Equimeth, une unité de méthanisation mixte
L’unité de méthanisation Equimeth à Moret-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne) valorise des déchets alimentaires, du fumier équin et des poussières de céréales produits à proximité.
L’unité de méthanisation Equimeth à Moret-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne) valorise des déchets alimentaires, du fumier équin et des poussières de céréales produits à proximité.
Les derniers mois sont marqués par une crise inédite du secteur de l’énergie en France. Les conséquences de la guerre en Ukraine remettent le sujet des alternatives énergétiques au cœur des enjeux de l’indépendance énergétique. Le biogaz présente un potentiel de développement important pour rééquilibrer le mix énergétique français. Il connaît d’ailleurs un développement sans précédent selon l’association française du gaz. Exemple avec Equimeth à Moret-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne), en fonction depuis plus d’un an.
CVE, groupe axé sur la production d’énergie renouvelable, a repris en 2017 un projet de méthanisation visant à traiter uniquement du fumier équin, d’où le nom de l'unité. Mais ce sous-produit nécessite d’être traité thermiquement et consomme une quantité importante d’eau, un non sens écologique. Le projet a donc été revu.
Aujourd’hui, l’unité Equimeth fonctionne avec 2 000 tonnes de fumier par an, 2 000 tonnes de poussières de céréales et 10 000 tonnes de restes alimentaires préparés dans des usines de traitement.
Un comité de suivi avec l’équipe municipale, qui l’exploite, des partenaires (comme le Smitom et Eaux de Paris, le Département, la Région…) et des riverains de cette unité sortie de terre en 2020 a été constitué. Il permet de répondre aux problématiques, de faire le lien avec l’exploitant et d’avoir un discours apaisé.
10 emplois créés
Ce méthaniseur, à fort ancrage territorial, alimente six communes en favorisant un circuit court, tant pour les intrants que pour l’épandage du digestat. Il couvre environ 15 % des besoins de ces communes, mobilités urbaines et industries comprises. De plus, le biométhane, en rendant service aux territoires (emplois, déchets), apporte des externalités positives à intégrer au coût du gaz. Trois emplois directs et sept indirects ont ainsi été créés.
Les intrants utilisés, explique le directeur de CVE Biogaz, Arnaud Bossis, sont conservés différemment selon leur type. Les matières végétales, issues du silo In-Vivo voisin, sont stockées en extérieur. Les matières animales sont abritées dans un bâtiment à air aspiré, pour éviter les odeurs. Elles doivent être broyées et traitées thermiquement pour tuer les pathogènes. D’ailleurs, l’agrément sanitaire du site impose certains protocoles comme des circuits d’écoulement des jus différents. À l’extérieur, trois cuves, dont deux chauffées, permettent de stocker les intrants liquides (graisses par exemple).
80 % des matières sont digérées dans la première cuve du méthaniseur. Les 20 % restants vont dans le post-digesteur pour achever leur dégradation. La fraction liquide du digestat est évacuée dans une cuve couverte qui remplace la lagune.
Une traçabilité complète
Concernant l’épandage, un accord est pris afin de ne pas épandre à proximité des habitations et d’éviter la traversée des communes par les camions. Un seul prestataire réalise les deux phases d’épandage annuel sur 1 000 à 1 500 hectares en fonction des matières utilisées (teneurs variables en soufre, phosphore). La balance d’entrée et de sortie, où se présentent environ cinq camions par jour sauf en période d’épandage (25 000 tonnes d’engrais à sortir en six-huit semaines), permet une traçabilité complète. Vingt exploitants agricoles sont associés au plan d’épandage, le site évitant ainsi la consommation de 300 tonnes d’engrais par an et la production de 500 tonnes de CO2 par an (bilan qui inclut le rejet).
Toutes les eaux (y compris de pluie) sont récupérées et rejetées. Les autres servent à alimenter le process, le site fonctionne ainsi en autarcie pour l’eau.
La création de ce site a nécessité un investissement de 12 millions d’euros (85 % par CVE et 15 % par SEM Île-de-France énergie).
Si le biogaz n’a pas vocation à couvrir tous les besoins, avec l’obligation pour les ménages de trier leurs biodéchets alimentaires à compter du 1er janvier 2024, un immense levier va apparaître.