Florent Guilloteau : « Je suis d'accord pour payer la taxe »
L'agriculteur de Chaussy emblave l'essentiel de ses parcelles de céréales avec des semences de ferme sur des variétés protégées par un certificat d'obtention végétale.
Installé en individuel à Chaussy, où il a repris la structure familiale en 2007, Florent Guilloteau exploite une centaine d'hectares dont cinquante-cinq hectares de céréales : vingt-cinq hectares de blé tendre (pakito), quinze hectares de blé dur (sculpture) et quinze hectares d'orge de printemps (sebastian). « J'achète des semences de renouvellement (NDLR : deux cent cinquante kilogrammes par variété et par an) à hauteur de 10 % de mes surfaces. » En d'autres termes, il réalise 90 % de son emblavement avec des semences de ferme sur des variétés protégées par un certificat d'obtention végétale. « Je connais la nouvelle réglementation* et c'est bien d'ouvrir à la production. Je suis d'accord pour payer la taxe car il est normal de financer la recherche : si on veut être compétitif, il faut avoir de bonnes variétés. »
Le professionnel utilise une machine conçue dans les années 1980 par un groupe d'agriculteurs. Il y a une petite caisse de réception. Un élévateur monte dans une trieuse, séparant les bons et les mauvais grains. Le séparateur étant un peu en hauteur, le produit tombe dans une mélangeuse mixant la semence et son traitement. Coût de fonctionnement : un euro le quintal. Le traitement des semences (fongicide et insecticide) s'élève à quinze euros le quintal, plus environ 2,8 EUR le quintal de royalties pour l'obtenteur. Soit un coût total de dix-neuf euros le quintal de blé tendre (NDLR : coût exhaustif qui ne prend pas en compte le coût du grain : 15 EUR le quintal). « Pour des semences certifiées achetées à la coopérative, ce serait facilement le double ! »
Le Poids de mille grains
« On résonne en densité de semis : le nombre de grains au mètre carré. Celui-ci varie selon l'espèce, la variété, la date du semis et les conditions de celui-ci. » Un compteur à grains permet de connaître le Poids de mille grains. On peut ainsi convertir la densité désirée en poids à l'hectare. Par exemple, pour deux cent quatre-vingts grains au mètre carré, la dose de semis sera de 134 kg/ha. « Au total, cela fait une belle somme si je dois acheter toutes mes semences, surtout dans le contexte de 2014 ! »
Le professionnel calcédonien voit un autre avantage aux semences de ferme : « Un voisin avait commandé des semences certifiées et il n'a pas pu être fourni car beaucoup de lots ont été déclassés. » Pour sa part, Florent Guilloteau a effectué ses tests de germination : « Ils sont moyens. » De l'ordre de 70 à 85 %. Or le taux moyen constaté sur les semences certifiées de blé tendre est de 95 %. « Lorsque, via la coopérative, j'achète de la semence de renouvellement, elle est mise de côté et sert à la multiplication pour l'année n+1. » Une mutiplication privée pour de la production de semences. « J'achète du grain certifié de quatrième génération et je le multiplie une fois. Cela donne un grain de récolte de cinquième génération : je perds un peu en pureté variétale et c'est la raison pour laquelle j'achète régulièrement des semences de renouvellement. Cela représente un coût mais assure un potentiel pour l'année suivante. »
*Dans notre édition du 17 octobre, nous présentions la nouvelle réglementation relative à l'utilisation des semences de ferme sur des variétés protégées par un certificat d'obtention végétale.
À noter : un comparateur de prix
Une application calcule le coût réel des semences de ferme à partir des données fournies par l'agriculteur et permet de le comparer au prix des semences certifiées d'une offre commerciale. Cette applicFichiers jointsation comprend un convertisseur grains/m2 en kg/ha : http://www.reseau-semences-certifiees.fr/applications/comparateur-de-prix.