La récolte et l'exploitation des données : un enjeu pour mieux gérer nos sols
Mieux connaître le sol et ses atouts pour mieux les protéger : tel était le fil rouge des conférences organisées le 12 mai par l'Ademe à l'occasion d'une journée consacrée au sol, « acteur clé des territoires et du climat ». Les connaissances se développent et permettent d'accompagner les prises de décision, mais du chemin reste à parcourir pour exploiter au mieux toutes les données existantes.
Une bonne vingtaine d'intervenants se sont succédé à la tribune, le 12 mai, à l'occasion d'une journée consacrée au sol, organisée par l'Ademe. Si les atouts du sol évoqués étaient multiples - environnement, agriculture, urbanisme, dynamisme économique -, un constat ressortait des présentations : la connaissance des sols est indispensable pour faire les choix les plus judicieux. De nombreux outils se développent dans cette optique. Pour accompagner les agriculteurs et constutuer ainsi des aides à la décision en matière de choix de production, mais également pour éclairer les choix politiques. Car s'il faut une politique globale sur les sols, il faut également mieux les intégrer aux autres politiques, affirmait Isabelle Felix, expert national Sols à l'Ademe.
Des outils d'aide à la prise de décision
L'outil ClimAgri, diffusé par l'Ademe, permet de faire un diagnostic énergies/gaz à effet de serre/production agricole, à l'échelle d'un territoire et d'analyser ainsi, en fonction des choix effectués, la variabilité de chacun de ces trois critères. « À partir du diagnostic de la situation initiale, les utilisateurs peuvent construire et tester des scénarios pour évaluer et hiérarchiser les actions à mettre en oeuvre », explique l'Ademe.
Le Groupement d'intérêt scientifique Sol (GIS Sol), qui regroupe l'Inra, l'Ademe, le ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Environnement, a mis en place « un dispositif envié au niveau européen», a témoigné Marion Bardy, directrice de l'unité InfoSol à l'Inra d'Orléans. Il s'agit d'une base de données qui permet de connaître les sols et leurs propriétés agronomiques et pédologiques ou leur affectation.
La Chambre d'agriculture de l'Indre-et-Loire dispose quant à elle d'une «base de données précise», alimentée depuis plus de 35 ans, développée à l'origine pour améliorer les connaissances agronomiques, a indiqué Joël Moulin, pédologue au sein de l'organisme consulaire.
La question de la propriété des données
Grâce à ces multiples outils, les connaissances sur les sols se multiplient. Mais elles n'ont d'intérêt que si les différents acteurs se les approprient, selon Marion Bardy. Alors que l'urbanisation continue, rendue nécessaire par l'installation des familles et des entreprises dans les zones périurbaines proches et lointaines, témoignait Sophie Legras, économiste à l'Inra, il apparaît essentiel de ne plus urbaniser les terres les plus productives.
Un problème réside cependant encore dans la propriété des données relatives aux sols collectées. Une bonne part est considérée comme « données privées » protégées par la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Le but du GIS Sol est pourtant de rendre ces données disponibles, expliquait Marion Bardy. L'ouverture pourrait d'ailleurs permettre de compléter les connaissances sur les sols en donnant une dimension participative à la collecte. « Peu de juristes se sont à ce jour penchés sur la question »,témoignait justement une juriste dans l'assistance. Mais ce sujet semble clairement une piste à explorer.