Gestion cynégétique et dégâts de gibiers au menu des chasseurs
La Fédération des chasseurs d'Eure-et-Loir a tenu son assemblée générale le 15 avril à Chartres. Son futur Schéma départemental de gestion cynégétique et les dégâts de gibiers ont constitué l'essentiel de ses travaux.
La Fédération des chasseurs d'Eure-et-Loir a tenu son assemblée générale le 15 avril à Chartres. Son futur Schéma départemental de gestion cynégétique et les dégâts de gibiers ont constitué l'essentiel de ses travaux.
«La révision de la procédure de déclenchement de l'indemnisation des dégâts de grands gibiers est une véritable victoire pour les agriculteurs », lance lors de son assemblée générale le président de la Fédération des chasseurs d'Eure-et-Loir, Jean-Paul Moktar, en déclinant son rapport moral, samedi 15 avril à Chartres.
Un accord à valider
De fait, au fil de ses travaux qui se déroulent devant 150 personnes salle Mathurin-Régnier de la chambre d’Agriculture, il aura été largement question de l'accord entre la Fédération des chasseurs et ses partenaires autour de la révision de son Schéma départemental de gestion cynégétique. Un accord qui doit être validé par la préfecture avant le 1er juillet, pour pouvoir s'appliquer à l'ensemble des chasseurs jusqu'en 2029.
L'un de ses points concerne donc l'indemnisation des dégâts de grands gibiers. Un sujet crucial pour la fédération puisque lors de l'exercice précédent, celle-ci a déséquilibré ses finances engendrant un déficit de 600 000 euros. Cette somme, expliquée par la hausse des cours des céréales consécutive du conflit en Ukraine, a été prise en charge sur ses fonds propres et l'État en prendra une large part sur l'exercice en cours par le biais de son Plan de résilience. Les regards se tournent donc sur la suite.
« Une fois cet accord validé, nous devrons indemniser les agriculteurs à partir d'un seuil de 150 euros, et non plus de 230. Je crains que l'abaissement de ce seuil multipliera le nombre de dossiers à traiter. Tout ceci nous contraint à accroître nos actions de réduction des dégâts de grands gibiers », résume le président qui remercie au passage tous ceux qui ont permis de baisser de 200 hectares les dégâts de sangliers l'an dernier, ajoutant qu'il faudra continuer pour parvenir à les réduire encore de 30 %.
Coopération chasseurs - agriculteurs
En effet, un autre accord, entre le ministère de tutelle et la Fédération nationale des chasseurs, prévoit une aide durant trois ans sur la gestion administrative des dégâts, mais à la condition qu'ils baissent de 30 % et qu'agriculteurs et chasseurs se mettent autour d'une table pour discuter d'un nouveau système d'indemnisation. « Nous savons que ce sera quelque chose de très compliqué. Il est bien évident qu'avec ce qui a été acté, la baisse du seuil d'indemnisation, il va falloir être coopératifs entre chasseurs et agriculteurs. Surtout, nous devons continuer à baisser les dégâts des sangliers et de l'espèce cerf ».
Pour conclure ce chapitre, Jean-Paul Moktar s'inquiète : « Le financement des dégâts est une véritable épée de Damoclès sur l'avenir de nos structures fédérales mais d'autres menaces pèsent sur l'avenir de la chasse. L'interdiction de l'usage du plomb en zone humide est effective depuis le 15 février, 100 mètres autour des points d'eau et rivières, mais la directive européenne vise à étendre cette interdiction aux zones humides même temporaires. C'est une réglementation anti-chasse qui interroge sur ses motivations quand on connaît la portée réelle du plomb de chasse dans la pollution des sols ».
« Ridicules de prudence »
Avant cela, le président de la fédération a rappelé que ce nouveau schéma avait été mené à bien par la concertation avec ses partenaires que sont les agriculteurs, les sylviculteurs, les propriétaires ruraux ou l'administration. « Ces rencontres ont permis d'amender notre projet initial afin de répondre à certaines attentes des structures concernées. S'agissant de chasse, inutile d'espérer un accord unanime… », pointe-t-il.
Il rappelle ensuite les grands axes définis par son conseil d'administration, à commencer par le volet sécurité : « Il est de notre responsabilité de rendre la pratique de la chasse encore plus sûre. Il faut faire preuve de responsabilité et être ridicules de prudence lors de toutes nos actions de chasse. La sécurité de la chasse est entièrement liée au partage de la nature. Les conflits d'usage sont heureusement quasiment inexistants dans notre département », constate Jean-Paul Moktar.
Concernant la gestion de la petite faune sédentaire : « Après douze ans d'immobilisme, nous souhaitons mettre en place des actions qui permettront d'installer, sur l'ensemble du département, des souches naturelles de faisans. La gestion du faisan a toujours été le point le plus discuté lors de la validation de nos précédents schémas. Cet objectif est partagé par tous. Les moyens pour y parvenir ont été débattus. La fédération s'est engagée à une clause de rendez-vous, trois ans après la mise en œuvre de ces mesures, afin d'évaluer les actions mises en place et le cas échéant, elle les modifiera ou y renoncera ».
Il termine son propos en évoquant le rôle d'éducation à la nature dévolu à la Fédération des chasseurs. Il s'agit par exemple de la restauration de sentiers, avec le soutien du conseil départemental, des communautés de communes ou de l'Office français de la biodiversité, avec en projet de rejoindre l'Eure et le Loir : « Je crois que nous allons y arriver », souligne le président. Ou celui de créer une salle dédiée sur le site de Chenonville : « Nos murs sont devenus trop petits pour recevoir l'ensemble des classes qui nous sollicitent. Le projet est prêt, il nous reste à trouver les financements nécessaires », pointe Jean-Paul Moktar en lançant un appel aux dons, accessible via une cagnotte en ligne.
Les premiers écologistes
Et de conclure : « Même si le ciel de la chasse semble s'assombrir, je garde véritablement une vision très optimiste. La chasse, ce sont plus de 10 000 femmes et hommes en Eure-et-Loir qui œuvrent au quotidien à la gestion de la faune, à la restauration du milieu, à la conservation de nos paysages. N'en déplaise à certains, les chasseurs sont bien les premiers écologistes de France ». Dont acte.