Lancement de la COP du Loiret : l'agriculture comme levier à travailler
Lancée le 4 décembre dernier, la conférence des parties (COP) du Centre-Val de Loire doit désormais se décliner dans les six départements. Pour le Loiret, le travail a commencé lundi 8 janvier.
Lancée le 4 décembre dernier, la conférence des parties (COP) du Centre-Val de Loire doit désormais se décliner dans les six départements. Pour le Loiret, le travail a commencé lundi 8 janvier.
Alors qu'une démarche de territorialisation de la planification écologique s'est engagée en décembre dernier au travers du lancement de la COP du Centre-Val de Loire , c'est au tour des six départements de réfléchir aux actions à mettre en place sur leur territoire. Lundi 8 janvier, Sophie Brocas, préfète de la région et du Loiret, et François Bonneau, président du conseil régional, ont convié à Orléans les élus, les collectivités locales, les services de l’État, les chambres consulaires, les chefs d’entreprise, ainsi que les associations environnementales du département, pour présenter les méthodes de travail à suivre pour construire la COP régionale au travers du prisme du Loiret. Cette COP Centre-Val de Loire doit définir des objectifs cohérents à l'échelle du territoire, et fixer des actions concrètes pour les atteindre.
« Il n'est pas trop tard »
Pour rappel, les trois principales ambitions de la planification écologique lancée en 2023 par le gouvernement sont de diminuer de 55 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) en France d’ici 2030 (par rapport à 1990), de préserver la biodiversité, et d'atteindre la neutralité carbone en 2050. « Ces objectifs peuvent paraître insurmontables et vertigineux, mais c'est faux, a déclaré Sophie Brocas. Nous pouvons y arriver. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) le dit : il n'est pas trop tard ». La préfète en veut pour preuve la décision rendue par le tribunal administratif de Paris le 22 décembre dernier, indiquant que « l'État avait réparé le préjudice écologique mis à sa charge, en faisant baisser entre 2019 et 2022 les émissions de GES à hauteur nécessaire pour compenser les excès produits de 2015 à 2018 ». « Cela veut dire que si nous avons des politiques publiques efficaces, l'argent et la volonté, nous pouvons y arriver, maintient-elle. L'inaction n'est de toute façon pas une option ».
Actions synchronisées
D'une même voix, Sophie Brocas et François Bonneau ont ensuite insisté sur l'importance du travail collectif et simultané des différents acteurs économiques du territoire. « Ce que nous venons vous proposer aujourd'hui, c'est de nous allier, de faire une coalition de femmes et d'hommes pour aller plus vite, plus haut, plus fort vers la neutralité carbone. Cette méthode implique que nous agissions en même temps dans tous les secteurs, a souligné la préfète. Il faut aligner tous nos efforts ». La mobilité, l'agriculture et l'alimentation, la forêt, les bâtiments, l'économie, l'industrie, l'énergie et la biodiversité ont ainsi été désignés comme les principaux secteurs d'activité sur lesquels travailler. « Sur l’ensemble de ces secteurs, une trajectoire est déjà engagée, rassure Florian Lewis, directeur adjoint de la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) Centre-Val de Loire. Les politiques publiques mises en œuvre ont déjà engagé des évolutions substantielles qui vont dans le bon sens. Néanmoins, tous les secteurs ne vont pas au même rythme ». Selon le directeur adjoint, « il n'existe pas de solutions évidentes » pour atteindre les objectifs demandés par la planification écologique. « En revanche, ce sont l’ensemble des solutions qu’il va falloir mettre en œuvre de manière simultanée. »
D'après lui, l’effort se répartirait en trois catégories : « 50 % de celui-ci est porté par le monde de l’entreprise, environ 25 % par l’État et les collectivités dans leur domaine de compétences respectives et enfin, 25 % par les citoyens ».
Réflexions en groupes de travail
Pour construire cette COP régionale, des groupes de travail thématiques seront formés dans les prochaines semaines, au sein de tous les départements.Les communes, les EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) à fiscalité propre, les PETR (Pôles d'équilibre territorial et rural), les conseillers départementaux, les dirigeants d'entreprises industrielles et d'exploitations agricoles, les représentants des professionnels de ces secteurs employeurs, les services et opérateurs de l'État, les chambres consulaires, les chercheurs : chacun est libre de s'inscrire à ces réunions de travail. Les membres se réuniront ensuite entre mars et juin.
Ils devront dans un premier temps se référer aux objectifs de réduction des GES quantifiés pour la région Centre, ainsi qu'au panorama des leviers de décarbonation à l'échelle régionale (voir graphique ci-dessous). Ces deux outils ont été élaborés par le secrétariat général de la planification écologique. Une réduction de 9 504 millions de tonnes de CO2 par an d'ici 2030 est attendue de la part de la région Centre-Val de Loire. Cela représente environ 5 % de l'effort national. « Ce graphique est une proposition, indique Florian Lewis. Il s’agit d’une trajectoire indicative, d'un point de départ que chacun devra s'approprier. Le travail réalisé par les groupes déterminera si les cases sont sous-dimensionnées ou au contraire, surdimensionnées ».
Les conclusions des groupes de travail contribueront à la définition de la feuille de route régionale, et aux actions concrètes à proposer. Au début de l’été, une concertation citoyenne régionale sera organisée. Une COP intermédiaire sera proposée au cours de l'été pour un point d’étape.
40 milliards d'euros dédiés à la transition écologique
Pour répondre au plus vite aux objectifs de la planification écologique, « des moyens financiers inédits » seront mis en place. Selon Sophie Brocas, « 40 milliards d'euros seront consacrés cette année à la transition écologique, soit 10 milliards de plus qu'en 2023. Cet effort va se traduire concrètement en région, précise-t-elle. Par exemple, le Fonds vert devrait augmenter de 25 %, passant de 67 à 84 millions d'euros. La Dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) devrait quant à elle se verdir avec un objectif de 30 % de DETR accordées à des projets d'investissement des collectivités en adéquation avec la transition écologique ». Par ailleurs, la préfète s'est dite favorable au cumul de la DETR, de la dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) et du Fonds vert pour des projets d'investissement des collectivités (ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent dans le Loiret).
Soutenir le monde agricole
En ce qui concerne le volet agricole, la préfète de région est formelle, le soutien aux agriculteurs est nécessaire pour leur permettre d'assurer la transition écologique sur leur exploitation. « Il faut les aider à investir dans du matériel adapté, annonce-t-elle. Il faut aussi que les collectivités prennent leurs responsabilités. Aujourd’hui, seulement 6 % d'entre elles leur achètent des produits locaux à destination des cantines. Ce n’est pas raisonnable, et contraire à la loi. Ce n’est pas comme ça que nous allons les aider à trouver des débouchés qui donnent envie de s’investir ».
Au sein de la COP régionale, l'agriculture demeure un des secteurs clés de cette planification écologique. « Le Centre-Val de Loire est une région agricole, rappelle le directeur adjoint de la Dreal. Il n’est donc pas surprenant que nous ayons des leviers importants identifiés dans ce secteur ».
Enfin, Sophie Brocas a affirmé que des financements importants seront destinés à la plantation de haies : « Nous le savons, les haies sont favorables à la biodiversité ».