Aller au contenu principal

La Chambre du Loiret à l’heure américaine

Durant une journée, Alain Bellicot, installé aux États-Unis et spécialisé dans le conseil agronomique et l’agriculture de précision, a été l’invité de la Chambre d’agriculture.

Alain Bellicot, à gauche de Michel Masson, à l’issue de la réunion du bureau de la Chambre, jeudi 3 mars, en fin de matinée.
Alain Bellicot, à gauche de Michel Masson, à l’issue de la réunion du bureau de la Chambre, jeudi 3 mars, en fin de matinée.
© loiret agricole et rural

Dans notre édition de la semaine dernière, nous avions consacré un article à Alain Bellicot. Ce Bourguignon, installé aux États-Unis depuis plus de quarante ans, dirige la société CropOne, spécialisée dans le conseil agronomique et l’agriculture de précision. Le mercredi 24 février, l’homme se trouvait chez les Établissements Cornet, à Pithiviers-le-Vieil, où il était intervenu devant un parterre de techniciens et d’agriculteurs. Le jeudi 3 mars, le chef d’entreprise était l’invité de la chambre d’agriculture. Le matin, lors d’une réunion du bureau, il prit part à une discussion à bâtons rompus.

Jean-Jacques Hautefeuille ouvrit les échanges : « Dans les médias du service public français, il y a une propagande anti-pesticide. Or nourrir le pays avec une agriculture entièrement biologique est impossible. Il y a un consensus entre la droite et la gauche pour défendre notre industrie nucléaire et l’opinion publique adhère. Pourquoi n’y a-t-il pas le même consensus sur les pesticides ? Nos dirigeants politiques manquent de courage ! » Commentaire d’Alain Bellicot : « Nous sommes tous consommateurs de programmes télévisuels et on entend ce qu’on veut entendre. »

La discussion se poursuivit avec cette intervention de Michel Masson : «  Il y a un décalage de mentalité entre les États-Unis et la France. Outre-Atlantique, le concept est le suivant : il faut une agriculture performante pour nourrir le monde. Les farmers sont soutenus par les responsables politiques vis-à-vis de l’opinion publique. Chez nous, celle-ci est favorable à l’agriculture, mais à celle d’avant. La modernité est brocardée. Aux États-Unis, la science ne fait plus peur aux gens. En France, on a des marchands de peur ! » Philippe Galloo : « En France, l’opinion des gens est influencée par la télévision et les médias. Aux États-Unis, il existe d’autres systèmes d’influence. » Réaction d’Alain Bellicot : « Chez nous, on n’hésite pas à progresser. On a la volonté de faire. »

Des ventes aux enchères

Au pays de l’oncle Sam, le statut du fermage n’existe pas : « Des baux ruraux de un à trois ans : c’est dangereux » s’exprima l’un des participants. Outre-Atlantique, louer un hectare coûte de 500 à 700 € et il arrive qu’il faille payer à l’avance. Pour un achat, les prix oscillent entre 10.000 et 20.000 € de l’hectare et les ventes se font aux enchères. « Il est aussi facile de s’installer que de faire faillite s’exprima le consultant. Aux États-Unis, les agriculteurs représentent 2 % de la population. Demain, on peut tourner à 1 % : la technologie le permet. » L’endettement des agriculteurs crée une bulle spéculative qui peut exploser un jour. « Ceux qui restent, ce sont les meilleurs » déclara Michel Masson.

Alain Bellicot analysa : « On travaille avec les Universités, l’administration, les chambres d’agriculture, les coopératives et les fabricants de matériel afin que les agriculteurs en tirent profit : si c’est le cas, moi aussi, j’en bénéficie. » Outre-Atlantique, les exploitants s’engageant dans l’agriculture de précision bénéficient d’un soutien financier de 40.000 €. En 2015, dans le Minnesota, en maïs, les rendements ont été de 120 q/ha avec un taux d’humidité de 18 %. Sur quelques dizaines d’hectares, on a enregistré des records de 300 quintaux ! Sans irrigation. En soja, les rendements sont passés de 40 q/ha à 45 q/ha : les résultats s’améliorent mais moins vite qu’en maïs. En quelques années, en betteraves sucrières, les rendements sont passés de 50 t/ha à 80 t/ha avec un taux de sucre de 17 %. Les betteraviers américains n’utilisent plus que 40 unités d’azote par hectare contre 100 auparavant. Précisons que la betterave leur est payée 46 € la tonne.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

De gauche à droite, Éric Thirouin, président de l'AGPB, François Jacques, secrétaire général d'Arvalis, Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France, Mélanie Franche, ingénieure chez Arvalis et animatrice de la filière Orges brassicoles, Philippe Dubief, président de la filière orges brassicoles pour Arvalis et l'AGPB, Jérôme Fabre, directeur de la région Est d'Arvalis, Benoît Piétrement, président d'Intercéréales, Jean-Philippe Jélu, président de Malteurs de France ...
La filière brassicole unie pour relever les défis
Renforcer la compétitivité de chaque maillon de la chaîne et anticiper les évolutions des marchés, telles étaient les priorités…
Abonnez-vous à Horizons
Vous abonner à Horizons, c'est profiter de multiples avantages.
Hervé Beulin, Damien Rocher, Benoist Bertheau et Julien Lecointe (de g. à d.) sont tous les quatre agriculteurs dans l'Orléanais. Ils témoignent de leurs difficultés.
Dans l’Orléanais, les agriculteurs tirent la sonnette d’alarme
Ce premier volet d’une tournée à travers le département donne la parole aux agriculteurs. Dans le secteur de l’Orléanais, ces…
Vendredi 14 mars, à Orléans. La nouvelle chambre d'Agriculture Centre-Val de Loire a été installée. Elle est présidée par Maxime Buizard Blondeau (5e à d.). Il succède à Philippe Noyau.
Maxime Buizard Blondeau élu à la tête de la chambre régionale d'Agriculture Centre-Val de Loire
Lors de la session d’installation de la chambre régionale d’Agriculture Centre-Val de Loire,  vendredi 14 mars à…
Olivier Hardouin (à g.) et François-Xavier Rone.
Olivier Hardouin, nouveau président de la FNSEA 41
La FNSEA 41 a tenu un conseil d’administration électif lundi 31 mars. Olivier Hardouin a été élu nouveau président du…
Lundi 31 mars, entre Itteville et Cerny (Essonne). Une dizaine d'agriculteurs se sont donné rendez-vous pour faire part de leur mécontentement.
Les agriculteurs se mobilisent à cause des routes trop étroites
Les agriculteurs de l'Essonne ont organisé une manifestation lundi 31 mars à l'aube. L'objectif était de démontrer la…
Publicité