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Face aux nouveaux défis, de nouvelles réponses

Le premier forum international de l’alimentation et de la distribution responsables se tenait à Orléans. Objectif : face aux nouveaux défis, trouver de nouvelles réponses.

Franck Riboud, président du groupe Danone : « Sans profit, il n'y aura ni investissement ni développement social. »
Franck Riboud, président du groupe Danone : « Sans profit, il n'y aura ni investissement ni développement social. »
© Olivier Joly

«Le défi alimentaire sera l’une des grandes causes des prochaines années » : c’est en ces termes que Xavier Beulin, président d’Open Agrifood, a ouvert le forum, le jeudi 20 novembre au théâtre d’Orléans. Autre défi soulevé par l’orateur : l’accès à l’eau et aux moyens de production. «Des réflexions sont à mener.» Et les sujets ne manquent pas : questions sociales, territoriales, environnementales, technologiques et sanitaires. «Il faut faire preuve d’imagination» a indiqué l’orateur, invitant au «partage d’expériences». Président du comité d’éthique, Philippe Vasseur eut cette réflexion : «On défend une activité économique mais aussi une forme de diversité : il n’y a pas un modèle mais des modèles. Il faut accepter la diversité et être prêt au dialogue. Dans le respect mutuel. Hélas, en France, on préfère s’affronter que se confronter. Notre société a besoin d’un nouveau dialogue.»

 

Alors que dans quelques années notre planète comptera neuf milliards d’habitants, «le terme de révolution alimentaire mondiale n’est pas excessif» a déclaré François Bonneau, président du conseil régional. «Un modèle est à réinventer. Il faut s’interroger sur la relation entre la production et l’environnement et créer un nouveau rapport entre la science et le plaisir de consommer. Nul ne peut avoir la solution à lui tout seul. Le but de ce forum est de faire progresser la réflexion et d’apporter des solutions.» Comment rendre l’agriculture durable ? C’était l’une des questions de la matinée. Producteur de riz au Japon, Takao Furuno a apporté son éclairage : «L’enjeu est de faire cohabiter l’agriculture avec la communauté humaine et les générations futures. Et une production bio ne signifie en aucun cas une petite production !»

 

5 % du lait français

«Le double projet», social et économique : c’est le défi de Danone, tel que l’a expliqué Franck Riboud, président du groupe. «Selon le cas et la période, le balancier penche d’un côté ou de l’autre mais cela ne change rien aux valeurs avec lesquelles vous voulez vivre.» Question : comment concilier les deux aspects ? Réponse de l’orateur : «Il faut avoir les deux. Une entreprise doit faire des profits. La véritable interrogation est la suivante : que fera-t-elle de ses profits ? Sans eux, il n’y aura ni investissement ni développement social. Le double projet est une démarche managériale qui a un avantage compétitif.»

 

Le dirigeant a poursuivi en ces termes : «Toute la jeunesse croit en ce type de démarche qui ne consiste pas qu’à octroyer des bonus mais aussi à donner du sens. Et faire les bons choix sur les hommes constitue un combat permanent car ce sont eux qui vont porter ces valeurs.»
Danone collecte 5% du lait français. «Ce qui nous gêne, ce n’est pas son prix mais la volatilité des cours. Contractualiser apporte une visibilité à long terme. (…) Nous travaillons avec du lait liquide mais notre puissance d’achat ne doit pas écraser les producteurs. Cependant, se pose la question de la taille des exploitations. Je ne suis pas convaincu qu’il faille supprimer les plus petites mais une organisation est à trouver. Nous avons besoin d’un amont durable et solide.»

Aux Philippines, la production de café est surtout une affaire de femmes. Pacita Juan a fondé Echostore, réseau de distribution reposant sur le concept de commerce équitable.  «La production de café a supplanté la vente des armes : le système est vecteur de paix» a déclaré la dirigeante. Le mode d’organisation mis en place a permis aux familles de gagner 200 € par mois. «Une somme énorme chez nous !»

L’emploi de handicapés

Le recours aux ingrédients locaux et de saison, l’exclusion de tout additif et la préférence donnée aux produits issus du commerce équitable (café, sucre de canne, bananes, etc.) : c’est le concept de restauration d’Exki, fondé par le Belge Nicolas Steisel. «La responsabilité sociétale des entreprises, ce n’est pas du marketing !» a martelé le dirigeant. Souvent, le concept est assimilé à un doux rêve ou un mensonge. «Aucun de ces schémas n’est bon pour l’entreprise. Pourtant, est-ce un doux rêve que de vouloir préserver la planète, même quand on est une PME ?»

L’entité, qui emploie un millier de personnes, a mis en place un programme de formation et a embauché des handicapés, notamment quatorze sourds.
«Ces personnes ont des atouts différents et leur intégration crée un sentiment de solidarité au sein de nos équipes.» Nicolas Steisel a ajouté : «Le seul avantage concurrentiel d’une entreprise comme la nôtre repose sur la marque : qualité, notoriété et sens. Ce dernier est la clé du succès : cela permet au salarié d’offrir une meilleure qualité de travail et de service. Ce qui aura un impact sur l’image de l’entreprise. C’est via le personnel que la culture de l’entreprise est transmise aux clients. Une entreprise appartient à ses salariés et non l’inverse.» Et Exki entend persévérer dans cette voie de la responsabilité sociale et environnementale !

Industries agroalimentaires : le développement du marché français repose sur l’effet-prix

Ce jeudi 20 novembre, au cours d’un grand angle consacré à la rentabilité tout au long de la chaîne alimentaire, le Crédit agricole présentait la deuxième édition de son Observatoire financier des industries agroalimentaires. Le chiffre d’affaires de ces dernières augmente de 5% en 2013, sous l’effet principalement de la fermeté des prix agricoles : la filière métiers du grain compte pour moitié dans cette progression. Des perturbations climatiques ont également soutenu les prix dans les filières fruits, légumes et vins. Le prix du lait s’est quant à lui revalorisé, tiré par une forte demande mondiale. Le développement du marché français repose essentiellement sur l’effet-prix. À l’international, la dynamique s’est ralentie en 2013. Le pourcentage du chiffre d’affaires réalisé à l’international perd 0,6 point (35,5% en 2013 contre 36,1% en 2012), après plusieurs années de progression continue. Cela met en évidence le recul de la filière vins.

Un tassement des taux de marge brute

En 2013, les marges des industries agroalimentaires n’ont pas suivi l’évolution du chiffre d’affaires : le tassement des taux de marge brute et de valeur ajoutée s’est poursuivi dans la quasi-totalité des métiers. En trois ans, le taux de valeur ajoutée a perdu un point. La modération des coûts de personnel (incluant le CICE) et des frais financiers (majoritairement liés au financement du stockage, notamment en grain et vins) aboutit néanmoins à une évolution positive de la capacité d’autofinancement (+ 1,5 %). Elle correspond cependant à une détérioration lente mais continue de la rentabilité des industries agroalimentaires.  Les filières industrielles agroalimentaires ont ralenti leurs investissements en 2013 : les immobilisations corporelles ont augmenté de 2,5% (contre 6% en 2012) et le taux d’amortissement de l’outil de production s’est légèrement détérioré. Quelques métiers (champagne et lait) maintiennent toutefois des politiques volontaristes. La plupart des industries agroalimentaires disposent d’une structure financière correcte qui leur permet de faire face aux exigences de leur métier (notamment le stockage) : le ratio moyen de capitalisation (fonds propres/bilan) s’élève à 41,5%.

Un endettement bancaire raisonnable

Du fait de la faiblesse des investissements et d’un besoin en fonds de roulement en amélioration, l’endettement bancaire reste raisonnable (30 % du total bilan) et correspond à 3,5 années de rentabilité d’exploitation. À l’exception des viandes, des fruits et des légumes, le risque financier des industries agroalimentaires s’est amélioré. Le nombre d’entreprises et leurs déficits cumulés baissent et 11% seulement des entreprises présentent un risque fort.

Zoom sur la …. La place des jeunes et l’innovation

Sur les deux jours, des centaines étudiants se sont également donné rendez-vous pour suivre les débats et participer à un programme spécifiquement élaboré pour eux : job dating, rencontres et échanges avec des professionnels. Le concours jeunes a proposé à ces derniers de présenter des projets innovants. 12 projets ont été présentés. Le concours a été remporté par MFR Tours Val de Loire. Le 2ème prix a été remis au lycée la Mouillère et le 3ème à MFR Gien. L’Agora de l’innovation a reçu 23 exposants (pôles de compétitivité, laboratoires de recherche et associations) qui ont présenté au public des projets innovants dans le domaine de l’alimentation.

Un premier bilan de cette 1ère édition à l’issue des 2 jours

Alain Berger, commissaire à l’exposition universelle 2015, souhaite que l’on réponde aux défis alimentaires mondiaux. Il estime qu’il ne faut pas opposer défis environnementaux et défis économiques. Emmanuel Vasseneix, Vice-président de l’Open agrifood Orléans, a rappelé les objectifs majeurs de ces deux jours : le rapprochement nécessaire de tous les acteurs et l’obtention de résultats concrets. Il a annoncé le thème de la 2ème édition du Forum qui sera organisée les 25 et 26 et novembre 2015 : « A table citoyen ! ». Open agrifood Orléans placera le consommateur (le citoyen) au cœur de cette édition : que veut-on laisser à nos enfants, quelles seront les nouvelles pratiques émergeantes ?...
Le consommateur est acteur de ses choix et décisions : chacun a un rôle à jouer. Tristram Stuart, représentant la lutte anti-gaspillage, a exprimé une situation de non-sens et incite à améliorer la prise de conscience pour que cesse ce gaspillage alimentaire.
Christian Saguez a annoncé la vallée du numérique du végétal sur Orléans. Ce sera la référence pour les technologies numériques du végétal. Un campus sera mis en place.

 

Les pistes à mettre à œuvre pour le plan Agrifood 2030. Capucine Laurent et Maximilien Rouer, Greenflex, ont présenté les grandes lignes du plan Agrifood 2030.

Il existe 4 causes de déclinaison de l’agroalimentaire :

• les freins administratifs et règlementaires nationaux, distorsions internationales

• le retard de compétitivité des outils de production et de transformation

• l’inadéquation entre l’offre française et la demande interne et internationale

• le manque de cohésion et de leadership au sein de certaines filières. 
4 axes d’action ont été soulignés après avoir interviewé des acteurs de la chaîne de l’agroalimentaire : l’environnement, le culturel, le social et le sociétal.

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