Jeunes agriculteurs travaille sa communication
Le 5 février, Jeunes agriculteurs a tenu son assemblée générale à Choue sur fond de crise agricole et volonté de mieux communiquer.
« La Pac, ça veut dire Piège à cons, c’est clair, net et précis. » Dès le départ, le ton de l’assemblée générale de Jeunes agriculteurs (JA) a été donné par son président, Guillaume Gonet.
Il s’est adressé aux élus et aux représentants de l’administration présents ce 5 février à Choue : « Nous n’avons aucune idée de ce que l’on fait et où l’on va : on va vous les amener, les dossiers ! On n’arrête pas de recevoir des courriers, par exemple pour les SNA (Surfaces non agricoles) — et ce n’est pas fini. C’est beau, la simplification ! »
De la simplification, JA en réclame aussi pour l’installation, alors que l’administration demande à présent des promesses de baux signées, pendant que les propriétaires veulent les autorisations avant de signer les baux… « Cette situation risque de bloquer les reprises d’exploitation », a alerté Grégory Beaufort.
Chaque responsable de groupe est ensuite venu à la tribune avec toujours ce même ton revendicatif, mêlant colère et ironie. « En caprins, nous avons déjà rempli la demande d’aides Pac pour cette année alors que nous n’avons toujours pas touché toutes les aides des déclarations d’il y a un an », a souligné Sylvain Boiron.
En grandes cultures, Julien Perron regrette que les contrôles ne soient pas plus souples, comme cela avait été acté : « Jusque-là, on a été assez gentils ! »
Quelques notes d’optimisme ont tout de même été mises en avant comme l’aide exceptionnelle du conseil départemental aux éleveurs, le plan avicole du Loir-et-Cher dont les objectifs ont été dépassés, les primes plantations en viticulture sur des autorisations nouvelles…
« J’aimerais ne pas râler et être content. J’aimerais communiquer sur de belles choses », a lancé Matthieu Haudebert.
La communication, justement, était le thème choisi par Jeunes agriculteurs pour la deuxième partie de son assemblée générale. Rémi Dumery, agriculteur à Orléans (Loiret), a donné sa vision d’une communication réussie : « Le grand public est paumé dans tout ce qu’on lui raconte. »
Tout d’abord, il préconise de bien définir sa cible comme le fait déjà le syndicat avec des interventions en écoles et collèges ou avec Papilles en fête.
Sur la forme, « il faut occuper le terrain », que ce soit en campagne, en ville ou sur le numérique. Sur le fond, « ne vous positionnez pas en victimes. Parlez de l’agriculture que l’on vit aujourd’hui, parlez de la direction dans laquelle vous allez ».
Le mot clef pour bien communiquer serait « perspective » afin de montrer que les agriculteurs agissent. « Je crois qu’il ne faut pas avoir peur de bousculer, de casser les clichés tout en parlant avec des mots que les gens connaissent », a souligné Rémi Dumery.
Pour communiquer auprès du grand public, venu parfois avec ses a-priori, prendre du recul sur sa propre situation permet d’élaborer une communication positive. « On ne peut pas changer les autres mais on peut se changer soi », a souligné Dominique Rayon, coach formatrice.
Un sondage BVA paru en janvier 2015, présenté par Fabrice Caro, agriculteur et administrateur de JA national, met des chiffres sur l’image qu’a le grand public sur l’agriculture et les agriculteurs : plus de 50 % pensent connaître le métier d’agriculteur. Dans l’assistance, l’agriculteur Frédéric Gond est intervenu : « On n’est pas là pour convaincre. Il faut montrer ce que l’on sait faire et ce que l’on aime faire. »
La relation avec les journalistes a aussi été abordée : utiliser des mots précis, bien se préparer, « être maître à bord de l’interview ». Ce thème a suscité de nombreuses réactions et interventions de la part des participants qui cherchaient des réponses à des expériences vécues.