La préfète du Loiret en visite pour aborder les problématiques agricoles
Le 5 avril, la préfète Sophie Brocas a répondu à l’invitation de la FNSEA 45 et JA 45 pour visiter trois exploitations loirétaines. La représentante de l’État a ainsi échangé sur certaines problématiques rencontrées par les agriculteurs et les solutions proposées par la profession.
Le 5 avril, la préfète Sophie Brocas a répondu à l’invitation de la FNSEA 45 et JA 45 pour visiter trois exploitations loirétaines. La représentante de l’État a ainsi échangé sur certaines problématiques rencontrées par les agriculteurs et les solutions proposées par la profession.
À la suite des mobilisations agricoles qui ont eu lieu en ce début d’année sous le slogan « On marche sur la tête », les élus de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs 45 ont convié Sophie Brocas, préfète de la région Centre-Val de Loire et du Loiret, à venir échanger avec des agriculteurs directement sur leur exploitation. Alexandre Nioche, nouveau président de la chambre d’Agriculture du Loiret, était également présent lors de cette entrevue.
Trois fermes réparties d’un bout à l’autre du département et avec chacune ses spécificités, ont ainsi été visitées vendredi 5 avril. « Lors de nos premiers échanges au début des mobilisations, je me souviens que l’on avait parlé de la nécessité de ne pas oublier les territoires, a rappelé en préambule Sébastien Méry, président de la FNSEA 45, à la préfète. L’éloignement ressenti peut être source de défiance. Aujourd’hui, nous avons préparé une visite variée au cœur des régions naturelles qui composent notre département. Notre volonté est de montrer la réalité de ces territoires parfois mis à l’écart ». Cette rencontre sur le terrain semblait être attendue par la représentante de l’État qui avait soif de « comprendre finement les problèmes » vécus par les agriculteurs loirétains.
Installation et renouvellement des générations
Le premier rendez-vous était donné chez Emma Chabassier et Morgan Villoing, dans leur exploitation laitière à Coullons. Installé depuis novembre 2021 hors cadre familial, le jeune couple élève 65 vaches laitières et cultive près de 180 hectares. Étant dans une zone séchante, l’irrigation est indispensable pour la pérennité de leur exploitation. Ils sont par ailleurs régulièrement confrontés à des dégâts de gibier, notamment sur quelques hectares de prairies.
Lors de sa venue et au fil d'échanges avec les deux éleveurs, la préfète a pu appréhender la difficulté d’une installation en polyculture-élevage sans aides financières de l’État. « Ces jeunes se sont installés assez courageusement puisqu’ils n’ont pas repris la ferme familiale, a-t-elle indiqué. Dans un département où 50 % des agriculteurs vont partir à la retraite d'ici vingt ans, il faut que nous nous attachions à garder ces exploitations ».
L'agrainage pour réduire la pression sanglier
En vue de la prochaine réunion de la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage qui devait avoir lieu cette semaine pour discuter du prochain Schéma départemental de gestion cynégétique à courir sur six ans, Sophie Brocas a souhaité revenir sur l'agrainage des sangliers dans un département qui est, selon ses dires, « le deuxième plus touché de France par les dégâts de gibier ». « Il faut continuer à interdire l’agrainage durant six semaines, entre décembre et janvier, a-t-elle précisé. Plus vous nourrissez les sangliers, plus ils vont se développer. Les agriculteurs et les chasseurs doivent chasser. L’État ne peut pas être responsable de tout ». De son côté, la FNSEA 45 demeure partagée à ce sujet. Le syndicat agricole majoritaire a en revanche demandé à la préfète de s’engager sur l’utilisation de lunettes thermiques.
Gestion et retenues d'eau
Le deuxième arrêt de cette journée s'est fait chez Nicolas Gangloff, céréalier à Châtillon-Coligny, où il a été question de gestion de l’eau et de stockage aérien. Grâce à une réserve d'eau de 90 000 m3 créée en 2006 et alimentée par les eaux de drainage en excès l’hiver, l'exploitant peut pallier le déficit hydrique.
« Sur ma seconde exploitation reprise en 2017, je suis soumis à des quotas d'eau, détaille l'agriculteur. Entre restrictions et coefficients, il n'est pas simple de définir son assolement un an à l’avance sans connaître ses quotas d’irrigation ». Si Sophie Brocas se dit favorable aux retenues d'eau, elle maintient que les agriculteurs devront faire avec moins d'eau au cours des prochaines années.
Selon elle, des études HMUC (Hydrologie, milieux, usages et climat) sont indispensables pour avancer sur la problématique de répartition et de gestion de l'eau : « Sans études scientifiques sur la projection de la quantité disponible, nous n'y arriverons pas. Il faut avoir cette base scientifique pour élaborer un projet territorial de gestion de l’eau ». En ce sens, elle invite les agriculteurs à être présents au sein des Commissions locales de l'eau et à jouer collectif.
ZNT et superposition des normes
La journée s'est terminée à Cléry-Saint-André, chez Gabriel Beaulieu, ex-président JA 45, maraîcher, arboriculteur et céréalier. Il a alors été question de la difficulté de produire des fruits et légumes en raison de la suppression de certains produits phytosanitaires, des impasses techniques, du manque d'eau, et de la concurrence déloyale avec les autres pays européens. « Il faut plus de pragmatisme et arrêter la surtransposition des normes », a martelé Sébastien Méry.
Le manque de main-d'œuvre qualifiée a aussi été évoqué lors de ce dernier entretien. Un sujet dont la préfète s'est emparée depuis déjà plusieurs semaines a-t-elle fait savoir, mentionnant notamment sa volonté de faciliter les visas pour les travailleurs étrangers.
Enfin, la FNSEA 45 a réitéré sa demande d'internalisation des Zones de non-traitement (ZNT) dans les Plans locaux d'urbanisme (PLU). Une demande validée par la représentante étatique.
Menée avec détermination, cette visite a permis aux représentants agricoles de défendre plusieurs idées auprès de la préfète et de la Direction départementale des Territoires (DDT) comme le changement de cap du Président de la République, le changement de logiciel de l’administration « qui préfère le bâton, la norme, la taxation plutôt que l’incitation », ou encore l'abandon de la vision décroissante de l'agriculture. Produire pour nourrir les Français en passant par du revenu et de la compétitivité pour les agriculteurs ont été le leitmotiv de cette journée.