La grippe aviaire est uniquement animale
L'Anses a séquencé la première souche de grippe H5N1 détectée le 25 novembre, confirmant qu'elle n'est pas transmissible à l'homme ou aux mammifères. Les autres souches détectées depuis (H5N2, H2N9, et d'autres H5N1) sont de la même famille. L'avis de l'Anses rassure la filière, car il devrait limiter les effets négatifs de l'épizootie sur la consommation intérieure à la veille des fêtes. Les conséquences sur l'exportation sont jugées modérées par le ministère de l'Agriculture.

La filière avicole peut se dire soulagée. Le séquençage de la première souche de grippe aviaire H5N1 détectée dans un poulailler familial, en Dordogne le 25 novembre, a permis à l'Anses de conclure, le 14 décembre, qu'elle n'est transmissible ni à l'homme, ni aux mammifères. Vraisemblablement, l'épizootie qui a jusqu'ici touché dix-huit élevages du Sud-Ouest de la France est uniquement animale. Le conditionnel reste de rigueur, car toutes les souches détectées depuis la mise en place des mesures de biosécurité (H5N2, H2N9, et d'autres H5N1) n'ont pas encore été séquencées, a expliqué le directeur santé animale de l'Anses, Gilles Salvat, lors d'une conférence de presse au ministère de l'Agriculture. L'autorité sanitaire s'est voulue rassurante. Toutes les souches sont de la même origine génétique que la première, et « aucun faisceau de présomption » ne porte à croire qu'elles sont transmissibles à l'homme ou aux mammifères. L'Anses a rappelé que si le séquençage complet d'un virus ne prend aujourd'hui qu'une semaine, il fallait encore compter une année pour réaliser la même analyse, il y a seulement dix ans.
Conséquences difficiles à évaluer
L'avis de l'Anses est une bonne nouvelle, explique la directrice de l'Itavi (Institut technique de l'aviculture), Anne Richard, car il devrait éviter une baisse de la consommation intérieure, à la veille des fêtes. «La mise en place des fêtes se déroule normalement», explique-t-elle. En dehors de nos frontières, dix pays ont mis en place des restrictions aux importations (Corée du Sud, Japon, Chine, Thaïlande, Tunisie, Algérie, Maroc, Taïwan, Égypte, Afrique du Sud), avec pour chacun des modalités différentes. Mais pour le ministère de l'Agriculture, la situation est jugée «à effet modéré». L'Arabie saoudite, principale destination des produits avicoles à l'export, n'a pas stoppé ses importations. Pour Philippe Mauguin, directeur du cabinet de Stéphane Le Foll, «l'important, c'est que (les restrictions) ne s'étendent pas, et que cela se limite aux recommandations de l'OIE, c'est-à-dire les reproducteurs et les oeufs à couver ». Pour l'heure, « les conséquences sont très difficiles à évaluer», concède Anne Richard. Elles devraient toucher essentiellement la génétique.
Probablement une mutation d'un virus local
Concernant l'origine de ces souches, l'hypothèse la plus probable est la mutation d'un virus européen faiblement pathogène en une version fortement pathogène, puis son évolution (en H5N2, H2N9 par exemple) «à bas bruits», c'est-à-dire sans mortalité importante, chez les oies et canards, peu sensibles aux virus grippaux. «Globalement, il s'agit d'une même famille qui a circulé», explique Gilles Salvat. En tous les cas, toutes ces souches sont très différentes de la souche asiatique H5N1, transmissible à l'homme, connue depuis 1996 et à l'origine de nombreuses crises à travers le monde depuis les années 2000. À ce jour, trente foyers ont été détectés dans cinq départements (Pyrénées-Atlantiques depuis le 11 décembre).