Aviculture
Influenza aviaire dans le Loiret : toute la filière mobilisée
Le 26 octobre, un cas d'influenza aviaire a été confirmé dans un élevage professionnel du Loiret. Face à cette situation inédite pour le département, la filière avicole reste plus que jamais vigilante.
Le 26 octobre, un cas d'influenza aviaire a été confirmé dans un élevage professionnel du Loiret. Face à cette situation inédite pour le département, la filière avicole reste plus que jamais vigilante.
Dans un arrêté daté du 26 octobre, la préfecture du Loiret annonçait « une opération d’abattage » dans un élevage de volailles du Bellegardois, à Beauchamps-sur-Huillard. Un cas de grippe aviaire ayant été détecté, les 7 700 dindes de l’élevage ont été euthanasiées le jour même. Afin d'éviter tout risque de diffusion du virus, trois zones réglementées ont été instaurées dans un rayon de 3 km (zone de protection), 10 km (zone de surveillance) et 20 km (zone réglementée supplémentaire) autour du foyer épidémique.
« Il s’agit du premier cas de grippe aviaire décelé dans un élevage professionnel du département », regrette Ludovic Giry. Lui-même aviculteur à Teillay-Saint-Benoît et également secrétaire général de l'Association des aviculteurs du Loiret (Adal), responsable de la filière avicole de la FNSEA 45 et administrateur de la Confédération française avicole, il admet que cette contamination a beaucoup inquiété les éleveurs du Loiret et de la région Centre. « Ce cas a nécessité une grosse mobilisation des autorités compétentes et de la filière, explique-t-il. D'autant que nous sommes dans un secteur géographique assez dense en élevage de volailles ».
Des mesures sanitaires depuis 2004
Depuis l’épidémie de grippe aviaire qui a touché l'ensemble du territoire national en 2004, les règles sanitaires dans les élevages avicoles ont été renforcées. « Le virus est arrivé par la migration des oiseaux sauvages, faisant de nombreux dégâts sur son passage, souligne le représentant de la filière. Par la suite, les aviculteurs professionnels ont dû respecter des consignes strictes de biosécurité, comme la mise en place d’un périmètre de sécurité autour de la partie élevage de leur exploitation afin qu’aucune personne non autorisée ne puisse y accéder. Ces consignes n’ont presque jamais cessé d’être appliquées depuis », précise l’éleveur. Malgré toutes ces précautions, l'influenza aviaire reste difficile à maîtriser, preuve en est à Beauchamps-sur-Huillard. « La région de Lorris est la région du Loiret la plus dense en termes d'élevage de volaille », détaille Ludovic Giry. La filière avicole, à l'aide des autorités sanitaires, a donc mis tout en œuvre afin de limiter au maximum la propagation du virus.
Trois périmètres réglementés
Trois périmètres ont été délimités autour du foyer épidémique. Dans les zones de 3 et 10 km, aucun animal ne doit être transporté. « Tout déplacement d'animaux vivants ou morts est prohibé, souligne Ludovic Giry. Il faut donc trouver une solution pour faire partir les animaux des élevages, car on ne peut pas pousser les murs des bâtiments ». Depuis le 28 octobre, des dérogations sont donc obligatoires. Les camions transporteurs doivent être désinfectés et les animaux sortants, testés. « Ces tests sont pratiqués par des vétérinaires, indique le représentant de la filière. Les résultats sont délivrés à l’éleveur en 48 heures ».
En revanche, aucun animal ne peut être introduit dans les élevages de ces deux périmètres. Dans la zone de 3 km, des prélèvements aléatoires quotidiens sont pratiqués par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). « Si durant vingt-et-un jours, il n'y a aucun autre cas de grippe aviaire, la zone de 3 km est levée, détaille Ludovic Giry. La zone de 10 km reste en vigueur avec neuf jours supplémentaires de tests. Au bout de trente jours (21 + 9), si aucun cas n’est détecté, l'arrêté tombe complètement. Pendant ces trente jours, dans la zone de 20 km, des autotests doivent être réalisés tous les lundis par les éleveurs et envoyés en laboratoire ». La prise en charge du coût des kits d’autotest est en cours de négociation.
Une chaîne de solidarité
Fort heureusement, une semaine avant le triste événement survenu à Beauchamps-sur-Huillard, la DDPP, l’Adal, la chambre d’Agriculture du Loiret, le Groupement de défense sanitaire et plusieurs vétérinaires professionnels s’étaient réunis pour coordonner leur communication si un cas d’influenza aviaire était détecté dans le département. « Cette rencontre nous a permis de gagner en efficacité et en solidarité, se félicite Ludovic Giry. Du lundi 24 au samedi 29 octobre, chaque structure savait qui prévenir et à quel moment. Par exemple, je me suis chargé de recenser les stocks de chaux dans les coopératives, afin de les distribuer si besoin. Même les éleveurs hors de la zone concernée se sont préoccupés de cet événement », indique-t-il.
Selon l’aviculteur, la préfecture a déclenché une cellule de crise à laquelle tous les représentants ont été conviés. « Le 28 octobre, nous avons pu faire un état des lieux de la situation. L'arrêté qui allait être mis en place nous a été expliqué et nous avons pu en modifier certains éléments. » Aujourd’hui, la filière avicole demande aussi aux particuliers de prendre conscience du problème. « Si nous voulons combattre ce virus, les particuliers doivent eux aussi prendre des précautions. Il s’agit de l'affaire de tous. S’ils peuvent, dans la mesure du possible, enfermer leurs volailles durant les trente jours, c'est parfait. Si ce n'est pas réalisable, qu'ils changent au moins de chaussures et mettent une côte spécifique pour entrer dans leur basse-cour. Enfin, s'ils s’aperçoivent d’une mortalité suspecte de leurs animaux, qu'ils préviennent leur vétérinaire sans déplacer les morts », conclut-il.
Accompagnement et réunion
Témoignage
Abattage après détection de grippe aviaire : se relever après un vide sanitaire
Lundi 24 octobre au matin, l'éleveur concerné par cette sombre actualité a constaté un taux de mortalité étonnamment élevé dans son élevage. Pour des raisons évidentes, il a fait le choix de témoigner pour le Loiret agricole et rural en gardant son anonymat. « Ce matin-là, j'ai trouvé dix de mes dindes mortes. J'ai pratiqué une autopsie sur trois de ces animaux, sans rien trouver. » L'éleveur de Beauchamps-sur-Huillard a alors fait appel à son technicien référent qui n'a pas pu déterminer la cause du décès des volailles. « Nous nous sommes rendus chez le vétérinaire qui a effectué des analyses bactériologiques. Il n'a rien trouvé non plus », précise l'aviculteur. Le lendemain matin, il retrouve trente nouveaux volatiles décédés. « J'ai tout de suite rappelé le vétérinaire, qui s'est déplacé. Nous avons fait le tour du bâtiment sans rien trouver. L'autopsie n'a, à ce moment-là, encore rien révélée. »
Face à la forte suspicion de grippe aviaire, le vétérinaire décide tout de même de lancer la procédure d'abattage et de décontamination, en appelant la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). « Tout va très vite, explique l'éleveur. On se dit que le vétérinaire se trompe peut-être, car on ne détectait rien. En parallèle, nous continuons les prélèvements sur les animaux, qui sont envoyés au laboratoire. Une fois la procédure lancée, je n'avais plus le droit d'entrer dans mon bâtiment jusqu'à nouvel ordre ».
Reconnaître la grippe aviaire
« La détection de la grippe aviaire est compliquée, rappelle Ludovic Giry, secrétaire général de l'Association des aviculteurs du Loiret, responsable de la filière avicole de la FNSEA 45 et administrateur de la Confédération française avicole. Les animaux ne présentent pas de signes cliniques : ils boivent et mangent normalement et leurs selles sont régulières. En tant qu'éleveur, ce qui doit nous alerter, c'est la mortalité exponentielle dans notre élevage. En clair, si nous avons une dinde décédée le matin, quatre l'après-midi et huit le soir, c'est anormal ». Lorsque l'aviculteur constate l'explosion de la mortalité de ses bêtes, la première règle est de ne pas déplacer les morts. « La grippe aviaire n'est pas détectable à l'œil nu, ce qui rend son diagnostic compliqué. Il faut faire appel à un vétérinaire qui se déplace dans l'élevage afin de ne pas contaminer son cabinet vétérinaire », souligne le représentant de la filière.
8 000 dindes abattues
L'aviculteur Bellegardois a vu arriver les équipes spécialisées mandatées et agréées par la DDPP, mardi 25 octobre à midi, pour l'euthanasie de son lot puis la désinfection intérieure et extérieure de son bâtiment d'élevage. L'opération s'est terminée le lendemain et les animaux ont été évacués. Au total, près de 8 000 dindes ont été abattues. « Il faut maintenant que je mette mon fumier dans un endroit stabilisé avec de la chaux et une bâche, détaille l'éleveur. Je n'aurai plus le droit d'y toucher pendant six mois. Il faut que cette zone soit hermétique et qu'aucun animal ne soit en contact avec ».
À l'heure actuelle, il ne sait pas encore quand, ni à quelle hauteur, il sera indemnisé de son lot de volailles. « Pour l'instant, je suis dans le flou. Je vais devoir faire face à un long vide sanitaire, se résout-il. Il faut désormais désinfecter le bâtiment comme il faut et contrôler qu'il n'y ait plus de virus. Heureusement, je suis soutenu par les éleveurs. Maintenant, il faut aller de l'avant », confie l'aviculteur.