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Irrigation
La gestion de l'eau au centre des travaux de l'AG de l'AIEL

L'Association des irrigants d'Eure-et-Loir (AIEL) a tenu son assemblée générale mardi 21 mars à Chartres, sur la thématique de la maîtrise de la consommation de l'eau dans un contexte plutôt compliqué actuellement.

C'est dans un climat particulièrement tendu autour de la question de la gestion de l'eau que se déroule mardi 21 mars à Chartres, l'assemblée générale de l'Association des irrigants d'Eure-et-Loir (AIEL).

Le cas beauceron

Dans son discours, son président Marc Langé relève un élément qui a peut-être exacerbé les tensions autour du cas de la nappe de Beauce. En effet, si l'été 2022 a été très sec, « nous étions la seule zone en France sans restriction d'irrigation, à part bien sûr le problème de Francourville, souligne-t-il. Et ce pour une simple raison, une gestion collective de la nappe exemplaire, que nous devons à nos pairs, enviée par bon nombre de régions. Elle sert de base à la future modélisation de la nappe de la Craie ».

Revenant sur la campagne qui va s'ouvrir bientôt, le président rappelle que l'on s'attend à un faible coefficient compte tenu du niveau actuel de la nappe mais que les exploitants ont été prévenus très tôt : « Je pense que chacun a pu, en conscience, adapter son assolement ». Si le chiffre officiel n'a pu être communiqué lors de cette réunion — il devait être connu le lendemain —, un point a été fait un peu plus tard par le président de l'Organisme unique de gestion concertée (OUGC) de la nappe de Beauce, Jean-Michel Gouache, et Francis Golaz, de la chambre d'Agriculture, sur l'état de la réserve.

Après avoir expliqué comment était déterminé ce coefficient d'attribution de l'eau d'irrigation, le président de l'OUGC confirme ce qui avait été annoncé : « Nous arrivons sur un 0,66, c'est le seuil qui sera proposé. Il faut y ajouter le coefficient de solidarité, destiné à permettre l'arrivée de nouveaux irrigants et de nouvelles parcelles, fixé à 0,987 cette année. Il va falloir faire avec ce volume ».

72 % du volume consommé

Francis Golaz livre ensuite quelques chiffres : le nombre d'irrigants (1 007) est en très léger retrait et le nombre de forages (1 302) stable. Quant au bilan des consommations de la campagne 2022, il relève que 72 % du volume a été consommé et pointe que sept irrigants ont dépassé leur quota pour 18 991 m3, volumes qui leur seront imputés pour la prochaine campagne. Après avoir regretté qu'il fallait rappeler à certains de déclarer leurs volumes en temps et en heure, au risque de pénaliser l'ensemble des irrigants, Francis Golaz est revenu sur un autre point : la mise aux normes des têtes de forage. « Il y a un minimum de protection à mettre en œuvre pour éviter que l'eau de ruissellement, voire des déchets, puissent pénétrer dans la nappe. C'est une question de salubrité publique. La DDT peut vous astreindre à vous mettre aux normes et les délais sont alors contraints », prévient-il.

Il continue pour alerter sur le risque qui plane autour de la révision de l'arrêté-cadre sur la nappe de Beauce en 2024. Il explique d'abord le cadre actuel, avec la mise en place de restrictions d'irrigation si deux ou trois des cinq rivières qui en dépendent sont en vigilance ou en crise. Or, lors de la dernière réunion avec la Dreal, le 10 mars, celle-ci a proposé de sectoriser le périmètre de la nappe de Beauce en zones correspondant aux bassins de ces rivières et donc d'appliquer des restrictions en fonction de l'état de chacune.

La patate chaude

« Ce découpage est très impactant puisqu'une rivière est plus facilement en crise que trois… L'an dernier, nous n'avons pas eu de crise sur la nappe de Beauce mais si on avait appliqué cette règle-là, il y en aurait eu », souligne Francis Golaz. De plus, la Dreal demande que ce soit l'OUGC qui propose les mesures à prendre : « On nous renvoie la patate chaude, intervient Jean-Michel Gouache. Il est hors de question d'assumer ce genre de choses. Le vrai piège serait que l'on nous dise ensuite que les mesures proposées ne sont pas suffisantes… ».

La position des irrigants est de s'opposer à cette sectorisation et aux restrictions horaires. « Si nous avions déterminé un seul secteur pour la Beauce centrale, c'est qu'au niveau hydrogéologique ça a du sens », souligne Francis Golaz. Rendez-vous est fixé par la Dreal à l'automne pour déterminer les règles à mettre en place en 2024… « Nous allons prendre le temps de réfléchir mais l'enjeu est énorme. Il est hors de question de changer complètement les règles du jeu », prévient Jean-Michel Gouache.

Compliqué en rivière

Avant cela, le référent rivières de l'AIEL, Bernard Guillaumin, fait un retour sur la campagne précédente : « La campagne a débuté fin avril et le premier arrêté de restriction est tombé le 2 juin. La règle a changé cette année avec des restrictions dans la journée au lieu de jours fixes. Les restrictions ont été de plus en plus drastiques jusqu'en septembre. L'année a été très difficile pour irriguer en rivière. La campagne 2023 semble encore plus problématique, les débits sont plus bas. Arroser en rivière, c'est compliqué. Nous ne sommes pas très nombreux, mais nous essayons de continuer ».

Un petit matelas

Dans le cadre de la partie statutaire des travaux de l'assemblée générale, le trésorier de l'AIEL, Benoît Nouvellon, présente ses comptes : « Nous avons une association qui tourne bien ». Il ajoute que les cotisations resteraient inchangées. Et au sujet de l'argent dont elle dispose : « Nous pouvons avoir besoin d'un hydrogéologue, de faire appel à un avocat, vous savez ce que ça coûte… Je préfère que l'on ait un petit matelas ».

Une bonne partie de l'assemblée générale est consacrée ensuite à une série d'interventions sur des solutions pour économiser l'eau d'irrigation.

Des solutions pour optimiser l'irrigation 

Comme il semble que les irrigants vont devoir composer à l'avenir avec moins d'eau, l'Association des irrigants d'Eure-et-Loir (AIEL) a choisi d'inviter une poignée d'intervenants proposant des solutions pour l'économiser, lors de son assemblée générale, le 21 mars à Chartres.
 

OAD en ligne

Le 21 mars, à Chartres. Comme la société Isagri et leurs sondes Meteus, plusieurs options pour optimiser l'irrigation ont été présentées.
Ainsi, l'agronome de la Chambre, Marc Guillaumin, est venu parler d'un outil d'aide à la décision entièrement en ligne, conçu par les Chambres et amélioré en collaboration avec la société Seabex : Net-irrig. Celui-ci promet d'apporter la bonne dose au bon endroit et au bon moment, en se basant sur la réserve utile du sol et les précipitations.
Ensuite, deux représentants d'Isagri, Esther Florin et François Legendre, ont présenté la solution apportée par leurs sondes Meteus, développées depuis trois ans. Ces sondes capacitives d'irrigation surveillent le potentiel hydrique des sols sur plusieurs horizons. Renseigné sur ce point, l'exploitant peut piloter son irrigation.
Nicolas Maupu a ensuite pris la parole au sujet d'améliorations apportées aux stations météo Sencrop. Celles-ci, en plus de l'accéléromètre et du pluviomètre connectés, peuvent être dotées d'un capteur d'irradiance, Solarcrop, qui permet d'évaluer l'évapotranspiration des plantes. Cette solution sans sondes, s'appuie aussi sur le réseau des utilisateurs. Puis, Olivier Vasseur est venu présenter la solution proposée par Weenat. Il s'agit là aussi de sondes tensiométriques, avec un parc installé de 800 en Eure-et-Loir, qui peuvent être couplées à une intelligence artificielle qui calcule le potentiel hydrique à sept jours. Pour un gain espéré de 10 à 20 %. Elles sont proposées par la Scael.
 

Goutte-à-goutte

Enfin, Nicolas Poussin et Louis Estève ont fait le déplacement jusqu'à Chartres pour parler de Netafim. Il s'agit d'un système d'irrigation goutte-à-goutte qui a fait ses preuves en viticulture et en arboriculture mais qui se développe en grandes cultures. L'objectif est de maintenir un statut hydrique confortable pour la plante par de la petite irrigation quotidienne. Le système revendique aucune perte en eau mais d'un point de vue de l'approche économique, de l'aveu même des intervenants : « Ça pique un peu ».
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