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Syndicalisme
FNSEA et JA d'Eure-et-Loir : « On marche sur la tête ! »

La FNSEA et Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir se sont mobilisés, les 21 et 22 novembre, pour dénoncer la pression subie. Plusieurs centaines de panneaux d'entrée de communes ont été retournés.

Relayant un mot d'ordre national, les adhérents de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir se mobilisent pour dénoncer la pression subie alors qu'on leur demande d'assurer la transition agroécologique. « On marche sur la tête! », alertent-ils.

Un escabeau, un jeu de clés plates...

Aussi, une quinzaine d'adhérents se retrouvent à Orgères-en-Beauce mardi 21 novembre en fin de soirée, pour organiser les actions sur leur canton. Dans la foulée, le premier panneau d'entrée de commune est retourné. Un escabeau, un jeu de clés plates et en quelques minutes, le tour est joué. Plusieurs centaines d'autres subiront le même sort durant cette nuit-là. De fait, des dizaines d'agriculteurs sont mobilisés aux quatre coins du département.

« C'est le ras-le-bol, on marche sur la tête, tempête le président de Jeunes agriculteurs, Guillaume Chenu. Cette action est symbolique, nous avons prévenu, nous ne dégradons rien, mais c'est une vraie mise en garde car nous en avons marre. Nous réagissons à une accumulation de tout un tas de choses : les taxes qui s'empilent, la suppression de nos moyens de production, la jachère imposée, la concurrence de plus en plus forte, les discours contradictoires », énumère-t-il.

Mobilisation dans les campagnes

Le lendemain, symboliquement, le président de la FNSEA d'Eure-et-Loir, Bertrand Petit, et son conseil d'administration qui se réunit ce jour-là, retournent le panneau d'entrée de la ville de Chartres. « Cette action permet de sensibiliser en milieu rural et de montrer qu'il y a une mobilisation dans les campagnes, souligne-t-il. Ce qui m'inquiète, c'est que des agriculteurs ne puissent plus suivre et décrochent. Nous sommes d'accord pour la transition, mais pas à marche forcée. On ne peut pas tout transformer d'un coup. Et parfois, même ceux qui font des efforts sont pénalisés... ».

Dans un monde en tension, alors que la sécurité alimentaire n'est pas assurée pour quelque 800 millions de personnes, réduire la production française en imposant 4 % de jachère dans le cadre de la Pac, ne passe pas pour les deux syndicats. De même, réduire l'usage des produits phytosanitaires, alors que la Première ministre, Élisabeth Borne, avait assuré qu'il n'y aurait pas d'interdiction sans solution, engendrerait des pertes de rendement de l'ordre de 12 %. Là aussi, ça ne passe pas.

Fiscalité punitive

De la même façon, alors que les charges des exploitations agricoles ont bondi de 18 % ces deux dernières années et que le gouvernement s'était engagé à ne pas augmenter les taxes, le projet de loi de finances 2024 vise une augmentation de 22 % de la Redevance pour pollutions diffuses (RPD) et de 40 % de celle pour prélèvement d'eau, pour la FNSEA et JA il s'agit-là d'une fiscalité environnementale punitive insupportable.

Et puis, il y a localement des dispositions qui risquent d'avoir de grosses conséquences, comme le durcissement des réglementations sur les zones vulnérables, les aires d'alimentation de captage ou les zones Natura 2000, qui représentent une bonne part de la sole eurélienne.

La FNSEA et JA s'interrogent aussi sur l'urgence que constitue le fait que la moitié des agriculteurs seront en droit de demander leur retraite dans quelques années, or la Loi d'orientation et d'avenir agricoles, censée apporter des solutions, est au point mort après plus d'un an de travail...

L'élevage aussi

La pression est forte également sur le secteur de l'élevage. En effet, la Commission européenne a entamé en 2022 la révision de la directive sur les émissions industrielles (IED) prévoyant d'y inclure les élevages (bovins, caprins et avicoles) avec un seuil d'entrée de 150 UGB. Le Parlement européen a pris position pour alléger le dispositif cette année mais les discussions ne sont pas terminées... FNSEA et JA réclament le maintien des seuils actuels, au risque de signer la fin de l'élevage.

« Je suis content, je crois que nous avons fait une bonne action », conclut Guillaume Chenu qui n'exclut pas de durcir le ton si les agriculteurs n'étaient pas entendus...

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