Sécheresse
La pluie se fait attendre
Depuis le début de ce mois de mai, l’inquiétude grandit dans le monde agricole. L’eau se fait attendre et les fortes chaleurs accentuent la sécheresse. État de la situation avec Gaël Azatkhanian, responsable du pôle grandes cultures à la chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher.
Depuis le début de ce mois de mai, l’inquiétude grandit dans le monde agricole. L’eau se fait attendre et les fortes chaleurs accentuent la sécheresse. État de la situation avec Gaël Azatkhanian, responsable du pôle grandes cultures à la chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher.
Depuis le début de l’année, l’eau n'est pas tombée en quantité suffisante. Les fortes chaleurs jusqu’à 10 °C supérieures aux normales de saison depuis le début du mois de mai accentuent le risque de sécheresse déjà bien élevé. « Les sols sont très secs et les précipitations sont déficitaires de 50 % par rapport aux normales », explique Gaël Azatkhanian, responsable du pôle grandes cultures à la chambre d’Agriculture.
Vigilance sécheresse
Le Loir-et-Cher est en vigilance sécheresse depuis début mai. La tendance peut-elle s’inverser ? « Oui, s’il pleut prochainement, la situation peut s’améliorer, même s’il est difficile aujourd’hui d’anticiper au jour le jour », détaille Gaël Azatkhanian. Actuellement, les nappes d’eau en Loir-et-Cher « sont basses et il y a un risque de limitation de l’irrigation » qui pourrait survenir si la situation perdure. Sur la nappe de Beauce, tous les ans la Dreal fait un point d’étape du niveau de remplissage au 1er avril. En fonction des mesures piézométriques, un coefficient est appliqué. Pour le secteur de la nappe de Beauce blésoise, ce coefficient est de 0,65 pour 2022 (contre 0,86 en 2021). Même si les irrigants ont accès à l’eau, Gaël Azatkhanian précise que « malgré la hausse de prix historiquement élevée dont bénéficient les productions en grandes cultures à l’heure actuelle, les charges opérationnelles vont fortement augmenter et les rendements de la campagne en cours ne sont pas pour autant assurés ». L’année dernière, la pluie s’est également fait attendre avec ensuite de nombreuses précipitations. « On espère avoir un scénario similaire à l’année dernière, où le début d’année était sec et ensuite les pluies sont arrivées », temporise le responsable grandes cultures de la Chambre.
Des solutions existent
Avec le conflit en Ukraine, « la pression est accrue au regard des enjeux de production ». L’eau est un enjeu primordial pour l’avenir agricole au niveau international. Gaël Azatkhanian, qui a travaillé auprès d’agriculteurs de différents pays, l’assure : « Sans eau, rien ne pousse et c’est le sujet qui rassemble les agriculteurs du monde entier ». L’eau est d’autant plus primordiale « dans le contexte de la souveraineté alimentaire et de la nouvelle Pac qui incite les agriculteurs à la diversification ».
Des solutions sont toutefois à l'étude, des groupes d’agriculteurs commencent à réfléchir à l’opportunité des retenues collinaires, c’est-à-dire stocker l’eau d’hiver pour une utilisation en différé. « La retenue collinaire, c’est un gros enjeu car cela éviterait d’irriguer à partir des nappes », explique-t-il. Il existe également la piste des nouvelles technologies qu’il « faut explorer » mais « pour quel investissement ? », conclut le responsable.
L'irrigation, une aide pour diversifier les assolements
François-Xavier Rone possède l’irrigation depuis six ans sur son exploitation. Avec le jour de son installation en 1991, c’est un des plus beaux moments de sa carrière. « Quand on voit jaillir l'eau, c’est presque miraculeux, c’est un souvenir mémorable », se remémore François-Xavier Rone. L’irrigation reste « un investissement qui fait réfléchir » mais il l’assure : « Ça vaut le coup ». Il possède 100 hectares irrigables avec 22 hectares de tournesol, 22 hectares de colza, 10 hectares de pois d’hiver, 10 hectares de pois de printemps, 10 hectares de pommes de terre et le reste en blé. Il reconnaît que « sans l’irrigation, je ne pourrais pas avoir une aussi grande diversification des assolements ».
Préserver l’eau
L’eau est un bien commun et François-Xavier Rone en a bien conscience : « Il faut préserver ce bien, donc on y fait attention ». L’irrigation par les nappes est une aide mais il existe d’autres solutions comme les retenues. « Je pense qu’on doit travailler davantage sur les retenues collinaires, le stockage de l’eau d’hiver est une solution pour l’avenir », affirme François-Xavier Rone. Tout au long de l’année, « grâce à la FNSEA 41 et à la chambre d’Agriculture, nous avons des rendez-vous pour dialoguer avec les pouvoirs publics pour permettre le partage de l’eau avec les collectivités territoriales, les particuliers et l'irrigation », conclut-il.