Sécheresse
La bio-cimentation pour lutter contre l'effet de la sécheresse sur les routes ?
Le Département du Loiret et le Cerema expérimentent une nouvelle solution inédite pour lutter contre les effets de la sécheresse sur la chaussée.
Le Département du Loiret et le Cerema expérimentent une nouvelle solution inédite pour lutter contre les effets de la sécheresse sur la chaussée.
Depuis 2018, le Département du Loiret collabore avec le Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et l'aménagement (Cerema) afin de contribuer au développement de l’Observatoire des routes sinistrées par la sécheresse (ORSS). Ce dispositif expérimente de nouvelles solutions durables et écologiques face aux effets des sécheresses sur les routes, en particulier des déformations et des fissures liées aux variations de la teneur en eau des sols argileux. Une portion de la RD 151, à Saint-Loup-des-Vignes, a été retenue pour une expérimentation inédite du 17 au 28 juillet.
Une première mondiale
Jeudi 20 juillet, en présence d'Hervé Gaurat, vice-président du Département en charge des mobilités et de l’aménagement du territoire, et des représentants du Cerema, la start-up suisse Medusoil a présenté la nouvelle solution qu'elle a développée : la bio-cimentation. Grâce à l’injection d'un produit à base de carbonate de calcium dans les accotements de la chaussée, les particules de calcite contenues dans l’argile se minéralisent et suppriment ainsi les effets de l’eau sur ces sols. Cette expérimentation à taille réelle pour limiter les effets du retrait-gonflement de l’argile sous les chaussées, est une première mondiale. Selon Sandrine Eugène, directrice de l'ingénierie et des infrastructures du Loiret, 70 % du sous-sol départemental serait constitué d’argile. La bio-cimentation serait donc « une solution technique qui permettrait d'éviter les réparations ponctuelles des routes, et ainsi rendre les chaussées du département plus pérennes ».
Des risques pour les terres agricoles ?
Afin d'injecter le bio-ciment dans les sols, plusieurs forages sont nécessaires. Sur 230 mètres de la route départementale 151, plusieurs forages de 4 centimètres de diamètre s'enfoncent jusqu'à 2 mètres de profondeur pour atteindre la zone argileuse des sols. « Une fois les forages effectués, nous insérons un tube afin d'y injecter le produit à faible pression pour ne pas créer de dégât dans le sol, précise Sten Rettby, chef de projet pour l’entreprise Medusoil. Six cycles d’injection permettent ensuite au produit de se diffuser dans le sol ». Au total, 30 litres de produit seront injectés dans chaque forage. Composée à 100 % de produits naturels, cette solution « n'est pas censée se transmettre vers les sols des cultures, rassure l'expert. Le produit a été contrôlé et certifié par les organismes environnementaux habilités ».
Cinq ans de recul nécessaires
Assez récentes, les injections de cette bio-cimentation n'ont pas encore prouvé leur efficacité, même si les premiers résultats de « l’étanchéification horizontale des accotements sont très encourageants », annonce le Cerema. Afin de suivre et d'évaluer l'apport de cette solution, la chaussée sera équipée de vingt sondes hygrométriques permettant de mesurer en temps réel la teneur en eau du sol. Ces données seront couplées à une station météo. L’ensemble des informations seront transmises en 4G au Cerema afin de suivre l’évolution de la teneur en eau et donc l’efficacité de la solution. Cinq ans de recul seront nécessaires pour déterminer la fiabilité de cette innovation.