Construction
La paille : un plan béton !
Les dix-septièmes Rencontres nationales de la construction paille se tenaient à Montargis : trois jours pour apporter une pierre à l’édifice.
Les dix-septièmes Rencontres nationales de la construction paille se tenaient à Montargis : trois jours pour apporter une pierre à l’édifice.
Les dix-septièmes Rencontres nationales de la construction paille avaient lieu les 6, 7 et 8 juin à la Maison Feuillette, à Montargis. Un évènement organisé par le Réseau français de la Construction Paille (RFCP). Commentaire de Coralie Garcia, coprésidente de cette association placée sur les fonts baptismaux en 2005 : «Notre réseau regroupe quatre cents adhérents à travers toute la France. Celui-ci s’est constitué pour faire avancer la construction paille et en établir les règles.» Celles-ci sont contenues dans un document de deux cents pages. Des règles validées par un certain nombre d’acteurs parmi lesquels l’État et les assureurs. «Cela permet aux gens de construire en ayant confiance dans le matériau puisque celui-ci est reconnu.» La Maison Feuillette a été rachetée par le RFCP en 2013 dans un objectif de conservation du patrimoine. Un projet porté par le Centre national de la Construction Paille (CNCP), entité associative émanant du RFCP et présidée par Coralie Garcia : «Nous voulons en faire un bâtiment exemplaire sur les plans de la performance énergétique et de la qualité environnementale d’intérieur.» L’étape suivante, à l’horizon 2015, consistera à faire du hangar un espace de formation et d’innovation. Quant au troisième volet, il porte sur la réalisation de cinq logements participatifs en bout de terrain. Échéance prévue : 2016.
«La Maison a pu être sauvée car il y a eu une campagne de mobilisation à travers un appel aux dons et un prêt solidaire.» L’achat du bâtiment et les premiers travaux de réhabilitation ont coûté 200.000 €. Précisons que le CNCP reçoit des dons via la Fondation du Patrimoine, ce qui est un gage de transparence. «Quand on travaille avec de la paille, qu’on place dans une ossature de bois, on utilise un enduit permettant à la maison de bien respirer. Conséquence : la dépense énergétique est moindre que pour un bâtiment en béton. Un gain sur le long terme car, à l’achat, il n’y a guère de différence.»
Sur le plan technique, il n’y aurait qu’une seule difficulté : «Il faut se trouver dans une région où il y a une botteleuse afin de faire le bon format de botte. La région Centre s’est structurée en termes d’approvisionnements et de compétences de mise en œuvre. L’artisan travaille directement avec l’agriculteur : il n’y a pas d’intermédiaire. Un cahier des charges est défini avec l’agriculteur afin d’obtenir des bottes de qualité. Souvent, ce professionnel a encore une botteleuse dans sa grange : le calibrage ne pose aucun problème.»
La décision des pompiers
Le Réseau Twiza, association nationale, ouvrira très prochainement. Durant trois jours, son initiateur, Cédric Daniel, se trouvait à Montargis. Son objectif : «Présenter la première plateforme communautaire dédiée aux chantiers participatifs.» Les personnes qui se rendront sur la plateforme le feront soit pour publier une annonce de chantier soit pour participer à un chantier. Les buts recherchés : « Découvrir une technique ou se perfectionner avec celle-ci, voyager, rencontrer du monde, etc.»
Eduardo Arocena dirige Bois, Paille et Terre, une entreprise toulousaine (Haute-Garonne) : «Le problème numéro un réside dans la méconnaissance du public à l’égard des avantages de la paille : environnement, qualité d’isolation, confort de vie, économie d’énergie de l’habitation et moindre consommation d’énergie grise (NDLR : celle qui est nécessaire à la fabrication des produits, à leur transport, etc.). Les gens n’ont pas mesuré les futures hausses du prix du pétrole qu’ils subiront et beaucoup pensent qu’une maison en paille est plus chère que du conventionnel. Or ce n’est pas vrai. La paille est largement compétitive. Il y a des mensonges partout !»
Olivia et Sébastien projettent de construire un lotissement de quatorze logements dans le Var. L’obtention du permis de construire représentait leur problème majeur : «Ce qui bloquait, c’était la décision des pompiers. » Or durant leur séjour dans le Loiret, ils ont appris par téléphone que les derniers obstacles étaient levés. « Lors de ces Rencontres, nous avons obtenu des réponses techniques : choix du type de plancher, du type de couverture, etc.» Gageons que cela ne soit pas que feu de paille !
La construction paille en chiffres
- 3.500 bâtiments en France.
- 500 nouvelles constructions chaque année.
- Des maisons individuelles mais aussi des bâtiments recevant du public : crèches, etc. À Saint-Dié, dans les Vosges, un immeuble HLM de huit étages.
- Dix tonnes de paille sont nécessaires pour construire une maison de 100 m2.
- 130 bâtiments en région Centre et de vingt à trente nouvelles constructions chaque année.