Agronomie
Implantation du chanvre : les étapes essentielles
L’implantation du chanvre est une étape cruciale qui conditionne environ 70 % de la réussite de la culture. Espèce à cycle court, le chanvre ne tolère aucune rupture de croissance après le semis. Les conseils de Terres Inovia.
L’implantation du chanvre est une étape cruciale qui conditionne environ 70 % de la réussite de la culture. Espèce à cycle court, le chanvre ne tolère aucune rupture de croissance après le semis. Les conseils de Terres Inovia.


Bien que doté d’un système racinaire pivotant et d’une grande capacité d’adaptation, le chanvre reste très sensible aux défauts de structure du sol. Il est donc essentiel que la préparation du sol permette, en profondeur, un enracinement de qualité favorisant l’absorption de l’eau et des nutriments, et, en surface, un lit de semences fin, bien aéré et suffisamment réchauffé pour garantir une levée rapide et homogène.
Pour éviter les tassements du sol nuisibles au système racinaire, il est conseillé de réduire le nombre de passages sur la parcelle grâce à des trains d’outils ou d’utiliser des équipements adaptés, comme des roues jumelées ou des pneus à basse pression.
Si la levée est retardée (au-delà de 15 à 20 jours après le semis) en raison de problèmes de structures ou de conditions défavorables à la croissance, les adventices peuvent rapidement se développer et concurrencer la culture. Par ailleurs, en début de cycle, le chanvre est particulièrement sensible à l’hydromorphie : les semelles de labour ou les zones compactées, qui entravent l’écoulement de l’eau et provoquent des stagnations, risquent d’asphyxier les racines et de compromettre l’implantation.
Semer dans des conditions optimales
Après le labour, qu’il soit hivernal ou printanier, l’utilisation d’un outil à dents permet d’ameublir le sol, de faciliter la pénétration des racines, d’améliorer le réchauffement du lit de semences et de limiter le dessèchement. Cette technique favorise également la germination des adventices, qui pourront être éliminées mécaniquement (technique du faux-semis).
La levée du chanvre, idéalement entre 4 et 10 jours après semis, est une phase critique. Elle nécessite un semis régulier, à une profondeur de 2 à 3 cm, dans un sol bien structuré, réchauffé (10-12 °C) et parfaitement drainé, ainsi qu'un semis en ligne, avec un semoir classique à socs, à un écartement de 9 à 17 cm. Les écartements réduits sont recommandés pour limiter la concurrence entre les plantes sur une même ligne, ce qui réduit le risque de pieds morts en fin de cycle.
Les semis s’effectuent généralement entre fin mars et début mai, selon les régions. En cas de conditions difficiles, il est possible de décaler le semis jusqu’à début juin, mais cela peut entraîner une diminution du rendement en paille.
Lorsque l’implantation du chanvre est réussie, il couvre rapidement le sol et limite la prolifération des adventices. Quatre semaines après semis, les feuilles de chanvre forment un écran qui empêche l’activité photosynthétique des mauvaises herbes, même si celles-ci ont pu germer.
Adapter la densité de semis
Il convient d'adapter la densité de semis aux débouchés et aux modes de récolte.
Pour une récolte en mode non battu (récolte de la plante entière sans récolte de la graine), la dose de semis sera comprise entre 50 et 55 kg/ha.
Pour une récolte en mode battu (récolte de la graine et de la paille), on visera une dose de semis de 45 à 50 kg/ha.
Avec une variété exclusivement destinée à la graine telle que Earlina 8 FC, il n’est pas nécessaire de la semer à une densité très élevée. Celle-ci se situera entre 25 et 30 kg/ha.
Pour le débouché textile, on recherche des tiges fines et pas trop hautes. Pour cela, la densité de semis sera comprise entre 75 et 85 kg/ha.
Une fois le semis effectué, un roulage peut être nécessaire pour favoriser la germination des graines en permettant la remontée capillaire de l’humidité au sol, limiter la présence de cailloux et niveler le sol et ainsi garantir de bonnes conditions de récolte.
Un bon démarrage avec une disponibilité en azote
Il faut garantir un bon démarrage de la culture avec une disponibilité en azote. La fertilisation minérale vise à compléter les fournitures d’azote du sol (méthode des bilans). Les besoins totaux s’élèvent à environ 13 à 15 unités par tonne de matière sèche. Il est recommandé de se référer aux valeurs définies dans les Gren (Groupes régionaux d'expertise nitrates) et de respecter les doses maximales fixées par les arrêtés de la directive Nitrates de votre région.
Le chanvre connaît une phase de croissance initiale très rapide, durant laquelle il absorbe près de la moitié de ses besoins en azote entre l’émergence et le stade 5-6 paires de feuilles. Durant cette période, un apport suffisant en azote est essentiel pour assurer une couverture rapide du sol et limiter le développement des adventices.
Pour des raisons pratiques, les apports sont généralement réalisés en totalité au moment du semis. Toutefois, un fractionnement reste possible. Dans ce cas, il est recommandé d’apporter au moins deux tiers de la dose d’azote minéral avant le semis ou avant la levée, puis le solde au stade limite passage du tracteur (soit 50 à 60 cm de hauteur). En cours de végétation, l’utilisation de formulations liquides est interdite pour éviter tout risque de brûlure. Un apport excessif à ce stade peut retarder la maturité du chanvre et, en cas de conditions climatiques défavorables, affecter le rendement.