JA 77 : « soyons les VRP de l’agriculture »
L’assemblée générale de Jeunes agriculteurs de Seine-et-Marne, le 7 février, s’est déroulée à Les Chapelles-Bourbon, dans une salle comble.
C’est dans un lieu symbolique, la ferme Jean-Jacques Barbaux, propriété de la communauté d’agglomération du Val-Briard aux Chapelles-Bourbon, que s’est tenue l’assemblée générale de Jeunes agriculteurs de Seine-et-Marne le vendredi 7 février. Comme à l’accoutumée, la diffusion d’un rapport d’activité vidéo présenté sous forme de flash info, accompagné d’un bandeau d’informations décalées, a retracé les moments forts de l’année écoulée et les événements à venir.
Alors que de nombreux élus et représentants de l’administration assistaient à cette assemblée générale placée sous le signe du renouvellement des générations en agriculture, le président des JA 77, Sébastien Guérinot, a rappelé : « L’agribashing que nous vivons décourage beaucoup de futurs candidats à l’installation. Même si c’est une période très pénible à vivre, même si le message n’est pas très positif, l’agriculture n’a jamais fait parler autant d’elle. Le challenge est de reprendre en main notre communication en rétablissant la vérité. Les agriculteurs connaissent leur métier parce qu’ils le pratiquent au quotidien à la différence de ceux qui les critiquent. »
Il a ajouté : « Comme le disait Albert Einstein, « la connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information », je dirais même dans notre cas de la désinformation. La nature a horreur du vide, si la France n’a pas d’ambition pour son agriculture d’autre pays eux en auront. Mais les jeunes agriculteurs seront toujours là pour défendre leur patrimoine familial, leur savoir-faire et le leadership sur la scène internationale de la durabilité de leur modèle. »
Entre fantasme, réalité et nostalgie, qui sera l’agriculteur de demain ? La question posée aux intervenants de la table ronde - Loïc Quellec, agriculteur en région Paca et administrateur de JA national, Michel Bisson, président de l’agglomération Grand Paris sud, Bertrand Manterola, directeur adjoint de la Driaaf et Laurent Pilette, directeur de la MSA Île-de-France - a engendré de nombreux débats parfois vifs avec la salle, et démontré le décalage entre les demandes sociétales, le discours politique et la réalité sur le terrain.
L’Île-de-France, selon la MSA, compte 7 422 exploitants dont 3 199 en Seine-et-Marne soit une baisse de 4,7 % depuis 2012. 64 % d’entre eux sont installés en grandes cultures avec une domination des hommes de plus de 50 ans même si la part de femmes est en hausse (un quart environ).
Le journaliste et économiste,Emmanuel Lechypre, qui animait les débats, a mis en exergue quatre points clés pouvant expliquer les difficultés de l’agriculture française : la pression administrative voire la sur-administration, un handicap économique qui touche la plupart des secteurs d’activité à cause notamment du coût du travail trop élevé, un handicap financier alors que seul 8 % du coût de l’alimentation revient à l’agriculteur et la taille des exploitations, « la France n’ayant pas voulu ou pu s’adapter à l’industrialisation de l’agriculture comme dans certains pays. D’ailleurs, tout ce qui vient d’une petite exploitation est forcément bon et sain pour le consommateur. Il existe une espèce de nostalgie et de culture du petit qui alimente le fantasme très français qui nous renvoie à l’agriculture d’il y a cinquante ans ».
Face à ce constat morose, le journaliste se veut optimiste dans sa conclusion. « Nous sommes à la veille d’une grande réconciliation entre les français et leur agriculture, mais la communication est importante. Ce sont les minorités qui ont le pouvoir maintenant. Il faut redonner de la compétitivité aux entreprises et donner les moyens à chacun de choisir son marché. »
Dans ce contexte, Sébastien Guérinot a appelé les « JA à être les VRP de l’agriculture. Nous devons veiller à toutes les dérives occasionnées par les changements dans notre secteur, mais également accompagner les projets atypiques dès lors qu’ils répondent aux critères de vivabilité, viabilité et transmissibilité ».
Cette assemblée générale a aussi été l’occasion pour les JA 77 de signer une convention de partenariat avec l’association Initiative Melun Val-de-Seine sud Seine-et-Marne, plate-forme désignée pour tester le soutien aux exploitants agricoles dans leurs besoins de diversification.
Le mot de la fin est revenu à la sous-préfète de Provins qui a évoqué les sujets d’actualité du moment dont les ZNT (zones de non-traitement).
Laurence Goudet-Dupuis