Le campus Les Champs du possible souffle sa 7e bougie
L'inauguration des ateliers 4.0 du LEAP de Nermont, le 18 décembre à Châteaudun (Eure-et-Loir), a été aussi l'occasion de fêter le septième anniversaire du campus Les champs du possible.
L'inauguration des ateliers 4.0 du LEAP de Nermont, le 18 décembre à Châteaudun (Eure-et-Loir), a été aussi l'occasion de fêter le septième anniversaire du campus Les champs du possible.
Le septième anniversaire du campus Les Champs du possible est célébré dans la continuité de l'inauguration officielle des ateliers 4.0 du LEAP de Nermont, le 18 décembre dernier à Châteaudun (Eure-et-Loir), en présence donc des ministres de l'Agriculture et des Outre-mer, Marc Fesneau et Philippe Vigier, qui est également président d'honneur de l'association, de nombreux élus et de représentants des organisations professionnelles agricoles.
« Nous sommes innovants »
Dans son discours, sa présidente Marina Masseau énumère trois idées fortes : « La première, c'est que nous sommes innovants. La seconde, nous sommes facilitateurs. Et la troisième, c'est que si nous sommes forts aujourd'hui, c'est parce que nous formons une grande famille avec le lycée et tous les membres qui sont actifs depuis très longtemps ».
Après avoir suggéré que les discours, pénibles à écrire et à écouter, soient remplacés par des pitchs, elle décline ses trois idées fortes : « En matière d'innovation, le pari fou que l'on a fait il y a huit ans, c'est de faire un rapprochement entre la formation professionnelle, les entreprises, les collectivités et le territoire. Traiter l'un sans les autres n'a aucun sens. D'ailleurs, cet événement est la réalisation de ce en quoi nous avons cru ces dernières années ».
Elle poursuit pour dire, prenant en exemple le sujet de la décarbonation, que c'est un « sujet majeur pour les agriculteurs et les entreprises du territoire. C'est là où nous sommes fiers de pouvoir ouvrir des solutions à travers nos start-up, nous sommes un apporteur de solutions. Enfin, Philippe (Vigier, NDLR) aime à le rappeler, seuls nous ne sommes rien. Le campus c'est une équipe ».
Trois start-up
La suite de la célébration de cet anniversaire passe par la présentation de trois start-up incubées actuellement au campus-Village by CA. La première à pitcher est Tract-moi, cofondée par Clovis Richard et Baptiste Cormerais : « L'innovation ce n'est pas seulement de la tech mais c'est aussi du quotidien. Nous nous sommes rendu compte que les différents pôles d'activité dans les fermes sont éloignés. Or pour faire des déplacements dans la journée, il n'y a que deux solutions, soit faire un aller-retour en tracteur, soit appeler quelqu'un… Ces déplacements sont coûteux, énergivores et chronophages. Nous avons donc développé une solution, un support sur le tracteur qui permet de transporter un véhicule d'appoint, vélo, trottinette, moto, voire un quad… Notre solution permet d'économiser environ 1 500 euros, rien qu'en fioul », précisent-ils.
Un mécanisme simple
La deuxième start-up qui présente sa solution est Stock CO2. « Notre objectif est simple, apporter des financements à la transition écologique des agriculteurs au travers d'un mécanisme simple, la compensation carbone, explique l'un des trois cofondateurs de l'entreprise, Thomas Martal. Le point de départ est d'établir un bilan carbone. Il existe des solutions mais qui ont certains défauts. Par exemple, un polyculteur-éleveur ne rentre aujourd'hui dans aucun des cadres pour réaliser ce type de bilan car il a le malheur d'avoir plusieurs ateliers… Nous avons donc développé un outil qui permet de faire ces diagnostics, point de départ des améliorations. Notre idée est d'aller vite, d'établir un plan d'actions, de valoriser le carbone, et tous les ans nous rétribuons l'exploitant pour tous ses efforts avec un treizième mois. Nous avons 150 entreprises et acteurs publics qui financent 350 agriculteurs pour le moment ».
Enfin, François Vannier prend le micro pour décrire N-vert, sa solution pour décarboner la production d'engrais azotés. « 80 % des émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture en grandes cultures proviennent des engrais azotés, et l'État a pour objectif de réduire ces émissions de 46 % d'ici à 2050, pose-t-il. Or, l'ammoniac, la base de ces engrais azotés, est une combinaison d'hydrogène et d'azote grâce à une réaction qui demande de la pression et de la chaleur. Et les industriels utilisent du méthane comme source d'hydrogène dans une réaction très énergivore qui produit beaucoup de gaz à effet de serre. Dans le monde entier, des chercheurs travaillent à des solutions pour éviter le méthane. Il y en a, et tous me disent qu'elles sont adaptables à petite échelle. Je veux donc proposer aux agriculteurs des installations qui leur permettent de produire leurs engrais azotés sans CO2, en toute autonomie. Et on peut même garder de l'ammoniac pour faire tourner un tracteur. Il y a une grande effervescence de la recherche autour de l'ammoniac, je veux y participer, je crois que c'est le moment de le faire », estime-t-il.
« Ce n'est pas fini »
Intervenant après cette séquence au cours de l'inauguration des ateliers de Nermont, le président du Département, Christophe Le Dorven, souligne : « Énergie, excellence, innovation, vous avez eu la démonstration qu'il y a huit ans, celles et ceux qui se sont levés pour créer Les Champs du possible peuvent se dire que ça n'a pas été vain. Et ce n'est pas fini ».