Interview
« Il ne s’agit pas de baisser les bras mais d’être réalistes »
Éleveur à Saint-Germain-des-Prés (Loiret) et président de la commission lait de la FNSEA 45, Nicolas Beets fait le point sur la situation de la filière laitière loirétaine, qui s'est réunie le 16 mars.
Éleveur à Saint-Germain-des-Prés (Loiret) et président de la commission lait de la FNSEA 45, Nicolas Beets fait le point sur la situation de la filière laitière loirétaine, qui s'est réunie le 16 mars.
Horizons : Quels étaient les enjeux de la réunion du 16 mars ?
Nicolas Beets : L’objectif de la réunion était de faire se rencontrer les prescripteurs (banques et conseillers de gestion) et les membres du groupe Qualilait (GDS, BSV, services vétérinaires, laiteries, Alysé, Jeunes agriculteurs et FNSEA). Nous devions trouver ensemble des leviers d’action pour promouvoir et valoriser la filière laitière du département.
Quelle est la situation des laitiers dans le Loiret ?
Le Centre régional interprofessionnel de l'économie laitière (Criel) nous a transmis le nombre de points de collecte en 2020 : nous n’en avons plus que 101. Ce chiffre est en baisse de 40 % sur les cinq dernières années. La situation est alarmante.
Il y a trois laiteries collectantes dans le Loiret : la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH), Sodiaal et Rians. Les deux premières collectent respectivement 45 % du lait et la troisième 10 %.
Même si la rémunération du prix du lait est « plus soutenue » chez LSDH et Rians que chez Sodiaal, l’enjeu est de maintenir les points de collecte existants.
Qu’en est-il de la transmission chez les laitiers ?
Emmanuelle Bernardon, chef d'équipe installation-transmission à la chambre d'Agriculture d'Orléans, nous a dressé le bilan des exploitations à céder ainsi que des potentiels repreneurs.
Le constat est sans appel, il y a peu d’exploitations laitières à reprendre dans le Loiret. Sur leurs dernières années de campagnes, les éleveurs arrêtent le lait pour se consacrer aux céréales.
Parallèlement, il y a peu, voire pas du tout, de candidats intéressés par l’élevage laitier. Sa pénibilité, son astreinte et son image font du métier une activité peu attractive. Il ne s’agit pas de baisser les bras mais d’être réalistes : il faut trouver des solutions pour ne pas perdre toutes nos exploitations laitières.
Quelles sont les actions à venir pour aider les laitiers ?
Nous n’avons pas de solutions toutes faites. Il y a un gros travail réalisé par le Service de remplacement du Loiret pour essayer d’apporter des solutions concernant la main-d’œuvre dont les laitiers ont besoin. Pour moderniser les exploitations et les élevages, nous travaillons sur la diminution de l’astreinte. Le Cap filière n’est pas utilisé à 100 %.
Il demeure encore du financement disponible qui pourrait servir à améliorer les bâtiments d’élevage. Encore faut-il que les éleveurs veuillent investir.
De plus, face aux trois années climatiques difficiles que nous venons de passer, il faut s’atteler à travailler sur l’autonomie fourragère. Les éleveurs doivent se rapprocher de leurs voisins céréaliers pour essayer de contractualiser sur les volumes de paille et d’ensilage.
Enfin, il faut que nous travaillions sur le volet communication, comme c’est le cas en Indre-et-Loire. Il faut que les éleveurs anticipent au maximum sans attendre les cinq dernières années pour se poser des questions sur l’avenir de leur atelier laitier.