La filière betteravière doit gagner en compétitivité, selon la CGB
La CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) a mis l'accent le 3 décembre sur les gains de compétitivité nécessaires à l'approche de la fin des quotas sucriers en 2017.
«Les 26 000 planteurs ne mesurent pas forcément les vraies conséquences » de la dérégulation du secteur betteravier, a estimé le président Eric Lainé, voyant « un véritable changement de paradigme avec la fin des quotas et des prix minimum». «La concurrence va s'accroître, la volatilité des prix aussi. Mais de nouvelles opportunités à l'export verront le jour. »Au 1er octobre 2017, le plafond imposé par l'OMC aux exportations européennes de sucre disparaîtra. Les betteraviers seront directement en prise avec le marché mondial. Or, les coûts de production français restent supérieurs d'environ 20 à 30 % à ceux du Brésil, numéro un de la production mondiale de sucre de canne. «Il faut encore améliorer la compétitivité de la filière», a insisté Eric Lainé. Des itinéraires culturaux plus performants, l'allongement de la durée de campagne seront notamment au menu de l'assemblée générale de la CGB le 8 décembre.L'actuelle campagne betteravière doit s'étaler sur 96 jours. Une durée nettement inférieure aux 113 jours de la précédente et loin des 130 jours visés après 2017. «Dix-sept jours d'écart par rapport à l'an dernier, c'est considérable», a souligné le directeur général Alain Jeanroy, rappelant que la durée de campagne permet d'écraser les frais fixes des usines. « Les fabricants de sucre subiront une augmentation de leurs coûts de production unitaire » en 2015-16, en a-t-il déduit. Et de chiffrer l'avantage d'une campagne portée à 130 jours. Avec vingt jours supplémentaires, l'économie serait de 20 euros/t de sucre, soit 1,5 euro/t de betterave (en se basant sur un partage 50/50 avec le fabricant), d'après ses calculs. La filière s'y prépare déjà en se penchant sur la conservation des betteraves. De nombreux essais sont menés sur la protection des silos, via le bâchage mécanisé, le paillage, a indiqué la CGB.
«Des planteurs réfléchissent à arrêter»
Les planteurs sont invités à réduire leurs coûts de production, en surveillant par exemple les investissements, l'organisation des chantiers. D'autant plus que la situation en termes de revenus n'est « pas très satisfaisante ». Une étude, sur la base des données des Centres d'économie rurale, évalue le coût moyen de production à 25,5 euros/t de betterave sur la base du rendement quinquennal de 89 t/ha. Sa valeur est équivalente au prix moyen du quota et hors quota, de 24 euros/t pour la récolte 2015 (contre 23,2 euros/t l'an dernier), augmenté de la rémunération de la pulpe, à 1,5 euro/t. «Les planteurs de certaines zones réfléchissent à arrêter (la culture de betteraves) après 2017», s'est inquiété Alain Jeanroy.Une embellie est toutefois prévue lors de la prochaine campagne. Si les prix mondiaux évoluent entre 20 et 21 euros/t de betterave actuellement sur le marché mondial, les fabricants tablent sur 22 à 24 euros/t pour les semis à venir. Une évolution liée au basculement vers un déficit de l'offre dès 2015-2016. Selon la CGB, les surfaces en France devraient grimper à 400 000 ha l'an prochain (contre 382 858 ha cette année), dernière campagne avant la suppression des quotas.Les planteurs regardent déjà l'après-2017, réclamant un prix de la betterave corrélé au prix du sucre, comme aujourd'hui. «La réussite passe par l'unité de la filière», a souligné Eric Lainé, appelant à un accord interprofessionnel national et doté d'un contrat type. La CGB défend un partage du prix du sucre à 56 % pour le fabricant, 44 % pour le planteur. «On demande à être payé en fonction du prix du sucre, avec un partage prédéfini avant les semis», a insisté Alain Jeanroy.