Gel : « Il est encore trop tôt pour évaluer l’étendue des dégâts »
Dominique Girault, viticulteur à Noyers-sur-Cher, président de la Cuma Protecgel et du comité d’orientation viticole de la chambre d’Agriculture, revient sur l’épisode de gel en Loir-et-Cher.
Horizons : Après 2012, les vignobles font face à un nouvel épisode de gel cette année. Quelle est la situation en Loir-et-Cher ?
Dominique Girault : Dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 avril, les températures ont chuté entre -1°C et -4,5°C selon les secteurs. Depuis le 15 avril, il y a des gelées presque tous les matins : un épisode aussi long est assez rare. Les dégâts sont encore difficiles à estimer et sont surtout très variables d’une parcelle à l’autre. Cela peut aller de la parcelle indemne à 90 % de dégâts. Toutes les communes viticoles sont plus ou moins touchées mais avec le réchauffement des températures, nous allons voir comment les bourgeons vont se comporter. Il faudra encore attendre plusieurs jours avant d’évaluer l’étendue des dégâts de ce sinistre qui arrive après quatre années de petites récoltes et qui ne nous permettra donc pas de remplir les stocks.
Quelle a été l’efficacité des tours anti-gel ?
Dans le secteur de Noyers-sur-Cher, nous avons fait tourner les tours dix fois et avons sauvé environ soixante-dix hectares de vigne qui auraient été gelés à 100 % sans ce système. Au-delà du périmètre protégé par les tours, les vignes sont gelées. C’est sûr, cet outil nécessite un investissement important et de la pédagogie vis-à-vis du voisinage, mais en brassant l’air et en asséchant le bourgeon, c’est une solution pratique et plutôt efficace. À Noyers, nous avons constitué une Cuma départementale en 2004 car il s’agit d’une commune souvent touchée par le gel. Nous sommes une vingtaine de viticulteurs et possédons vingt-cinq tours sur Noyers, Cheverny, Selles-sur-Cher et Châteauvieux. Cette année, nous avons couplé cette solution avec des bougies au pied des tours. D’autres viticulteurs pratiquent l’aspersion dont le but est de créer de la glace autour du bourgeon afin de maintenir la température à zéro degré.