Gel : la profession s’organise pour venir en aide aux vignerons
Le 18 mai, la profession a convié le préfet pour une visite du vignoble de Loir-et-Cher. Le constat est sans appel : une forte hétérogénéité des dégâts par zone d’appellation et par exploitation.
C’est un nouveau coup dur pour les viticulteurs de Loir-et-Cher. Après le stress hydrique en 2015, le mildiou en 2014 et 2013 et le gel d’hiver et de printemps de 2012, le vignoble est de nouveau touché par un gel de printemps en 2016.
Déjà, le matin du 18 avril, les températures affichaient un mercure assez bas mais le coup de grâce a été porté le mercredi 27 avril : les températures sont descendues en dessous de zéro pour chuter, dans certains secteurs, jusqu’à -4°C, à la limite des gelées noires. La filière viticole s’est peu à peu organisée et a voulu évaluer les dégâts avant toute chose.
C’est pourquoi la Fédération des associations viticoles de Loir-et-Cher (FAV 41), les syndicats et la chambre d’Agriculture ont invité le préfet, Yves Le Breton, à une visite de l’ensemble du vignoble, des appellations d’origine contrôlées (AOC) et d’indication géographique protégée (IGP) Val-de-Loire.
Le 18 mai, soit trois semaines après cet épisode gélif, une délégation a dressé l’état de la situation. Le matin avec le préfet, elle a commencé par l’AOC Coteaux du vendômois, puis a poursuivi avec les vignobles autour de la Loire, le touraine-mesland, le cheverny, touraine-oisly puis s’est rendue dans la vallée du Cher.
« Les dégâts sont très disparates. Avant de mettre des mesures en place, nous allons évaluer la situation des vignerons au cas par cas. Ce ne seront pas les mêmes besoins selon s’ils sont négociants ou non, assurés ou pas, jeunes installés… », explique Pierre Papadopoulos, directeur départemental des Territoires de Loir-et-Cher, lors du point presse organisé en fin de journée au Domaine des Tabourelles, à Bourré.
Le Vendômois, les AOC Cheverny et Cour-Cheverny sont parmi les plus touchés. À Chissay, la délégation a été impressionnée par l’état d’une parcelle, visuellement, comme en plein hiver.
« Les jeunes plants étaient déjà fragiles à cause de la sécheresse de l’année dernière. Il faut savoir qu’en Loir-et-Cher, la complentation représente 15 % de renouvellement. C’est un coût énorme à supporter pour le vigneron », souligne Luc Percher, président de la FAV 41. Il ajoute : « Le juge de paix, ce sera la déclaration de récolte. »
La profession a mis en place un groupe de travail (banques, assurance, collectivités, douanes, administrations, MSA, institutions, FAV…) afin de définir les mesures envisageables : allègement des charges, possibilité de report des annuités de remboursement de prêt, autorisation ponctuelle du commerce de raisins et de moûts, des mesures de chômage partiel des salariés, exonération des charges MSA, aides financières…
« C’est un événement de grande importance à gérer », souligne Dominique Girault, président du comité d’orientation viticole de la chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher.
Comme elle l’a fait en 2013 pour la filière horticole, la région pourrait intervenir en finançant des formations pour la reconversion des salariés suite aux éventuels chômages partiels. « Avec les aides du Cap’filière, une vingtaine de tours antigel a été financée par la région. Nous avons encore la possibilité d’en financer autant. Si la demande est plus forte, nous abonderons en ce sens », précise Tania André, conseillère régionale.
Au domaine des Tabourelles, par exemple, le salarié a été mis en chômage partiel après un constat d’assurance. « Nous n’avons plus de travail à lui proposer pour le moment », explique la viticultrice Anne Josseau. Pour ce domaine, l’urgence serait de pouvoir acheter du raisin à d’autres viticulteurs afin de rester présents sur les marchés, poursuivre la production pour répondre aux demandes de ses clients et maintenir son activité œnotouristique.
Ce domaine de vingt hectares a été touché entre 85 et 99 % selon les parcelles. « Lors des vendanges, sur huit plants, on ne fera même pas un sceau. Économiquement, ça ne vaudra pas le coup de payer des vendangeurs. On le fera car on ne veut pas laisser de raisin sur les parcelles », déplore Anne Josseau.