La Coupe du Monde de Football aurait dû promouvoir l'agriculture brésilienne
La Coupe du monde de football au Brésil s'est terminée sur la victoire de l'Allemagne en finale face à l'Argentine, le moment est idéal pour revenir sur l'agriculture brésilienne. Selon Tania Rebello, journaliste agricole à Rio de Janeiro, « Les agriculteurs sont responsables de près d'1/3 du produit intérieur brut (PIB) du pays. Le Brésil est le premier exportateur mondial de viande bovine et c'est l'un des trois principaux producteurs et exportateurs de soja (les deux autres sont Etats-Unis et Argentine). C'est l'un des principaux exportateurs de viande de poulet et de maïs et c'est surtout le premier exportateur mondial de café, de sucre (de cannes) » nous explique la journaliste. D'ailleurs, le brésil est devenu au fil des années, un fournisseur majeur de la Chine. 60% de la récolte du soja du brésil sont exportés vers la Chine.
600 millions de tonnes de sucre de canne
« Nos cultures principales au Brésil sont le soja : on compte une récolte 2013-2014 de 86 millions de tonnes (la récolte brésilienne débute en juillet et se termine en juin de l'année suivante), le maïs produit à 77 millions de tonnes récoltés sur deux saisons été et hiver, le café que nous produisons à 45 millions de tonnes et le sucre de canne dont la récolte et le broyage s'étendent du 1er avril au 31 mars de l'année suivante et représentent à 600 millions de tonnes » poursuit la journaliste. « Une partie de la production de sucre de canne est transformée. En 2008, le Brésil a produit 22,3 milliards de litres d'éthanol, soit 1/3 de la production mondiale »
En élevage, le Brésil est aussi en position de force. Selon le ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de l'Approvisionnement au Brésil, chaque année, la participation du Brésil au commerce international est en croissance, notamment en ce qui concerne la viande de boeuf, de porc et de poulet. Selon ce même ministère, en 2020, la production intérieure de viande représentera 44,5% du marché mondial. « Ceci montre que le Brésil pourrait conserver sa position de leader sur le marché de la viande bovine » explique Tania.
Pourtant, il faut savoir que le travail de l'agriculteur brésilien n'est pas forcément valorisé en zone urbaine mais récemment des campagnes de marketing visent à améliorer la vision de l'agriculture et de l'agriculteur brésilien.
Trois récoltes par an ?
L'agriculture brésilienne a vraiment évoluée en 30 ans. La récolte 1976-1977 représentait près de 47 millions de tonnes. 40 ans plus tard, ce chiffre a été multiplié par 5 avec une récolte de près de 193 millions de tonnes de céréales. Durant cette même période, la superficie cultivée est passée de 37 millions d'hectares à 57 millions. Presque le double. « L'agriculteur brésilien, plus technologique, peut produire davantage avec moins de superficie. C'est très important car cela a réduit la déforestation. Ceci est dû notamment à un climat toujours propice pour l'agriculture brésilienne » Avec la chaleur et la forte incidence de la lumière du soleil, l'agriculture brésilienne pourrait produire jusqu'à trois récoltes en seulement une année, sur une même zone, juste en alternant les cultures comme le maïs, le soja et le blé.
« L'inégalité au sein de l'agriculture brésilienne est aussi très forte. On compte des exploitations très riches avec beaucoup de terres à cultiver et d'autres très pauvres avec peu de terres. Il n'y a pas vraiment de juste milieu » explique la journaliste. « Il y a ceux qui respectent l'environnement et la législation et il y a aussi les autres ». Il faut savoir que l'esclavage dans les fermes au Brésil existe toujours.
Des infrastructures assez médiocres
Au Brésil, il y a beaucoup de taxes relatives à toute activité productive qu'elle soit industrielle, commerciale ou agricole. « C'est un mal au Brésil et cela devrait être résolu » raconte Tania. « Ce qui dérange les agriculteurs c'est le « coût Brésil ». En effet, le producteur brésilien est très compétitif en ce qui concerne sa production à l'intérieur de son exploitation. Dès que vous vendez votre récolte, vous êtes confrontés à la logistique. Au Brésil, les routes sont dans un très mauvais état et le transport de marchandises se fait essentiellement par la route. C'est le moyen de transport le plus cher. En plus il y a des files d'attente dans les ports. Les camions disponibles pour transporter la marchandise se font rares et les entrepôts pour la stocker sont réduits ». On peut donc comprendre qu'il y a un gros déficit au niveau des infrastructures brésiliennes, que ce soit pour le transport ou pour le stockage des récoltes massives. « L'agriculture a connu une croissance considérable ces dernières années et les infrastructures n'ont pas évoluées aussi vite ! »
Il faut savoir que les agriculteurs brésiliens sont aussi subventionnés par le gouvernement. Ils disposent de taux d'intérêt préférentiels sur les prêts destinés à acheter des machines, des intrants, des équipements... De plus, les agriculteurs bénéficient d'un financement commercial sur l'exportation des grains. « A peu près 30% des besoins des financements de la récolte au Brésil sont comblés par les entreprises commerciales exportatrices » explique la journaliste.
L'agriculteur français est bien vu au Brésil
L'agriculteur français a une bonne image auprès des agriculteurs brésiliens. « La course française à produire certains articles, tels que les fromages et les vins, est indéniable et fortement reconnue ici. Pour moi, un autre point fort de l'agriculture européenne, c'est le bio. Au Brésil, les agriculteurs tendent à faire des efforts mais pour le moment, ils utilisent de plus en plus de pesticides et il y a peu d'unité entre les agriculteurs pour qu'ils se battent pour une cause commune » poursuit Tania. « D'ailleurs, il y avait un projet pendant la Coupe du Monde : promouvoir l'agriculture brésilienne notamment l'agriculture biologique. Ce projet a avorté avant même de débuter... »
« Il faut quand même souligner que le Brésil est l'un des rares pays au monde à disposer encore d'une vaste étendue de terres arables. Nous n'aurions pas besoin d'enlever tous les arbres pour augmenter le millions d'hectares déjà disponibles. Il y a 200 millions d'hectares de prairies et 30% de ces terres seraient dégradés. En transformant ces 30% en superficie cultivable, on pourrait doubler la superficie agricole totale ».