Les blaireaux sèment le trouble à Beaulieu sur Loire !
Dans le sud du département, les agriculteurs connaissent de graves soucis causés par les blaireaux.
Mercredi dernier, Ludovic Doubre, président de l’ASPCB, Association Syndicale des Propriétaires et des Chasseurs de Beaulieu sur Loire, a organisé une réunion dans le but de sensibiliser les instances administratives sur la population de blaireaux sur la commune. Depuis de nombreuses années, plusieurs agriculteurs se sont plaints de la prolifération des blaireaux dans le milieu de leurs champs.
Réguler la population
Pour réguler la population de blaireaux, l’ASPCB a deux propositions :
• Autoriser la vénerie du blaireau du 15 mai jusqu’au 15 septembre
• Ordonner des chasses et des battues organisées et commandées par un lieutenant de louveterie.
Le but n’est pas de détruire et d’exterminer la population mais seulement de retirer et contrôler un animal gênant. Ludovic Doubre précise que le blaireau n’est pas un animal rare et que sa population s’accroît.
Le blaireau a des pattes d’ours
Le blaireau européen, dit meles meles en latin, est un animal plutôt massif et court sur pattes. Il peut peser entre 7 et 20 kg en moyenne. Il a une mâchoire très puissante et de grosses griffes sur ses 5 doigts. «Cela ressemble à des pattes d’ours» explique Ludovic Doubre. Il habite dans des terriers dits principaux. Ces derniers sont impressionnants car ils sont composés de plusieurs galeries, de plusieurs entrées, de plusieurs niveaux… «C’est comme du gruyère. L’année dernière on en avait déterré un, c’est incroyable, on est descendu à 3 m de profond et ce n’était pas encore la fin de la galerie» avoue le président de l’ASPCB. Quand le blaireau sort de son terrier, il gratte la terre et la jette derrière lui. Il fait ainsi des trainées appelées gouttières. Le blaireau est un animal propre, il se fabrique une litière et laisse toujours son lieu de vie propre. Il sort la nuit, pour la majeure partie du temps. «C’est la raison pour laquelle il est très difficile de les tuer, nous on ne peut pas chasser la nuit» raconte le chasseur. Sur 110 chasseurs, il n’y en a pas un de tuer par an.
Son péché mignon, la céréale en lait …
Pourtant, cette petite bête semble néfaste pour le milieu agricole. En effet, elle s’installe n’importe où… et surtout là où il y a de la nourriture. Que mange le blaireau ? Des vers de terre, des escargots, des charognes… mais aussi des céréales ! Son péché mignon, la céréale en lait … C’est pourquoi, ils font beaucoup de dégâts agricoles.
Sur l’un des sites que nous sommes allés visités, l’agriculteur, propriétaire du champ d’orge explique «ça fait 10 ans que je laboure mon champs tous les ans, à chaque fois, les blaireaux reviennent, toujours au même endroit» Dans le milieu de son champ, on a pu constater trois terriers. Mais en plus d’être un manque à gagner pour l’agriculteur, cela peut aussi être problématique pour les autres animaux, comme les bovins. En effet, certains terriers peuvent être dans les prés où des vaches ruminent. Un agriculteur s’interroge «On nous parle de tuberculose, dès qu’il y a une suspicion on est bloqué on ne peut plus rien faire mais les blaireaux eux courent toujours.» La tuberculose bovine est une maladie animale transmissible à l’homme, causée par une bactérie. Les sangliers, blaireaux ou renards peuvent être infectés. Du coup, la maladie peut proliférer à cause des blaireaux contaminés.
150 blaireaux sur la commune
Ludovic Doubre a essayé de faire une estimation du nombre de blaireaux sur la commune. «Il y a au moins 30 terriers sur les 30 km2 de l’association. On compte en moyenne, 3,5 adultes par terrier. J’en conclu que nous sommes à environ 150 blaireaux sur la commune. Ce qui ne m’étonnerait pas du tout ».
Un agriculteur précise « On en croise partout, tout le temps. L’autre jour je faisais du vélo et j’ai vu des blaireaux comme on peut voir un lièvre » Cet agriculteur en question, éleveur laitier, a eu des invités surprises dans son silo à ensilage. « Il ne les a pas vu clairement mais on a vu les traces de pas, les pattes d’ours, ils viennent se nourrir dans le silo » avoue Ludovic Doubre.
Le sous-préfet interpellé
Le sous-préfet de Montargis, Paul Laville, s’est déplacé sur le terrain. «Comme je l’ai fait pour la perdrix grise, je les aiderais dans leur démarche. Ils m’ont fait un état des lieux des nuisances et des dégâts et c’est un sujet qui a de lourdes conséquences, nous devons donc essayer de répondre à leur demande» précise-t-il.
Trois points l’ont interpellé :
• une question d’intérêt public, les digues peuvent se rompre à cause des terriers de blaireaux, Ludovic Doubre a montré qu’un terrain avait été creusé dans la digue du Canal.
• une question de sécurité, avec les gros trous que font ces animaux, un tracteur peut y mettre la roue et se retourner, le sol est fragilisé et peut s’effondrer, ça peut être dramatique.
• Une question sanitaire, les blaireaux peuvent être porteurs de bactéries et infecter les bovins dans les champs
Le sous-préfet précise que répondre à leur demande ne se fera pas en un jour. Il faut suivre la démarche réglementaire. «La première étape c’était d’écouter les réclamations et de prendre en considération leur demande, ensuite nous organiserons une réunion avec les parties concernées pour faire un bilan de la situation, enfin nous prendrons la décision». Cela peut prendre au minimum 6 mois avant qu’un arrêté préfectoral soit rédigé.
Ludovic Doubre précise qu’une battue avait permis d’attraper dans un autre département, 3000 blaireaux d’un coup. «Qu’on se le dise, je ne connais aucun piège qui fonctionne à 100% donc s’ils en ont eu 3000, c’est qu’il y en avait encore plus !» Les acteurs présents durant la réunion précisent qu’ils ne souhaitent pas l’extermination de l’animal qui a trop longtemps été protégé mais qu’il faudrait seulement essayer de contrôler sa prolifération.
Un déterrage organisé le 11 octobre
Alexandrine Poisson, présidente de l’Association Départementale des Equipages Vénerie Sous Terre du Loiret, organise un déterrage le 11 octobre prochain sur la commune de Beaulieu sur Loire. «Je me sens vraiment concernée sur le sujet. Je pense que nous allons prévoir une dizaine d’équipage pour s’attaquer aux nombreux terriers que nous avons vu» explique-t-elle. «On n’enlèvera pas tout on essayera d’enlever ceux dans les champs, ceux qui vous empêchent de faire votre travail.»