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Irrigation
Le goutte-à-goutte, un système adapté en grandes cultures

La micro-irrigation en goutte-à-goutte, devenue courante en maraîchage, peine à se faire une place en grandes cultures. Efficience, économie d'eau et d'électricité font partie des arguments forts qui ont séduit une ferme dans la Sarthe.

Inventé en Israël en 1959, le goutte-à-goutte a été une réponse efficace au climat particulièrement difficile de ces régions chaudes. Le changement climatique de ces dernières années pose la question d'un meilleur usage de l'eau. La micro-irrigation serait une solution pour limiter l'évaporation et permettre un apport en eau plus régulier.

Jason Briffault, agriculteur sur la ferme familiale du Gros Chesnay, à Fillé-sur-Sarthe, s'est équipé de goutte-à-goutte enterré pour du maïs semence, sur 20 des 150 hecta­res de l'exploitation.

Des économies variées

La fragilité du maïs semence, ainsi que la taille réduite des parcelles, compliquées à irriguer, font partie des raisons de ce choix. La micro-irrigation permet aussi de réduire la consommation d'eau de 30 %, d'après le fabricant Netafim. Pour Jason Briffault, « le plus notable est l'économie en électricité, de 20 à 25 %, car le goutte-à-goutte nécessite moins de pression ». Il précise : « La pression à la pompe est de six bars, au lieu de huit ou neuf pour un enrouleur, pour arriver au champ à deux bars environ ». Cette pression réduite permet d'optimiser l'arrosage des parcelles, « avec une pompe de 100 m3, on irrigue plus de surface en une seule fois ». Le goutte-à-goutte permet un arrosage régulier du maïs, même si au démarrage il lui arrive de faire un passage d'enrouleur pour la germination.

Gain de temps

Jason Briffault a observé une réduction de son temps de travail comparé aux parcelles encore en irrigation classique. Il indique que « la majorité du temps à passer est de la surveillance, tous les jours trente minutes voire une heure, maximum ». L'ensemble du circuit est programmable à une heure dite, grâce à une télécommande, et nécessite beaucoup moins de déplacements qu'avec un enrouleur avec les vannes et les tuyaux à bouger. La seule manipulation supplémentaire est l'évacuation des impuretés par une purge au bout de chaque tronçon de parcelle, effectuée chaque semaine. Pour simplifier complètement l'irrigation, l'exploitation a pour objectif, à terme, de passer toute sa surface irrigable en goutte-à-goutte.

Installation du système

L'agriculteur fait part des doutes qu’il avait au départ : « Les deux premières années, nous n'étions pas rassurés d'enterrer les tuyaux, alors nous les avions installés à quelques centimètres dans le sol ». Après des essais concluants, le choix a été fait d'installer l’irrigation en fixe. Les tuyaux, avec des goutteurs tous les 50 centimètres, sont alors enterrés entre 30 et 35 centimètres sous terre, et espacés d'un mètre. La mise en place du système reste assez longue néanmoins : tranchées, déroulage, raccordements… L'installation sur l'une des parcelles de 13 hectares a demandé trois semaines de travail à trois personnes.

Fertigation

Autre avantage, la possibilité d'incorporer un engrais dans le circuit de goutte-à-goutte, via une cuve avec un doseur Dosatron. Ainsi, l'agriculteur apporte de l'azote liquide 0,29 en une dizaine de fractions de doses de 5-6 unités. Il ajoute qu'un test effectué sur ray-grass a laissé apparaître des lignes vertes au niveau des tuyaux, signe de la bonne fertilisation. Une nouvelle fois, des économies sont effectuées puisqu'il a réduit son apport d'azote de 120 à 80 unités.

Filtration

L'exploitant explique que le facteur limitant est la qualité de l'eau. Avant de passer dans le circuit, l'eau doit être filtrée pour le bon fonctionnement des goutteurs (voir ci-dessous). La ferme possède deux sites irrigués, le premier puisant dans un étang, avec une filtration à disques automatiques, qui demande peu d'entretien, et le second dans un cours d'eau, avec une filtration plus contraignante avec un contre-lavage régulier des filtres.

L'investissement pour ce système reste conséquent, il faut compter au minimum 4 900 euros/hectare pour l'installation d'un goutte-à-goutte enterré sur un pompage déjà établi.

 

Un système de goutteurs abouti

Goutteur Dripnet.
Le système de goutte-à-goutte Dripnet, installé sur la ferme de Jason Briffault, n'est pas « qu'un simple tuyau percé », ­ironise Nicolas Poussin, responsable commercial chez Netafim. Les goutteurs sont composés d'un labyrinthe, qui permet de créer une vitesse d'eau pour éviter le colmatage et sur lequel une membrane s'ajoute pour de l'autorégulation. Cela permet de maintenir le débit d'eau demandé dans la plage de pression préconisée.
Cette même membrane sert également pour l'anti-siphonnement, quand l'arrosage s'arrête. Celle-ci se plaque sur le goutteur pour éviter l'intrusion de terre. Pour finir, le goutteur Dripnet est auto-nettoyant. Si une particule s’introduit dedans malgré la filtration, la membrane se déforme pour expulser cette impureté, et ainsi éviter l'obstruction du goutteur.

 

Micro-irrigation : un intérêt croissant

Nicolas Poussin, responsable commercial chez Netafim, note « une intensification de la demande de renseignements pour des projets de goutte-à-goutte en grandes cultures ». La réduction de la disponibilité en eau ainsi que les contraintes sociétales amènent une prise de conscience des agriculteurs, qui s'intéressent alors à des alternatives comme celle-ci.
Pour d'autres cultures, l'installateur IMH Irrigation indique que « l'idéal pour les céréales notamment, est d'écarter les tuyaux de 70 centimètres ». Le revendeur compte 300 hectares en micro-irrigation enterrée sur son secteur, avec, pour les plus anciennes installations, des goutte-à-goutte enterrés il y a onze ans, et toujours en fonctionnement.

Cet article fait partie d'un dossier Irrigation

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