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Betteraves
Le préfet échange avec les planteurs de betteraves

Des représentants de la CGB Île-de-France ont rencontré le préfet de Seine-et-Marne, Lionel Beffre, pour lui exposer les enjeux de la filière betterave-sucre dans le département. Rappelons que la consultation pour l’utilisation des néonicotinoïdes en 2022 se déroule jusqu’au 16 janvier.

Chenoise, mardi 4 janvier. Des planteurs de betteraves du secteur témoignent devant le préfet (assis au centre), Lionel Beffre, la sous-préfète de l'arrondissement de Provins, Laura Reynaud, et le directeur de la DDT, Vincent Jéchoux.
Chenoise, mardi 4 janvier. Des planteurs de betteraves du secteur témoignent devant le préfet (assis au centre), Lionel Beffre, la sous-préfète de l'arrondissement de Provins, Laura Reynaud, et le directeur de la DDT, Vincent Jéchoux.
© L.G-D. - Horizons

À l’invitation de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Île-de-France, présidée par Jean-Philippe Garnot, le préfet de Seine-et-Marne, Lionel Beffre, s’est rendu sur l’exploitation betteravière de Vincent Bouvrain, à la Ferme de la Brosse à Chenoise, mardi 4 janvier. En présence de représentants de la profession agricole (Cyrille Milard et Laurence Fournier) et d’une délégation de planteurs locaux, les enjeux de la filière betterave-sucre dans le département lui ont été présentés. Cette rencontre a eu lieu alors que se déroule jusqu’au 16 janvier la consultation publique* sur le projet d’arrêté permettant l’utilisation de néonicotinoïdes sur les semences de betteraves pour les semis 2022, dans le cadre de l’autorisation temporaire d’une durée de trois ans, mais réévaluée chaque année. La date tardive de la consultation est une vraie difficulté pour la filière, obligeant des tours de force logistiques car les semenciers ne peuvent finaliser les enrobages avant la signature de la dérogation alors que les tout premiers semis peuvent être réalisés fin février-début mars.

À cela s’ajoutent les contraintes liées à l’utilisation des semences traitées aux néonicotinoïdes sur les successions culturales, avec notamment l’interdiction durant trois ans après une betterave de semer une plante jugée attractive pour les pollinisateurs. Ceci risque de bouleverser les assolements et de mettre à mal des cultures comme le colza.

2020, année noire

Après une année noire en 2020, qui a abouti à la mise en place du PNRI (Plan national de recherche et innovation), en 2021 les espoirs étaient grands. Ils ont été anéantis par les gelées des 5 et 6 avril. 10 000 hectares ont été détruits en Île-de-France et ressemés un mois après la date optimale. La campagne en cours d’achèvement — si la sucrerie de Souppes a fini depuis le 1er décembre, la campagne ne s’achèvera que le 25 janvier à Connantre par exemple — est assez mitigée. Au final, le rendement moyen est de 75 tonnes par hectare dans le sud-Seine-et-Marne et de 85 tonnes par hectare dans le centre. Si les précipitations estivales ont permis d’avoir un développement foliaire important, les betteraves ont aussi manqué de soleil. La richesse en sucre s’est avérée décevante. Une centaine de planteurs en Île-de-France ont été par ailleurs impactés par l’utilisation de certains lots de désherbants non conformes de la firme Adama.

Dans la présentation générale de la filière betterave-sucre France (et l’exception seine-et-marnaise avec la présence des deux seules sucreries familiales de l’Hexagone), l’émergence d’une filière bio (1 500 hectares en France sur 400 000 hectares) a été soulignée avec toutefois un bémol : « Le bio ne peut exister qu’à côté et grâce à la filière conventionnelle et ses outils industriels », insiste Jean-Philippe Garnot. Sur les perspectives du réchauffement climatique, Cyrille Milard rappelle que « dans le sud-Seine-et-Marne, la betterave s’est développée grâce à l'irrigation et les volumes d’eau disponibles ne pourront pas s’accroître ».

Baisse des surfaces

Autre fait marquant : la baisse significative des surfaces depuis 2017-2018, notamment à cause de l’effondrement des cours du sucre en 2017, mais aussi des conséquences de la jaunisse, ce qui fait craindre un risque pour le maintien des outils industriels alors que les perspectives de marché sont de nouveau encourageantes. « Toutes les difficultés viennent de la loi biodiversité de 2016 où les décisions ont été prises sans se soucier des conséquences. Cette loi est anti-agronomique », souligne Cyrille Milard.

« Les conséquences de la jaunisse en 2020 m’ont coûté 70 000 euros. Les aides, plafonnées à 20 000 euros, n’ont pas couvert l’ensemble des pertes. Cela interroge sachant que l’exploitation est calibrée en main-d’œuvre et en matériel pour la betterave. J’ai choisi de diversifier mes productions en plantant des noisetiers. Problème : au niveau de la Pac, cette production ne compte pas comme une culture alors qu’on nous incite à diversifier notre assolement », a témoigné Vincent Bouvrain. Et son collègue Christophe Verbrugge d'ajouter : « Mon colza arrive deux ans après une betterave. Ce qui est interdit dans le cadre de la dérogation néonicotinoïdes. Je vais donc réduire ma sole en colza, une plante mellifère favorable à la biodiversité et aux abeilles ». Cette rencontre a aussi été l’occasion d’aborder d’autres sujets comme les ZNT (Zones de non-traitement), l’autorisation du passage des 44 à 48 tonnes pour le transport des betteraves, les inquiétudes dans les zones à faible potentiel, la directive Nitrates, les difficultés de communication entre les sucreries qui permettent pourtant de réduire les transports… La CGB Île-de-France et la CGB restent mobilisées sur tous ces sujets aux côtés de la profession agricole.


*Pour participer à la consultation publique, cliquez ici.

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