Aléas climatiques
Les dégâts du gel en Eure-et-Loir expliqués au préfet à la Ferme du verger
Françoise Souliman, préfet d'Eure-et-Loir, se rend sur l'exploitation de Benoît et Arnaud Lemaire, à Ouerray le 23 avril, pour prendre la mesure des dégâts occasionnés par le gel dans le département.
Françoise Souliman, préfet d'Eure-et-Loir, se rend sur l'exploitation de Benoît et Arnaud Lemaire, à Ouerray le 23 avril, pour prendre la mesure des dégâts occasionnés par le gel dans le département.
L'épisode de gel qui a touché une bonne partie de la France début avril n'a pas épargné l'Eure-et-Loir.
Pour en saisir les impacts, le préfet, Françoise Souliman, invite les responsables du monde agricole eurélien sur l'exploitation de Benoît et Arnaud Lemaire, la Ferme du verger, à Ouerray.
Celle-ci est organisée autour d'une cueillette et produit donc des fruits et des légumes mais dispose également de parcelles en grandes cultures.
Sont présents entre autres, face aux représentants de l'État, les présidents de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir, Bertrand Petit et Alexandre Plateau.
Mais c'est le président de la chambre d'Agriculture, Éric Thirouin, qui ouvre la réunion : « La situation est extrêmement préoccupante », lance-t-il avant de détailler l'impact des récents épisodes de gel sur la production agricole, qu'il contextualise au regard de trois aspects majeurs : la fragilité du contexte économique des exploitations « touchées de plein fouet en 2016, 2020 et aujourd'hui en 2021 », le changement climatique et la recherche, le développement et l'aide à l'investissement « qui sont les clés indispensables pour une adaptation et une atténuation de ces changements ».
Pour Éric Thirouin : « Il est impérieux que l'État et la société n'accompagnent pas seulement la calamité, c'est essentiel, mais qu'elles collaborent avec la profession à la mise en œuvre de solutions préventives et d'adaptation ».
Il insiste aussi sur la nécessité du « rejet du dogme de l'eau en agriculture, y compris pour lutter contre le gel ».
Ensuite, l'agronome de la Chambre, Patricia Huet, brosse un tableau culture par culture des dégâts causés par le gel.
En céréales : « Aucun chiffrage de l'impact global sur le département n'est possible. D'une parcelle voisine à l'autre, l'intensité des dégâts est très différente. Nous en saurons plus à l'épiaison », précise-t-elle.
Une estimation précise sera faite avec les services de la DDT.
En colza, le gel a eu un effet révélateur d'autres problèmes : pression insectes, mauvaise implantation ou levée tardive. Les colzas « normaux » ont vu leurs premières siliques geler… On sait que le colza a de fortes capacités de résilience, néanmoins, il aura du mal à les exprimer sans eau…
Idem pour les céréales. « Nous avons le gel, nous avons la sécheresse installée depuis plusieurs semaines, le cumul des deux nous inquiète », ajoute Éric Thirouin.
Un point est fait également sur la situation particulièrement tendue du secteur de l'élevage, appuyé par Alexandre Plateau : « Nous vivons quelque chose de dramatique, pas de production d'herbe, trop froid, pas d'eau, baisse de production des dérobées (estimée entre 50 et 70 %), faibles stocks de fourrage… Nous vous déposons une demande de dérogation pour la fauche des jachères ».
Il donne une enveloppe au préfet et ajoute : « L'an passé nous l'avions déposée en avril et elle avait été autorisée en juillet, trop tard. Là, il nous faut une autorisation avant juin ».
Après ces exposés, Françoise Souliman suit Benoît et Arnaud Lemaire dans une visite du verger. Là, ils montrent leur système de protection contre le gel par aspersion et les dégâts du gel sur certaines variétés précoces.
Puis, tout le monde se retrouve sur une parcelle de betteraves. Cette culture est celle qui a le plus souffert du gel.
Arnaud Lemaire montre au préfet comment on évalue les pertes en comptant le nombre de plantes restantes sur une bande de dix mètres.
Selon ce comptage, réitéré une dizaine de fois dans la parcelle, il en resterait environ 40 000 à 50 000, sur les 110 000 plantées.
En présence d'Alexandre Pelé, le président de la CGB de la région, Benoît Lemaire explique que, même s'il est à la limite, du fait de la perte de rendement induite par le retard de semis et le risque pucerons, il ne va pas ressemer.
« La pérennité de la culture dans la région pose problème, pointe au préfet Alexandre Pelé. En 2019, on a fermé Toury, en 2020, il y a eu les pucerons et en 2021, le gel. Si nous n'arrivons pas à amener les planteurs à se projeter sur cinq ans… ».