Portrait.
Laurent Douillet, pilote d’essais à la coopérative de Boisseaux
Le responsable de la station de semences réalise un travail axé sur l’innovation. Objectif : apporter un supplément de revenu aux agriculteurs.
« Je suis le responsable de la station de semences de la coopérative de Boisseaux » déclare Laurent Douillet. Entre 5.000 et 6.000 quintaux de semences de blé et entre 3.000 et 4.000 quintaux de semences d’orge de printemps sont produits annuellement.
« Nous fournissons des semences à nos adhérents. Nous vendons également un peu de semences à d’autres coopératives. Objectif : apporter des semences certifiées à l’agriculteur. » Comprendre : un produit offrant des garanties en matière de germination et de pureté. Et ayant subi un traitement adapté aux maladies et aux insectes présents dans la région, tant au niveau du remède que de la posologie,
« Produire ces semences nous-mêmes engendre un moindre coût que si nous nous fournissions à l’extérieur. Nous pratiquons des prix préférentiels. En contrepartie, l’agriculteur s’engage à livrer la marchandise à la coopérative. On vend la semence et, derrière, on la collecte : tout le monde y trouve son intérêt. »
Vingt-cinq variétés de blé
L’établissement travaille avec une quinzaine d’agriculteurs multiplicateurs produisant une douzaine de variétés de blé et d’orge. Citons le courtot, un blé améliorant aux débouchés spécifiques tels que les pains servis chez McDonald’s, ou le rubisko, un blé meunier. Quant à la sebastian, elle constitue la première variété d’orge de printemps présente dans le secteur.
« Pour avoir une semence de qualité, les agriculteurs doivent être exigeants. La semence doit rester pure : elle ne doit pas être mélangée avec une autre espèce ou une autre variété. Cela nécessite un nettoyage du semoir, une localisation précise de la parcelle ainsi qu’un bon suivi de la végétation. Au moment de la récolte, un nettoyage de la moissonneuse-batteuse avant la moisson est nécessaire. Quant au lieu de stockage, il doit être propre afin d’éviter tout mélange. »
Laurent Douillet met en place des contrats de multiplication avec les agriculteurs puis il passe plusieurs fois dans les parcelles. Le technicien effectue une visite après l’épiaison du blé. Objectif : contrôler sa pureté et s’assurer que la parcelle est viable pour de la multiplication. Dans le cas contraire, elle est reclassée en consommation.
Notre interlocuteur explique comment se déroule le processus de sélection : « On met des essais en place sur des parcelles. » Vingt-cinq variétés de blé et dix d’orge. Chez des agriculteurs. Sur des parcelles de 12 m2 avec quatre répétitions. « On voit les variétés les plus résistantes et ce que veulent les clients. »
La recherche de la perle rare
Le risque fait partie du métier. « Mais il faut savoir en prendre et on ne part pas dans l’inconnu : on a suffisamment de recul. Il faut qu’on apporte de la nouveauté. » Par exemple, le courtot est une variété de blé présente à la coopérative de Boisseaux depuis vingt-cinq ans. « Mais on la garde car il y a des débouchés. » Quant au rubisko, il est testé depuis un an : « Une variété très productive et de bonne qualité. »
Le technicien poursuit : « On apporte de la génétique, de la qualité et de la nouveauté. Objectif : trouver une variété moins sensible aux maladies, à la verse et de qualité. » Autrement dit : un taux de protéines suffisant et un poids spécifique. « L’univers des semences est un milieu vivant : tous les ans, on apporte de la nouveauté pour répondre à la demande des clients et apporter un supplément de revenu à nos agriculteurs. » Un agriculteur multiplicateur reçoit une prime supplémentaire pour son travail car on lui en demande plus.
La coopérative de Boisseaux travaille particulièrement sur le blé améliorant. « On recherche la perle rare susceptible de remplacer nos vieilles variétés. » Cela passe par la mise en place d’essais. L’enjeu : « Apporter une qualité et une productivité irréprochables. »