin, rappelle-t-il, avant l'accord de Paris ». Il poursuit en expliquant que le sujet est complexe, qu'il devient central et qu'il fallait apprendre à produire avec moins d'énergie.
« L'agriculture peut produire de l'énergie pour répondre aux besoins de la société, pour autoconsommer aussi, mais en gardant la priorité de l'alimentaire. Pour de nombreuses raisons, la souveraineté alimentaire au niveau mondial est tendue aujourd'hui », souligne-t-il. Sur l'agrivoltaïsme ou le biogaz, Olivier Dauger estime que les agriculteurs doivent être maîtres de leurs projets pour ne pas se faire prendre la valeur ajoutée.
La FNSEA s'investit aussi sur la valorisation des externalités positives, comme la biodiversité ou le carbone. D'où la création de France Carbon Agri, « pour que l'agriculteur à qui l'on demande d'aller vers la neutralité carbone puisse obtenir un retour financier qui le lui permette ».
Bras de fer
Au cours des échanges avec la salle, Olivier Dauger ajoute en forme de conclusion : « Aujourd'hui, il y a un bras de fer entre ceux qui disent comme nous, que l'on n'a jamais eu autant besoin de l'agriculture, de transition, de moyens, et en face, une toute petite minorité qui arrive à bloquer par le judiciaire. Il faut que le politique retrouve sa place. Il faut aussi faire comprendre aux citoyens que l'on a besoin d'une agriculture diversifiée, qui répond aux besoins de l'alimentation et à d'autres problématiques (énergie, carbone, E 85). Ne faisons pas de l'agriculture, le nucléaire ou l'industrie d'hier ! ».
« La démagogie est facile, nos réalités complexes »
« Tout est lié, nous devons tenir compte des évolutions géopolitiques dans nos choix stratégiques de chef d'entreprise », a lancé le président de la FNSEA 28, Bertrand Petit, dans le discours de clôture de son assemblée générale. Pour lui, l'agriculture répond aux enjeux du changement climatique par la production de gaz vert et d'électricité photovoltaïque. « Le produire propre est au cœur des préoccupations sociétales. Nous y répondons de plus en plus. Mais certains, naïfs ou inconséquents, estiment que l'agriculture doit changer radicalement. Ils ne veulent pas d'une agriculture multiple, plurielle, comme nous l'entendons. Ils veulent une agriculture basée sur le tout avec rien : sans eau, sans tracteurs, sans animaux, sans produits phytosanitaires même de biocontrôle. Finalement, ce sont des libéraux de l'écologie, la nature devant se débrouiller sans intervention de l'homme. La démagogie est facile alors que la réalité de nos problématiques, nos techniques de production, nos filières sont complexes. Nous voulons produire mieux. L'agriculture est un tout, constituant une économie circulaire, renouvelable et porteuse de solutions. Je conclurai mon discours en demandant aux politiques du courage pour ne pas écouter les sirènes de ces petits marchands de peur, du courage pour nous soutenir, pour soutenir la science et ses progrès, pour nous permettre d'utiliser les produits existants, tant que des solutions efficaces ne sont pas trouvées, pour ne pas importer l'agriculture dont nous ne voulons pas en France et permettre à nos concitoyens de manger des céréales de France, du sucre de France, des pommes de terre de France, des légumes de France, des produits laitiers de France, de la viande de France ».