Fiscalité agricole : L'abandon du forfait avalisé
Le ministre de l'Agriculture a conclu les Assises de la fiscalité en proposant une réforme de la fiscalité agricole incluant la suppression du forfait agricole et son remplacement par un régime de micro entreprise agricole, un assouplissement du régime de dotation pour aléas ainsi que l'élargissement de l'exonération de la taxe foncière pour les unités de méthanisation.
A l'issue des travaux menés dans le cadre des Assises de la fiscalité qui se sont déroulées au cours du 1er semestre 2014, le ministre de l'Agriculture a annoncé le 22 septembre un certain nombre d'évolutions pour l'agriculture. L'une des plus importantes d'entre elles porte sur la suppression du forfait collectif agricole créé il y a 65 ans, en 1949 et qui a recueilli l'assentiment de tous les participants des Assises. Il sera remplacé par un régime de micro entreprise agricole qui alignera le dispositif agricole sur celui des professions indépendantes, artisans et commerçants. Ainsi, sera mis un terme à un système complexe qui concerne encore 30% des exploitations agricoles françaises. Selon le ministère il existe 8 000 forfaits publiés tous les ans dont les pouvoirs publics considèrent le coût de gestion disproportionné. Le ministère a d'ailleurs promis que la réforme se fera à rendement constant et que les économies réalisées par la réforme, seront réaffectées en direction des secteurs les plus impactés comme les vignerons. «Il y aura forcément des gagnants», mais pour l'administration l'opération sera neutre puisqu'elle s'engage à compenser «les perdants» en leur reversant les gains effectués sur les coûts de gestion, a assuré Stéphane Le Foll. Concrètement, les agriculteurs dont le chiffre d'affaires est inférieur à 82 200 EUR hors taxe contre 76 300 EUR jusqu'à présent, seront assujettis à ce nouveau régime à partir de 2015. A la différence des autres régimes «micro» BIC ou BNC, il n'exclura pas l'assujettissement TVA. Pour les Gaec ce plafond est multiplié par le nombre d'associés dans la limite de trois. La réforme montera progressivement en puissance sur quatre ans et sera entièrement applicable en 2018. Concrètement, l'impôt 2016 sera calculé à partir d'une moyenne des forfaits 2013 et 2014 et recettes 2015 selon le nouveau régime micro pour le calcul du revenu. En 2017, seront retenus le forfait 2014 et le régime micro-entreprise de 2015 et 2016. Finalement, le nouveau dispositif entrera en régime de croisière à partir de 2018. Un système de moyenne triennale optionnel sera institué afin de tenir compte de la volatilité. A noter que les agriculteurs qui seront éligibles au nouveau régime de micro entreprise bénéficieront d'un abattement représentatif des charges de 87% sur leur chiffre d'affaires sans distinction entre les productions.
Gestion des risques et volatilité
Deuxième avancée importante, celle concernant la gestion des risques pour faire face aux évènements climatiques, sanitaires et économiques exceptionnels. Elle concerne la Dotation pour aléas (DPA) pour les formes sociétaires (Gaec et EARL). Désormais, la transparence des Gaec et de la particularité des EARL seront prises en compte dans l'appréciation du plafond global de déduction (DPI et DPA) de 150 000EUR. Ce plafond serait multiplié par le nombre d'associés dans la limite de trois. En outre, celle-ci pourra être débloquée jusqu'à un an après l'aléa contre six mois jusqu'à présent. Enfin en cas d'absence totale de risques subis et donc de non utilisation pendant les sept ans, le taux des intérêts «de retard» jusqu'ici de 4,8% par an sera remplacé par le taux d'intérêt légal moins élevé. (0,04% pour 2014). Enfin, Stéphane Le Foll a confirmé l'annonce qu'il avait faite au Space sur la méthanisation. Les nouvelles installations créées à partir du 1er janvier 2015 bénéficieront d'une exonération de plein droit de la taxe sur le foncier bâti et de la contribution foncière des entreprises pour cinq ans à condition que les unités de méthanisation soient qualifiées d'agricoles. Cette éventuelle exonération qui relevait des communes sera désormais obligatoire. Avant d'entrer en vigueur, ces différentes mesures devront être adoptées par le Parlement. Le ministre de l'Agriculture a indiqué qu'elles seront introduites dans la loi de Finances 2015 qui sera discutée cet automne ou dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2014.