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La Chambre passe au crible les enjeux de la future Pac
Réunis en session sur Internet le 8 mars, les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir passent en revue l'actualité agricole, à commencer par la future réforme de la Pac.
Réunis en session sur Internet le 8 mars, les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir passent en revue l'actualité agricole, à commencer par la future réforme de la Pac.
La crise sanitaire a une nouvelle fois contraint les membres de la chambre d'Agriculture à se retrouver sur Internet pour leur session, lundi 8 mars. Celle-ci se déroule sous l'œil du préfet, Françoise Souliman, qui assiste pour la première fois à ces travaux.
Et compte tenu de ce cadre, ceux-ci sont réduits à une demi-journée. Un format court qui n'empêche pas son président, Éric Thirouin, de brosser un tour complet de l'actualité agricole.
Fixés dans neuf mois
Avant cela, l'économiste de la Chambre, Alain Baraduc, fait un point sur les négociations autour de la prochaine Politique agricole commune, en cours actuellement : « Il reste neuf mois pour savoir à quelle sauce la France souhaite aborder ce sujet », pointe le président.
Selon l'économiste, la Pac représente 12 % de la valeur agricole de la région et, pour le moment, seuls sont connus son budget, « moins mauvais que craint avec une baisse de 0,2 % », et ses grandes orientations.
Celles-ci reposent sur une plus grande subsidiarité des États membres et sur un renforcement de son architecture verte. Dans les faits, le verdissement actuel entre dans la conditionnalité, il n'y aura plus de paiement vert, et apparaît un éco-dispositif — ou éco-schème — dans le cadre des aides du 1er pilier, qui compterait pour 20 à 30 % de ces aides.
La France doit rendre sa position concernant, entre autres, les conditions d'application de cet éco-régime, dans les prochaines semaines.
Stopper la baisse
L'enjeu de cette négociation pour les agriculteurs euréliens est clair : stopper la baisse des aides de la Pac, qui a été de 25 % en six ans, soit environ 77 euros de l'hectare.
« C'est d'autant plus important pour le département que nos revenus sont en berne », relève Éric Thirouin dans son tour de l'actualité agricole, ajoutant : « En 2020, notre excédent brut d'exploitation a été un des plus faibles depuis 2015. Nous avons plus que jamais besoin d'une Pac qui nous soutienne. L'enjeu est donc de taille, les deux dernières réformes ont mené à un faible revenu du secteur céréalier ».
« Il nous faut un premier pilier fort, martèle le président de la Chambre. La moyenne nationale des aides Pac est de 315 euros et le dernier département de France, bienvenue Madame le Préfet vous y êtes, c'est l'Eure-et-Loir avec 232 euros d'aide à l'hectare, le plus élevé c'est celui du ministre qui a mené les dernières négociations… (Michel Barnier, Hautes-Alpes, 715 euros, NDLR). Certes il est bien normal que les handicaps naturels soient reconnus mais l'Eure-et-Loir a, à chaque fois, été victime des subsidiarités ».
Corriger les choses
Pour Éric Thirouin : « Lors de ces négociations, il ne faudrait pas aggraver les choses et si possible les corriger au mieux ». Dans la suite de son propos, il réaffirme sa volonté de voir les aides de l'éco-schème accessibles à tous et prenant la forme d'un montant forfaitaire à l'hectare.
Il souligne ensuite le fait que les aides à l'investissement du 2e pilier ont évincé les grandes cultures, avec un taux de subvention de 7 %, contre 30 à 40 % en moyenne pour les autres secteurs : « Il y a là une iniquité de soutien assez hallucinante », relève-t-il.
Revenant sur une actualité plus locale, Éric Thirouin évoque la demande de reconnaissance du Perche en calamité agricole, à la suite des conditions climatiques extrêmes de l'été dernier.
Après les travaux menés par les services de la DDT et les éleveurs, ce secteur a d'ailleurs été reconnu pour des pertes supérieures à 50 % : « Mais à quoi sert ce précis travail de calcul des pertes si les seules données nationales sont retenues, faisant baisser le maïs à 40 % et les prairies à 39 % ? C'est se moquer des agents de l'État et des éleveurs ! ».
Des enjeux considérables
Le président de la Chambre aborde ensuite la question de la gestion quantitative de l'eau car la préfecture l'interroge sur l'élaboration d'un arrêté encadrant la limitation progressive des usages de l'eau en période de sécheresse : « Les propositions qui sont avancées actuellement, sur des demandes de déplacement de forage à la charge des irrigants ou sur des avances des seuils de déclenchement, ne sont ni audibles, ni acceptables, si elles ne reposent sur aucun fondement scientifique. Nous devons arrêter de prendre des mesures pour faire plaisir à un groupe de pression*. Pourquoi remettre en cause des règles mises en place l'année dernière et qui ont permis de concilier les enjeux de l'alimentation en eau potable et l'irrigation ? Je rappelle que les enjeux économiques sont considérables ».
La concertation doit se poursuivre…
*en l'occurrence la Fédération départementale de pêche, précise plus tard Éric Thirouin.
Semaine de l'agriculture