Le prince de la tomate
Venue d’Italie, sa famille porte blason et a donné à la France, trois maréchaux, un président du conseil, un président de l’Assemblée nationale, des académiciens et un prix Nobel de physique mais pas encore de prince citoyen-écolo, mobilisé par l’avenir de la planète !

De son goût des voyages et des pays lointains, Louis Albert de Broglie a gardé le souci du développement durable.
Pendant sept ans, il est banquier chez Paribas, une période qui lui permet de voyager énormément : il vit deux ans en Inde et passe plusieurs mois en Amérique latine, découvrant plantes et semences inconnues.
Mais ses premiers souvenirs de tomates remontent à l’enfance et aux étés passés dans le verger du château de Broglie en Normandie et du bonheur à manger les tomates du cru, « assaisonnées d’huile d’olive ».
Le déclic vient en 1991 avec le rachat du château de la Bourdaisière, un magnifique domaine situé à Montlouis-sur-Loire, près de Tours, classé monument historique, devenu depuis un château-hôtel de renom et le lieu d’expérimentation de ses convictions naissantes.
« J’ai expérimenté de nouvelles variétés végétales dans un potager du XIXe complètement délaissé. Par curiosité, j’y ai apporté des variétés anciennes trouvées chez des associations qui militaient pour la préservation du vivant, qui luttaient contre les hybrides. J’ai planté des légumes, des herbes aromatiques, tout s’est fait naturellement », se souvient Louis-Albert de Broglie.
Plantée dès 1992, la collection est devenue conservatoire national de la tomate rassemblant à ce jour sept cents variétés.
Noires ou roses, de tailles et de formes inégales, zébrées, allongées, grosses ou petites, elles ont des noms poétiques qui invitent aux voyages : rose de Berne, cornue des Andes, Rouge d’Irak, Banana Leg... « J’adore la Verna orange, les Coeur de boeuf, l’Ananas, belle et juteuse. »
Des variétés longtemps introuvables dans la grande distribution.
« Aujourd’hui, certains supermarchés ont des fournisseurs qui commencent à proposer des variétés anciennes par le biais des circuits courts. C’est essentiel ».
Celui que l’on surnomme le prince jardinier dénonce avec force les tomates hybrides cultivées hors-sol, hors-cycle des saisons, loin de nos frontières et qui n’ont plus de goût. « Un nivellement de la qualité et un effondrement de la diversité », juge-t-il.
Il donne un conseil élémentaire : se concentrer sur les saisons de production et consommer les tomates en bocaux, de novembre à mai, lorsqu’elles ne sont plus sur les étals.
Il recommande donc de favoriser les petits producteurs et les circuits courts en revenant à une certaine éthique de la consommation, via le développement durable et les micro-fermes.
Dans les jardins du château, un bar à tomates permet de goûter à toutes les saveurs de ce légume qui peut se déguster en sorbet ou en gaspacho.
Quant aux festival de la Tomate, organisé ce week-end, il permet de maintenir un niveau de qualité grâce a une cinquantaine d’exposants locaux et à des ateliers culinaires et de dégustation.