Interview de Hadrien Bondonneau
« J’avais besoin de savoir comment veiller sur ces personnes, comment les préserver, et si l’on pouvait anticiper »
Hadrien Bondonneau, agent d’assurances en milieu rural à Patay et à Orgères-en-Beauce (Eure-et-Loir), a suivi la formation du réseau Sentinelles de la MSA. Il revient sur les raisons qui l’ont amené à s’engager dans ce réseau, ce que lui a apporté cette formation, ce qui l’a étonné et sa première action.
Hadrien Bondonneau, agent d’assurances en milieu rural à Patay et à Orgères-en-Beauce (Eure-et-Loir), a suivi la formation du réseau Sentinelles de la MSA. Il revient sur les raisons qui l’ont amené à s’engager dans ce réseau, ce que lui a apporté cette formation, ce qui l’a étonné et sa première action.
Pour quelles raisons avez-vous suivi la formation Sentinelles ?
Hadrien Bondonneau : Je suis quotidiennement en contact avec le monde agricole, notamment des agriculteurs, et j’ai malheureusement côtoyé à plusieurs reprises des personnes qui se sont suicidées. Un jour, j’ai reçu dans mon agence un monsieur qui n’allait pas bien et j’ai eu besoin d’évoquer avec lui le fait de prendre soin de lui. Lorsque ma compagnie m’a informé de la tenue de formations liées au mal-être agricole, notamment pour devenir sentinelle, je n’ai pas hésité une seconde. J’avais besoin de savoir comment veiller sur ces personnes, comment les préserver, et si l’on pouvait anticiper.
Que vous a apporté cette formation ?
Tout d’abord d’être attentif. Les personnes qui passent à l’acte masquent leur mal-être et sont peu nombreuses à parler de suicide. Mais lorsque quelqu’un l’évoque, il faut savoir en parler et agir. J’ai appris qu’il existe tout un réseau d’écoute téléphonique et des professionnels dont c’est le métier de venir en aide aux victimes de mal-être, notamment des travailleurs sociaux. Si je me retrouve face à une personne en souffrance, je sais désormais vers qui ou vers quelle structure l’orienter. Je pourrai alors jouer mon rôle de passerelle pour lui permettre d’obtenir les clés afin qu’elle ne commette pas l’irréparable.
Y a-t-il des points ou des enseignements qui vous ont particulièrement surpris ou marqué au cours de cette formation ?
Parmi les participants, il n’y avait pas suffisamment de gens de terrain, tels que des banquiers qui sont en première ligne lorsque les signes de mal-être apparaissent. Nous sommes de nombreux professionnels à être régulièrement aux côtés des actifs du monde agricole et nous devrions tous intégrer ce réseau de sentinelles. Au cours de cette formation, a également été abordée la problématique de l’agribashing. Ce phénomène est préjudiciable à tous ces acteurs de notre souveraineté alimentaire qui sont surinvestis dans leur travail au quotidien. Leur métier et leur implication, à mon sens, ne sont pas suffisamment mis en valeur alors qu’ils sont nombreux à faire évoluer leurs pratiques.
Comment vous projetez-vous dans votre rôle de sentinelle ?
Ma première action est de sensibiliser mes collaborateurs à cette question du mal-être, leur transmettre ce qui m’a été enseigné afin qu’ils soient en capacité d’agir.